Dans les pays de l’Union Européenne (UE28), on constate de grands écarts sur la situation des personnes avec un handicap. En décembre 2014, la Commission sur l’égalité et la non-discrimination du Conseil de l’Europe indique qu’il y a plus de 80 millions de personnes avec un handicap en Europe. En France, elles seraient 9,5 millions entre 15 ans et 64 ans (selon l’INSEE).
Dans cet article nous allons vous présenter certaines différences qui existent entre les pays européens concernant le handicap.
Le handicap et la scolarité :
Malgré le même objectif d’inclusion scolaire, il existe des réalités contrastées entre les pays de l’Union Européenne. Concernant la scolarité il y a des différences au niveau de la place accordée aux écoles ou aux classes spéciales dans la scolarisation des enfants avec un handicap. Trois catégories de pays peuvent être identifiées :
- Les pays dont la quasi-totalité des élèves sont scolarisés en école ordinaire. On trouve à la fois des pays du Nord comme la Suède, la Norvège ou l’Islande et aussi des pays du Sud comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal.
- Les pays où les écoles ou les classes spéciales sont très développées comme la Belgique, l’Allemagne, les Pays Bas, la République Tchèque ou la Hongrie.
- Les pays intermédiaires où on retrouve la France, le Royaume-Uni et la Pologne qui combinent les deux systèmes.
Concernant la formation aux besoins éducatifs particuliers, le Royaume-Unis, l’Italie et la France ont développé des métiers d’appuis aux enseignants en matière de scolarisation des enfants avec un handicap. Cependant, on constate des différences au niveau de la formation :
- Au Royaume-Uni les personnels de soutien existent depuis longtemps. Un tiers de ces personnels est constitué « d’assistants d’enseignement »
- En Italie, les personnels d’appuis sont de véritables enseignants ayant suivi une formation spécialisée. Ces professionnels permettent ainsi d’assurer la scolarisation de l’ensemble des enfants avec un handicap en classe ordinaire.
- La France et la Belgique se caractérisent par un niveau de qualification faible et une absence de formation spécifique. Cependant, avec les nouvelles lois cela devraient évoluer.
Depuis plus de 40 ans c’est l’Italie et la Suède qui sont les pays européens qui détiennent la palme d’or en matière d’inclusion éducative. Leur système étant basé sur l’inclusion des enfants avec un handicap dans des classes exclusivement ordinaires.
En France on constate un retard considérable dans l’inclusion scolaire pour les enfants avec autisme. Alors qu’en Italie tous les enfants avec autisme sont scolarisés dans une classe ordinaire, ils sont à peine 20 % en France. Dans les différents pays européens il existe des modes de prise en charge diversifiés. En Espagne par exemple des spécialistes déterminent quel type de scolarisation est le mieux adapté. En Grande-Bretagne les parents peuvent également choisir entre différents modes de scolarisation. En Suède tous les enfants doivent être scolarisés à partir de 6 ans. L’absence d’insertion sociale est considérée comme une « maltraitance » et une atteinte aux droits civiques.
De nouvelles difficultés se posent auprès des jeunes personnes avec handicap lors de leur passage aux études supérieures et lors de la recherche d’emploi. Une réalité que l’on retrouve d’ailleurs dans tous les pays européens !
Le handicap et l’accessibilité :
Passons maintenant au thème de l’accessibilité. On constate là encore des disparités entre les différents pays européens et villes européennes. Alors qu’en France le délai pour rendre l’ensemble des lieux publics et transports accessibles a été allongé, on constate une nette avance chez certains de nos voisins européens. Les pays du Nord de l’Europe sont notamment très actifs en matière de politique d’accessibilité.
Pour savoir les villes les plus accessibles, vous pouvez vous fixer sur le prix européen de l’Access City Award qui récompense les villes les plus accessibles en Europe. En 2016, Le top 3 des villes était le suivant:
- Milan en Italie qui a fait de gros effort avec l’exposition universelle
- Wiesbaden en Allemagne
- Toulouse en France
On peut noter que les pays du Nord (Finlande, Suède…) ont fait également de très gros efforts en matière d’accessibilité et ce sont retrouvées plusieurs fois dans ce classement. Dans ces pays-là, « l’accessibilité n’est pas vue comme une contrainte supplémentaire mais comme une obligation que les pouvoirs publics doivent à la société et comme un bénéfice pour tout le monde » selon Pascale Ribes, vice-présidente de l’Association des Paralysés de France. Cependant, certaines villes françaises mènent des politiques d’accessibilité actives comme Grenoble ou encore Nantes.
Certains pays ont fait de réels efforts et différents exemples de réussites peuvent être cités :
- Lund, en Suède a réussi à allier accessibilité et conservation du patrimoine en implantant des bandes pour fauteuils roulants sur les rues pavées.
- A Londres, les anciens bus ont été remplacés par des véhicules à étage modernes disposant d’un système de plancher surbaissé.
- En Hollande, quasiment 100% des quais du métro et des gares sont accessibles aux personnes atteint d’un handicap.
- A Malaga, en Espagne, près de 65% des arrêts de bus de la ville sont accessibles à 100% pour les personnes avec un handicap. La plupart des bus sont équipés de panneaux à diodes avec annonces vocales. On y trouve des informations en braille ou sous la forme de pictogrammes pour les malvoyants.
Cependant, certaines difficultés restent communes à l’ensemble des pays comme la prise en compte du handicap autre que moteur et visuel dans l’accessibilité comme le handicap mental, cognitif… Cependant l’accessibilité cognitive est tout aussi importante. La mise en accessibilité des monuments historiques est également une problématique pour beaucoup de villes selon une étude du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement.)
En France, beaucoup de travail reste à faire au niveau de l’accessibilité. En effet, dans de nombreuses villes les personnes en fauteuil ne peuvent pas monter dans les bus. Le trottoir étant trop bas et la plateforme du bus n’étant pas à niveau. On peut également citer les métros parisien et marseillais qui ne sont absolument pas accessibles ; il n’y a ni ascenseurs et peu d’escalators qui mènent vers les quais du métro.
Le handicap et l’emploi :
Concernant l’emploi et le handicap là encore des disparités existent. En 2011, selon www.europa.eu/ le taux d’emploi des personnes avec handicap varie, ainsi :
- En suède le taux d’emploi des personnes avec handicap est de 66,2%
- Il est à plus de 60% au Luxembourg, en Autriche, en Finlande
- Il est à 23,7% en Hongrie et 29,8% en Irlande ce qui représentent les plus bas taux d’emploi
La France reste bonne élève dans le taux d’emploi des personnes avec handicap. En effet, le taux est de 56,2% ce qui est largement supérieur à la moyenne européenne.
Nos sources :
Handicap : la France, mauvais élève au sein de la classe Européenne
http://informations.handicap.fr/art-scolarite-enfants-handicapes-24-5637.php
http://www.ciep.fr/sites/default/files/migration/dossierdoc/docs/synthese-documentaire-scolarisation-eleves-situation-handicap-en-europe.pdf
http://fr.myeurop.info/2012/04/02/autisme-la-france-contre-exemple-en-europe-5063
http://www.clesdusocial.com/les-personnes-handicapees-en-europe-bilan