A l’occasion de la journée européenne de la psychomotricité le 19 septembre, Hop’Toys met à l’honneur cette profession par le biais du collectif « Communic’Actif des Psychomotriciens ». Pour ce 4ème rendez-vous, Marie-Diane et Lucile nous parlent de la dysgraphie.
Définition de la dysgraphie
La dysgraphie est un trouble fonctionnel affectant le geste graphique, avec un retentissement sur l’aspect formel et/ou sur la vitesse d’exécution de l’écriture qui s’avère généralement particulièrement coûteuse. Ce trouble ne peut être diagnostiqué qu’à partir de 7 à 8 ans, âge auquel le graphisme est censé s’automatiser (soit après un an d’apprentissage), mais des signes d’alerte peuvent être observés bien avant, et conduire à une consultation en psychomotricité.
Quels sont les objectifs d’un bilan psychomoteur ?
Ce bilan, toujours réalisé sur prescription médicale, permet de :
- Recueillir un ensemble de signes cliniques qui vont permettre au neuropédiatre de confirmer la dysgraphie, et surtout qui vont participer à déterminer son origine (Trouble d’Acquisition des Coordinations, Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité, Haut Potentiel Intellectuel, Trouble du Spectre Autistique, fragilité psycho-affective, simple retard d’acquisition…),
- Identifier les compétences ressources de l’enfant pour aider au dépassement ou à la compensation du trouble,
- Élaborer un projet thérapeutique personnalisé et choisir les outils de rééducation les mieux adaptés au profil du patient,
- Proposer des aménagements pédagogiques en classe (tiers-temps, adaptation des supports…) et des activités ciblées qui peuvent être reprises à la maison (partenariat avec la famille/guidance parentale).
Quelles sont les spécificités du bilan psychomoteur-graphomoteur ?
L’écriture est une activité complexe qui demande l’intégration de nombreux prérequis psychomoteurs. Le bilan psychomoteur, qui inclut l’examen graphomoteur, comporte ainsi une analyse qualitative (gestion du stress, capacité d’adaptation, investissement corporel et estime de soi), et une analyse quantitative qui évalue, au moyen de tests étalonnés (BHK, M-ABC, NP-MOT, NEPSY, Laby 5-12,…), l’ensemble de prérequis psychomoteurs qui ont une incidence sur l’écriture (schéma corporel, contrôle tonique et postural, motricité globale et motricité fine, planification et automatisation gestuelles, âge graphomoteur, organisation temporo-spatiale, latéralité oculaire/manuelle/pédestre, habiletés attentionnelles, fonctions exécutives).
En quoi consiste un suivi en psychomotricité ?
Il vise à l’acquisition d’une écriture lisible et fonctionnelle dans les tâches où l’écriture manuscrite est inévitable (remplir un chèque, rédiger une lettre de motivation manuscrite…). Deux grands axes de travail sont possibles :
- La prévention et l’éducation psychomotrice : l’éducation au geste graphique chez le jeune enfant consiste en la mise en place des repères temporo-spatiaux nécessaires à l’intégration des formes et du rythme de l’écriture, la prise de conscience du geste, l’éveil au graphisme, le travail des signes pré-scripturaux. Ce travail se fait souvent en lien avec les enseignants en maternelle.
- La rééducation et la thérapie psychomotrice : la prise en charge des troubles de l’écriture, auprès de l’enfant d’âge scolaire, se fait au moyen d’activités psycho-sensorielles (exercices de conscience corporelle, relaxation, stimulation sensorielle), perceptivo-motrices (parcours moteurs, rééducation gestuelle ciblée, techniques sportives…), expressives (danse, théâtre, mime), et de méthodes de remédiation cognitive (méthode CO-OP, Stop And Go, cartes mentales).
Le suivi en psychomotricité peut se faire en partenariat avec les autres professionnels de santé. Ainsi, une lenteur persistante, un trouble du langage écrit associé, ou la présence de troubles neurovisuels peuvent conduire à la mise en place de l’outil informatique (accompagnée par un ergothérapeute), et de rééducations orthophonique et orthoptique.
Que faire pour aider mon enfant au quotidien?
A l’école :
- Limiter la tâche écrite (fournir des photocopies pour les leçons les plus longues, ne pas faire copier les consignes, favoriser l’oral ou les exercices à trous pour les exercices/évaluations…),
- Utiliser un papier avec des lignes contrastées, voire des repères de couleurs,
- Utiliser des stylos ergonomiques/manchons d’écriture. (==> voir la sélection des fournitures scolaires ergonomiques de Hop’Toys).
A la maison :
Pour les devoirs, il est préférable là aussi de favoriser l’oral ou la dictée de l’adulte. L’utilisation d’une ardoise peut également être moins anxiogène et plus ludique. Lorsque des troubles graphomoteurs sont présents, multiplier les lignes d’écriture s’avère bien souvent peu efficace et source de tensions entre un enfant et ses parents. Lui proposer des activités ludiques ciblées est alors plus adapté pour lui permettre de développer les bases nécessaires à l’acquisition d’une écriture plus fonctionnelle :
- Renforcer la connaissance des parties du corps qui interviennent dans l’écriture pour mieux les maîtriser. Quelques exemples : faire rouler une balle sur son corps et en insistant sur les articulations des bras et sur les mains, tracer le contour de sa main avec un feutre, laisser ses empreintes dans de la pâte à sel…
- Affiner ses sensations tactiles en malaxant différentes balles sensorielles, en essayant de reconnaître les yeux fermés différentes formes/objets, en faisant des lotos tactiles… (==> Voir la sélection de balles sensorielles ici)
- Développer sa motricité globale/ses coordinations et affiner sa posture, par exemple avec du yoga (cartes Yoga disponible ici), des sorties dans les parcs avec structures de jeux, jeux de ballon, etc.
- Mieux maîtriser ses gestes fins en faisant des jeux d’adresse (jeu dominos-pinces) et de motricité fine (jeu de pêche, logico-pinces, fruits à lacer, etc).
- Développer le plaisir de la trace en variant les outils et supports : peinture à doigts, pastels secs/gras, stylo vibrant, dessin sur le sable, la farine (avec les doigts ou avec un bâton…), un tableau blanc, un tableau noir…
- Aborder la formation des lettres et chiffres en passant par les 3 stades d’apprentissages :
Le niveau vécu : ressentir avec son corps propre les notions de tailles/proportions, de direction/d’orientation, de rotation, par exemple en marchant sur de grandes boucles/ponts,etc., ou sur des chiffres/lettres/mots tracés au sol, les yeux ouverts puis fermés.
Le niveau manipulé : se décentrer des sensations vestibulaires et mettre en place des séquences motrices adaptées au niveau des membres supérieurs. Exemple : sur la même ligne de formes tracées au sol, faire rouler une balle, mais en gardant le corps face à la ligne.
Le niveau représenté : visualiser mentalement et reproduire les formes (d’écriture, mais pas seulement), par exemple en les traçant avec un foulard, un ruban de GRS, dans le dos d’un partenaire pour les lui faire deviner.
Merci à Marie-Diane FAZILLEAU et Lucile COL, psychomotriciennes D.E. et membres du Collectif Communic’actif des Psychomotriciens.
Super blog !