^{Article créé le 3 février 2016, mis à jour le 19 septembre 2019}

Nous avions déjà abordé sur le blog les pédagogies actives et alternatives, notamment la pédagogie Reggio. Celle-ci repose sur le principe que les enfants ont une motivation et une capacité extraordinaire d’apprentissage de toutes choses : en leur offrant un espace d’exploration riche en ressources, lieux et moyens, les enfants explorent et découvrent, apprennent et pratiquent, que ce soit en fonction de leur personnalité ou tempérament, désir ou humeur.

Charlotte Marécaux, dit Charlie, co-auteure du blog Mamandala et Petit Chou, nous livre ici les secrets pour emménager un espace de création et de découverte selon l’approche éducative Reggio Emilia.

La philosophie reggiane repose sur 3 grands principes :

• Le droit des enfants à être écouté, à s’exprimer, à participer, à être intégré sans distinction,
• Ce qui fait l’enfant avec tous ses potentiels, son expérience, sa créativité, sa recherche de sens,
• Les « 100 langages de l’enfant » autrement dit, les diverses possibilités que peut avoir l’enfant de s’exprimer.

Pour communiquer, les enfants utilisent classiquement le langage classique, le graphisme, mais ils font aussi appel à leur corps, aux sons, aux symboles… Dans cette optique, l’environnement considéré comme le 3ème enseignant est un langage à part entière, organisé de façon à pouvoir observer, penser, échanger, construire. Et cet environnement doit être riche, chaleureux, soigné, esthétique, et accueillant. Reggio est une pédagogie de projet et une pédagogie scolaire, mais comme toutes les pédagogies actives, elle fait écho chez beaucoup de parents qui ont envie d’en appliquer certains principes à la maison.

Voici donc quelques pistes pour créer une ambiance reggiane chez soi !

1. Organiser l’espace

En définissant des zones de jeu en fonction de la place disponible, des circulations et de la lumière, on permet à l’enfant de s’organiser mentalement et de libérer son potentiel.

On peut ainsi mettre en place un espace de construction dans lequel on trouvera toutes sortes de loose parts (autrement dit des « petits rien », petits trésors accumulés comme des coquillages, branches et galets…) et autres éléments plus classiques, un espace bibliothèque dans un coin lumineux et confortable, un espace dédié aux expérimentations en tout genre ou l’on peut salir sans problème, un mini-atelier, un coin imitation et dans un autre endroit les jeux plus « traditionnels ».

Il est important de trouver le bon endroit pour la bonne activité. Une table lumineuse placée dans un petit coin sera peut-être boudée, alors que placée de l’autre côté du salon, l’enfant s’y sentira plus à l’aise.  Il ne faut donc pas hésiter à « tester » l’environnement.

2. Ne pas surcharger

C’est parfois bien difficile, on se laisse envahir par tous les jeux même ceux qui n’intéressent plus, la bibliothèque est tellement pleine que l’enfant ne sait plus quoi lire, ou s’ennuie… Et pourtant le vide est bon, il stimule l’envie, la créativité et l’organisation de la pensée.

Pour ne pas encombrer nos étagères, la rotation est le meilleur outil. En fonction de l’intérêt du moment, on va sélectionner quelques livres, quelques jeux, quelques looses parts et mettre les autres de côté tout en gardant une certaine diversité à disposition.  Les objets en attente peuvent être mis dans des boites, des sacs, ou dans une autre pièce, pour une semaine, deux semaines….en fonction de la quantité d’objets.

3. Soigner la déco

Quoi qu’on en pense, l’esthétique est très importante même pour les enfants. On va donc penser le choix des couleurs pour les murs et le mobilier, vives mais naturelles.  Pour les matériaux, on se tourne vers des choses naturelles, sensorielles, texturées comme le bois, le rotin, l’osier qui éveillent tous les sens et ouvrent aussi l’esprit. On pense aussi transparence, pour faciliter l’accès et la visibilité. Les loose parts peuvent être stockés dans des bocaux, on peut jouer avec la lumière en accrochant des boules ou des prismes en verre. Et on n’oublie pas le monde végétal !  Les beaux objets suscitent l’engagement, et les connections.

4. Utiliser les murs

Dans les écoles Reggio, on aime afficher, exposer, communiquer, documenter. La documentation ne concerne pas uniquement les réalisations de l’enfant mais  on peut chez soi, dédier un pan de mur à l’affichage. On pourra exposer à la vue de toute la famille et de l’enfant l’avancée de ses projets  (photos, croquis, maquette…) et ses réalisations. L’exposition de ses projets lui permettra avec notre soutien, d’aller plus loin que le produit fini, de donner d’avantage de sens, et d’améliorer sa technique.

5. Créer un mini-atelier

L’atelier est primordial dans la conception reggiane.  Il est le lieu d’expression par excellence grâce auquel l’enfant va pouvoir expérimenter, acquérir des techniques et s’exprimer. Dans ses écoles, cela se fait avec un « atelierista », un artiste.  Nous ne le sommes pas tous, mais en mettant à disposition de nos enfants différents médiums, de la classique peinture au multimédia, nous leur permettons d’expérimenter, de construire leur apprentissage et de trouver leur langage. Pour ça, on va faire en sorte de leur mettre le maximum de matériel que l’on puisse et bien sur du matériel de qualité. Le matériel est au service de la créativité et non l’inverse. Si la mine du crayon casse sans cesse, l’enfant va vite se détourner ou abandonner. Il n’est pas question non plus de dépenser des fortunes en matériel de beaux-arts mais de prendre des objets adaptés.

6. Jouer avec les miroirs

En fait ce n’est pas tant le miroir, que notre façon de regarder le miroir qui compte! Dans les écoles, on en trouve partout. C’est le symbole (avec les loose parts) de la philosophie Reggio.

Dans un miroir, on observe son reflet, les reflets des autres, des objets. On apprend à regarder, à se regarder et à construire son identité. Le miroir est aussi un objet magique qui inverse les images, modifie les échelles, se jouent des perspectives. Il ouvre le champ des possibles et des réflexions. On peut accrocher des miroirs au mur, au plafond, en suspendre, en mettre au sol, de toutes les tailles, toutes les formes, en acrylique ou en verre et  jouer dessus avec de l’eau, de la peinture, des objets, son corps.

7. Et dehors ?

En Reggio, tout est échange et communication, l’extérieur ne déroge pas. Le dedans doit pouvoir sortir et inversement. Que ce soit une cour ou un jardin, grand ou minuscule on peut également y prévoir quelques installations. Comme pour l’intérieur, on veille à l’organisation des espaces avec la possibilité d’utiliser des matériaux différents : des planches, des branches, des pierres polies ou brutes, de toutes formes, de toutes couleurs. On peut créer des espaces végétalisés, avec des plantes  à sentir, à toucher. Imaginer un atelier végétal avec des plantes qui font du bruit, de l’eau, des écorces. Tout ce qui suscite de l’émotion !

Mais un espace reggio n’est pas reggio sans… nous ! L’enfant n’est pas seul dans cet espace mais il n’est pas non plus guidé : il est suivit. L’enfant cherche du sens, l’éducateur recherche, s’ouvre pour répondre aux enfants. Dans cet espace, notre rôle et de réunir les conditions optimales et de les encourager, d’observer  et de rebondir parfois par des provocations, par des propositions de projet  sans intervenir sans chercher à obtenir comme objectif un produit fini.

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Charlie, du blog en binôme Mamandala et Petit Chou, possède une grande culture tout en étant de celles qui n’imitent pas mais qui (ré)inventent. Avec une scie, une machine à coudre, un sécateur ou une casserole, c’est la maman des bonnes idées en tout genre. Paysagiste de métier, la nature et plus particulièrement le jardin est son domaine de prédilection, mais c’est aussi une personne dotée d’un sens de l’esthétique très sûr qui a fait ses armes dans le monde de l’art.

C’est également la scientifique du binôme : celle qui creuse ses sujets à fond et qui garde toujours une perspective pédagogique dans ses propositions de maman. Maman solo sur le chemin de la bienveillance, elle propose également des ateliers parents-enfants pour se reconnecter avec la nature et pour se faire la main avec la cuisine du « sans », pour les végétaliens et allergiques.

Le blog : Mamandala et Petit Chou

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