Il n’est pas rare de voir la gentillesse être traitée comme une preuve de faiblesse, voire un défaut. Comme si, en faisant preuve de gentillesse, on devenait subitement un paillasson sur lequel les autres s’essuient allègrement les pieds. Pourtant, ses synonymes sont plus que flatteurs : bonté, bienveillance, délicatesse, amabilité… Alors, dans ce billet, nous rendons à la gentillesse ses lettres de noblesse. En quoi est-elle essentielle à notre société ? On mène l’enquête !
The kindest person in the room is often the smartest.
Qu’est-ce que ça signifie « être gentil » ?
Souvent, on vient associer la gentillesse à de la naïveté ou de la faiblesse. De la « niaiserie », même. On a peur du jugement, d’être mal perçu, que notre gentillesse n’ait aucun effet (pas dans le sens d’opportunisme). Ça fait beaucoup de biais et de réflexions négatifs, même pour des épaules costaudes !
Commençons déjà par comprendre ce que être gentil veut dire. Pour cela, on a regardé du côté d’une enquête1 menée par John-Tyler Binfet, professeur agrégé à The University of British Columbia. Selon celle-ci, la gentillesse signifie, dans l’ordre : aider, faire preuve de respect et encourager ou défendre. Ces réponses se basent sur une étude menée auprès de 1753 élèves de la fin du primaire au début du secondaire.
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La gentillesse, ça sert à quoi ?
Vous vous doutez bien que la science a étudié la gentillesse, son rôle et ses effets. Voici quelques études qui prouvent ses bienfaits !
Un tour (non-exhaustif) des études sur la gentillesse
Les actes de bonté envers autrui contribueraient au bien-être émotionnel, à la réduction du stress et auraient des effets positifs sur la santé mentale2. Ils affectent (positivement) notre cerveau. Par exemple, lorsque nous témoignons de la gentillesse, notre cerveau va libérer de l’ocytocine3. Une hormone connue pour réduire la tension artérielle et le stress/l’anxiété survenant lors des interactions sociales.
Les actes de gentillesse favorisent la construction de liens sociaux et renforcent les relations. Ils créent un climat social favorable, en encourageant la coopération et en diminuant les conflits. En montrant de la bienveillance, on crée un environnement où les relations sont marquées par la positivité, la solidarité et la confiance.
De plus, une étude4 suggère que s’engager dans des actions positives envers autrui pourrait atténuer les sentiments négatifs associés à une évaluation défavorable de tâches ou de soi. Elles agiraient comme un contrepoids, contribuant ainsi à la régulation émotionnelle et au bien-être.
La gratitude, un acte de bonté pour le corps et l’esprit ?
En 2003, le psychologue Robert Emmons a voulu prouver que la gratitude (ce qu’on ressent lorsqu’on est reconnaissant envers quelqu’un ou quelque chose) avait des effets concrets sur l’être humain. Il a donc mis à contribution trois groupes d’étudiants : l’un devait écrire 5 choses pour lesquelles ils étaient reconnaissants. À l’inverse, l’autre devait écrire 5 choses négatives. Le troisième groupe pouvait écrire autant de choses positives que négatives.
Résultat ? Dix semaines plus tard, le premier groupe (le groupe « positif ») témoignait un meilleur bien-être que les autres groupes ! C’est pour cela que, parfois, tenir ce qu’on appelle couramment un journal de gratitude nous aide au quotidien, car on vient se focaliser sur les « bons » aspects de notre vie, ceux qui nous apportent de la satisfaction et du plaisir.
Les cours d’empathie à l’école
Une dernière étude5 examine comment l’apprentissage social et émotionnel contribue au développement positif et à la réussite scolaire. Des interventions visant à promouvoir la gentillesse et l’empathie dans les écoles peuvent avoir des effets positifs sur le comportement et le bien-être des élèves. On peut notamment parler des cours d’empathie à l’école. Ce n’est pas un sujet récent – le Danemark les a mis en place en 2013 – mais il vient régulièrement encrer les pages des journaux. Ces cours s’engagent dans une volonté de lutter contre le harcèlement scolaire grâce à des moments de discussions, des ateliers et des outils adaptés.
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En cultivant l’empathie, on acquiert la capacité de comprendre et de partager ce que les autres ressentent. On en vient à créer des liens forts entre les personnes et à favoriser un sentiment de communauté. On touche à des perspectives différentes et variées. En fin de compte, l’empathie permet de cultiver une société valorisant l’inclusivité, le respect et la coopération.
On se devait de le rappeler…
… Soyez gentil envers vous-même ! On le sait, c’est souvent plus simple d’être gentil avec les autres qu’avec soi-même. En réalité, témoigner de la bienveillance, de la compassion envers nous-même est associé à de nombreux bienfaits. Déjà, par rapport à l’estime de soi : cela réduit les préjugés négatifs que l’on porte sur nous-mêmes. On va également être plus disposés à la gentillesse, au lien social et à la capacité à s’apaiser face au stress.
Bien sûr, cela ne veut pas dire ignorer nos erreurs et les remplacer par des jolis papillons, loin de là. C’est reconnaître nos succès et traiter nos échecs avec compassion, sans se flageller.
La gentillesse, c’est bel et bien un choix et un engagement ! Comment inculquez-vous cette qualité à vos enfants, l’abordez-vous en classe avec vos élèves ? Dites-nous tout en commentaires.
Sources :
1 John-Tyler Binfet. Ce que 3000 enfants et adolescents m’ont appris sur la gentillesse. The Conversation. 2 mai 2019.
2 Stephen G. Post. Altuism, happiness, and health: it’s good to be good. 2005.
3 Rémy C. Martin-Du Pan. L’ocytocine : hormone de l’amour, de la confiance et du lien conjugal et social. Revue médicale suisse. 2012.
4 A. M. Grant, S. Sonnentag. Doing good buffers against feeling bad: Prosocial impact compensates for negative task and self-evaluations. 2009.
5 S. M. Jones, S. M. Bouffard et al. Promoting Positive Youth Development Through School-Based Social and Emotional Learning Interventions. 2015.