À l’occasion du mois de l’autisme, chez Hop’Toys, nous avons voulu laisser la parole à des personnes concernées. Aujourd’hui, nous vous faisons découvrir le témoignage de Léa Brouet, étudiante TSA de 21 ans.
Être diagnostiquée sur le spectre de l’autisme à sa majorité peut s’avérer être un véritable changement dans une vie. C’est ce qu’a vécu Léa Brouet. Durant toute son enfance, Léa se sent différente. Elle raconte: « Les autres enfants n’avaient pas de mal à se trouver des centres d’intérêts communs, moi je n’y arrivais pas du tout. » Alors Léa commence à se poser des questions.
Mais à l’école, personne ne semble s’inquiéter. Léa explique: « J’ai toujours eu de bons résultats à l’école. Alors bien-sûr pour les professeurs, ou même proche, il n’y avait rien d’alarmant. » Comme de nombreuses femmes dans son cas, Léa a fait du « masking ». Ce qui signifie masquer sa personnalité et ses véritables ressentis pour s’adapter à la société.
Un changement d’école pas fructueux
Au lycée, Léa est victime de harcèlement de la part de ses camarades. Parce qu’elle n’arrive pas à trouver les mêmes centres d’intérêts qu’eux, et qu’elle n’arrive pas à sociabiliser avec eux. Elle raconte: « Alors que eux pouvaient sortir faire la fête tous les soirs, moi, en ayant le moins d’interactions sociales possibles, j’étais toujours très fatiguée. »
Alors elle change de lycée, espérant mettre derrière elle ces années de mise à l’écart. Mais dans son nouveau lycée, c’est la même chose. Le harcèlement continue. Alors elle commence à se poser des questions: est-ce que ça ne serait pas elle le problème?
Vers un diagnostic du spectre de l’autisme
La jeune Léa commence à se poser des questions sur elle-même. Et à l’ère d’internet, il est facile de commencer à avoir des réponses aux questions qui tournent dans notre tête. Léa commence donc à se dire que potentiellement, elle pourrait être sur le spectre de l’autisme. Très vite, elle s’oriente vers de nombreux spécialistes et le diagnostic tombe: Léa est bel et bien sur le spectre de l’autisme.
La réaction des proches de Léa
Aussi étrange que cela puisse paraître, nombreux sont les proches de Léa qui n’ont pas cru ce diagnostique. Elle explique: « Certains m’ont dit que j’avais révisé les réponses pour me faire diagnostiquer sur le spectre. Ma psychologue a dû leur expliquer que ce n’était pas un test pour lequel on pouvait réviser. » En effet, Léa se souvient des nombreuses étapes du diagnostic: elle a dû retracer sa vie depuis sa plus tendre enfance, parler de certaines habitudes avec ses parents. Bref, impossible de réviser pour ces questions.
Aujourd’hui, ses proches ont réussi à accepter ce diagnostic. « Pour certains de mes amis, cela a même expliquer de nombreux comportements que je pouvais avoir. »
Des études supérieures, est-ce compatible avec le TSA?
Même si chaque cas est différent, pour Léa, étudier à l’université avec un trouble du spectre de l’autisme, s’est avéré plus facile que prévu. Dans son témoignage, Léa Brouet, étudiante TSA peut faire questionner certaines personnes. En effet, être dans des grands amphis par centaines lui a permis de passer incognito. Elle raconte: « Quand on est aussi nombreux dans un amphi, il est plus simple d’utiliser des fidgets par exemple, pour se reconcentrer, ou juste faire autre chose si on en a besoin. » Aussi, ses années de licence se passe à merveille!
Puis vient le master, et là, les choses se compliquent… « Dans les classes de master, nous sommes en effectif réduit, un peu plus comme au lycée. » De ce fait, il est beaucoup plus difficile pour Léa de passer inaperçue. Si elle a besoin de se changer les idées ou de se reconcentrer, c’est beaucoup plus difficile de le faire sans déranger ses quelques camarades.
« Quand on est nous-mêmes, c’est plus simple de faire des rencontres! »
Dans sa nouvelle classe de master, elle parvient cependant à se faire des nouvelles amies! Malgré ses soucis pour sociabiliser et aller vers les autres, 3 filles se sont rapprochées d’elle. Léa est ravie de cette rencontre: « Elles m’aident à appréhender les situations sociales. » En effet, si cela peut sembler fou pour certaines personnes, les gens sur le spectre de l’autisme peuvent avoir de grosses difficultés à gérer des interactions anodines de la vie quotidienne.
« Lorsque j’étais en stage, il y a eu un jour où ma collègue avait son anniversaire, » raconte la jeune femme, « aussi, mes amies m’ont entraîné à dire bon anniversaire, et m’ont donné des phrases types à dire après pour continuer la conversation! »
Un combat qui ne fait que commencer!
Aujourd’hui, Léa sait qu’elle réussira à faire de grandes choses. Elle souhaite notamment devenir professeure des écoles. Mais cela reste compliqué pour elle de prouver aux autres de quoi elle est capable. Elle raconte: « Je suis dispensée de présentation orale, alors pour certains professeurs, c’est inconcevable de se dire que je pourrais un jour faire cours à des enfants. » Mais Léa n’en démord pas: il y a bien une différence entre faire une présentation devant ses camarades et faire classe à des enfants.
Alors elle continue d’y croire parce que, la plus grande richesse de l’homme c’est sa diversité.
À lire aussi: Témoignage TSA: Alexia Salvador