Votre Dossier Autisme 2ème partie : L’autisme vu de l’intérieur : Un témoignage de Donna Williams, extrait de son livre « Si on me touche, je n’existe plus »
Que pensent d’eux-mêmes et de leur état les gens affectés d’autisme ? Comment trouvent-ils leur chemin dans un monde en apparence absurde pour eux, un monde dépourvu d’ordre et de cohérence ? Voici quelques extraits du témoignage de Donna Williams, aujourd’hui adulte, diagnostiquée autiste. Son récit exceptionnel et rare nous permet d’avoir une vue de l’intérieur de l’autisme.
A la fin de son livre « Si on me touche, je n’existe plus », Donna Williams nous livre une analyse de la signification de certains de ses comportements sans avoir toutefois la prétention de croire que la signification de ces gestes répétitifs a une portée générale et s’appliquent à toutes les personnes porteuses d’autisme. Elle nous explique que certains rituels visent à assurer son bien-être, sa sécurité ou à relâcher une tension extrême. D’autres fois, biens que ces gestes ne semblent pas destinés aux autres, ils représentent en fait un véritable effort de communication en cherchant à donner un sens aux monde. Voici quelques uns de ces comportements déchiffrés par Donna Williams.
Assortir et apparier des objets
Cela revient à établir des relations entre les choses, à montrer qu’une relation entre deux ou plusieurs objets PEUT exister. De cette manière on visualise des relations de la façon la plus concrète et la plus indéniable qui soit, au travers des objets.
Le Classement et rangement des objets et des symboles
En créant de l’ordre, on crée une représentation symbolique d’un monde plus compréhensible. Cela prouve aussi que l’appartenance à un ensemble plus grand existe.
Les comportements stéréotypés
Ils donnent un sentiment de continuité. Les rituels donnent l’assurance que les choses peuvent rester les mêmes assez longtemps pour avoir leur place incontestée au sein d’une situation complexe et mouvante autour de soi. De la même façon, dessiner des cercles, des lignes de bordure, sert de moyen de protection contre l’invasion extérieure, venue « du monde ».
Cligner des yeux compulsivement
Cela permet de ralentir les choses et de les rendre plus fractionnées, donc moins effrayante, comme dans un fil qui passe au ralenti. Eteindre et rallumer la lumière très vite a la même fonction. Cela rend les choses plus fixes, donc plus prévisibles et plus rassurantes.
Se balancer, secouer les mains, se frapper la tête, donner des petits coups sur les objets, se tapoter le menton…
Ces gestes procurent un sentiment de sécurité et relâchent la tension. Ils diminuent l’anxiété et relâchent la tension accumulée à l’intérieur.
Se frapper la tête contre le mur
Là-aussi, ce geste combat la tension intérieure et provoque un bruit sourd et rythmé dans la tête. Donna y avait recours quand son esprit criait trop fort pour se contenter de gronder intérieurement.
La fascination pour les objets colorés et brillants
C’est une façon d’appréhender la notion de beauté dans la simplicité. C’est aussi un procédé pour s’hypnotiser soi-même, qui permet de se calmer et de se détendre. L’affinité avec certaines personnes se manifestait aussi pour Donna par l’intermédiaire d’objets. Une couleur, par exemple le bleu, représentait toujours sa tante Linda, un tissu écossais, sa grand-mère… Chacune de ces correspondances lui donnait la « sensation » de chacun des personnes.
Le contact physique
C’est celui qui ne menace pas de vous piéger ou de vous dévorer : brosser les cheveux ou chatouiller par exemple. Mais la frontière entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas est mouvante. De manière générale, pour Donna tout contact était soit ressenti comme une douleur, soit toléré comme si elle était de bois. Tout se passe comme si l’esprit abandonnait son enveloppe corporelle pour éviter d’être blessé par ce que les autres considèrent comme une caresse. De même, lorsque les gens ne la touche pas, Donna ne ressentait pas cette attitude comme de l’indifférence mais plutôt comme une marque de respect et de compréhension.
Fixer le regard dans l’espace ou à travers les choses, en même temps qu’on fait tourner un objet ou qu’on tourne en rond soi-même.
Donna nous explique que c’est un moyen de perdre conscience. Cela procure une détente qui permet de surmonter la contrariété de ne pouvoir s’exprimer. D’une façon plus extrême, cela peut aussi prendre la forme d’une sorte de « suicide mental » quand la personne perd toute sensation .
Les aversions alimentaires
Donna nous explique qu’elle avait peur de manger. Elle se contentait de ne manger que la nourriture qu’elle aimait regarder et toucher, ou bien celles qui suscitaient en elle des associations agréables. Les lapins mangeaient de la salade ? Elle aimait les lapins en peluche, donc elle mangeais de la salade. Elle aimait le verre teinté transparent ? La confiture en gelée lui ressemblait. Donc elle aimait la confiture…
Contenu extrait du livre « Si on me touche, je n’existe plus », le témoignage exceptionnel d’une jeune autiste de Donna Williams.
En savoir plus : le site de l’auteur (site en anglais)
Nous vous conseillons également www.templegrandin.com le site de temple Grandin, autiste qui apporte elle-aussi un précieux témoignage de l’autisme vue de l’intérieur.