Les AVS, auxiliaires de vie scolaire, sont des assistants d’éducation spécialisés dans l’accompagnement scolaire d’enfants ou d’adolescents en situation de handicap. Nouvellement nommé AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap), nous avons voulu mettre en lumière ce métier pour mieux comprendre leur quotidien et leur rôle déterminant dans l’apprentissage des enfants exceptionnels via une série de portrait.
Découvrez ci-dessous celui de Marina.
Depuis quand exercez-vous le métier d’AVS et quelle formation avez-vous suivi ?
En novembre 2009, je suis devenu EVS durant 2 ans. Ensuite comme la loi l’oblige j’ai attendu 1 an avant de pouvoir repostulé pour un poste d’EVS ou d’AVS. J’ai donc été prise en tant que AVS en septembre 2012.
Durant notre première année de contrat, nous devons suivre une formation appelée « adaptation à l’emploi ». Mais je n’ai fait aucune autre formation pour faire ce métier. J’ai fait des études dans le tertiaire ; ce qui a vraiment rien à voir.
Qui avez-vous accompagné et qui allez-vous accompagner l’année prochaine ?
Durant toutes ces années je me suis occupée de 4 enfants. J’ai eu un enfant qui était en famille d’accueil, un atteint de troubles du comportement, un atteint de troubles DYS, un enfant anxieux et un enfant atteint du syndrome de Goldenhar.
Pour la rentrée je ne sais pas qui je vais accompagner car je n’ai toujours pas reçu de notification de mon inspection.
Comment se passe une journée type ?
Une journée type commence toujours par un rituel avec la classe et ensuite avec l’enfant personnellement. Ensuite le travail commence en classe, il y a des jours où l’enfant va se mettre de suite à travailler et d’autres où il faudra que la maîtresse/maître intervienne.
Pendant un exercice ou une évaluation, l’enfant a parfois besoin de se mettre au calme pour mieux se concentrer, donc nous allons dans une pièce à part. Durant la récréation, suivant les handicaps de chaque enfant, celle s’avère parfois difficile avec les autres enfants. Beaucoup de gros mots, d’incompréhension sur le jeu en équipe…
Pour l’écriture des devoirs je le laisse faire et je repasse systématiquement derrière pour voir si rien n’a été oublié. Et pour finir la journée, avec l’enfant on discute de la journée, ce qui a été et ce qui n’a pas été, ce qu’il a compris et pas compris.
Quelle est votre relation avec le corps enseignant ?
Je pense que je n’ai pas à me plaindre des écoles où je suis allée. J’ai toujours été très bien accueillie. On m’a tout de suite mise à l’aise et présentée l’école et le corps enseignant. Chaque corps enseignant est très soudé et forme une vrai équipe.
Utilisez-vous des jeux ou outils adaptés Hop’Toys ?
Avec les enfants que je m’occupe on est plus dans les gestes et/ou une petite chanson inventé ensemble. Malheureusement je n’ai jamais eu la chance d’utiliser vos outils.
Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?
L’avantage qui me touche le plus et qui rend l’enfant encore plus heureux c’est de les voir réussir des choses qui étaient impensables 6 mois avant.
Par exemple, j’avais un enfant qui me faisait des colères à n’en plus finir et à retourner la classe. Et bien à force d’être derrière lui en permanence, l’enfant a réussi à gérer cela tout seul et il était très fier de lui, au point qu’il a demandé à la maîtresse de le dire à la classe. Pour lui c’était une victoire de plus !
Parfois l’enfant te rejette. Il ne veut pas de toi. Pourquoi ? Plusieurs explication à cela je pense. Pour ma part l’enfant m’a dit « j’ai pas envie que mes copains se moque de moi car j’ai un handicap et que tu m’aides ! » Énorme choc pour moi, car cela ne m’avait même pas traversé l’esprit qu’un camarade se moque de lui.
Quelles sont vos joies au quotidien ? Votre meilleur souvenir ?
Des moments merveilleux j’en ai eu tout le temps. Ma thérapie à moi avec les enfants, c’est le rire. Je m’explique. J’aime beaucoup m’amuser avec eux, partager plein de choses avec eux, les joies, les peines. Quand je suis avec eux je ne vois plus aucun handicap ; l’enfant se lâche, rigole, prend du plaisir. Une complicité se crée de jour en jour.
2 enfants m’ont marqué particulièrement :
Le premier était un garçon de 8 ans que je vais appelé Martin*. Il était en famille d’accueil et il avait de gros souci avec celle ci. Il ne devait pas finir l’année scolaire avec la famille et devait donc retourner en foyer. Il restait alors 2 semaines d’école avant les grande vacances. Martin annonça à tous ses camarades et à moi aussi par la même occasion, qu’il partait le soir en foyer et qu’on le reverrai plus. Étant triste pour lui et ne pouvant pas lui dire au revoir comme il se doit, les larmes me sont montés. Mais interdiction de pleurer devant lui. A la sortie de l’école la maîtresse et moi avons parlé de ce qui venait de se passer. Celle-ci à très bien compris que son départ précipité me touchait énormément, mais que l’école ne pouvait rien faire. J’ai pris sur moi et continué ma route en pensant beaucoup à lui. Quelques temps après, un matin une ATSEM me dit « il y a une surprise pour toi ». Je compris vite quand Martin arriva en courant vers moi et me sauta dans les bras et en me criant « je fini l’école ici ! ». Des larmes de joies ont coulés.
Le ou plutôt les seconds sont les CM2 de cette année. Comme tous les ans le vendredi midi, les enseignants et les élèves mangent tous ensemble un pique-nique. Le repas du midi se passe à merveille, les enfants sont heureux d’avoir quartier libre. Arrive l’heure où je dois partir dans l’autre école où j’étais attendu. Je dis au revoir à mes collègues et tout à coup un groupe de fille de CM2 (classe de l’enfant dont je m’occupais) court vers moi en me demandant si je partais. Je leur dis que oui car l’autre école m’attendait. Et là, elles se jetèrent sur moi en pleurs ne voulant pas que je parte. J’essaye de les réconforter en leur disant qu’elle me verront en ville, sur le marché et qu’en plus l’année prochaine elles seraient au collège. Mais rien ni faisait, mon départ les attristait beaucoup. Je ne pensais pas que mon départ les affecteraient autant.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes souhaitant exercer ce métier ?
Mon conseil dans un premier temps, c’est d’aimer les enfants. N’avoir aucun préjugé sur les handicaps, avoir beaucoup de patience. Mais je pense que pour moi le meilleur conseil, c’est de prendre les enfants comme ils sont et de s’adapter à eux et non l’inverse et d’avoir un cœur énorme car ils nous donnent infiniment d’amour.
Donner des conseils sur la manière de procéder je n’en n’ai pas, rester naturel(le) et tout ira pour le mieux !
* Le prénom a été changé.