L’apport du corps dans l’apprentissage est souvent sous-évalué. Il intervient toujours dans le processus d’apprentissage mais à échelle variable selon le profil des enfants. Voici quelques exemples où corps et apprentissage font bon ménage…
L’enfant a besoin de toucher pour apprendre : c’est un apprenant kinesthésique
Si certains enfants retiennent mieux une leçon qu’ils auront entendue, d’autres ont besoin de la voir écrite.
D’autres encore, ont besoin de toucher, de manipuler les concepts pour mieux se les approprier.
Ces enfants sont des apprenants kinesthésiques.
Ils traitent et enregistrent mieux l’information par le toucher ou en exécutant des mouvements.
De manière générale, les kinesthésiques ont le besoin de manipuler des choses. Ils apprennent à mémoriser en faisant les choses et en agissant.
Des jeux éducatifs encourageant la manipulation de concept doivent alors être privilégiés.
Le jeu Ou est-ce ? propose plusieurs jeux de manipulation des concepts spatiaux.
La méthode de lecture Borel Maisonny : quand le corps aide à lire
A l’origine, cette méthode est un ensemble de gestes ayant pour but de faciliter l’entrée dans le langage.
Elle fut d’abord utilisée auprès des enfants sourds. Il s’agit tout d’abord d’une méthode syllabique dans la mesure où elle s’appuie sur les lettres pour construire des syllabes, puis sur les syllabes pour construire les mots.
C’est une méthode gestuelle parce qu’il s’agit d’associer à chaque lettre, un geste.
Toucher les lettres pour mieux les connaître
Une étude conjointe du laboratoire de psychologie et neurocognition de l’université de Savoie et l’université René Descartes de Paris V met en avant les bénéfices de l’exploration haptique des lettres dans un entraînement de préparation à la lecture.
Lors de cette étude, un groupe de jeunes enfants pré lecteurs, en grande section de maternelle a été scindé en deux selon le type d’entraînement aux lettres qui leur était proposé :
- un entraînement HVAM (Haptique-Visuel-Auditif-Métaphonologique) utilisant les modalités tactiles, visuelles et auditives ;
- un entraînement VAM (Visuel – Auditif – Métaphonologique) avec des modalités visuelles et auditives.
Les deux entraînements ont des exercices communs destinés à développer la conscience phonétique et les associations lettres/sons.
Cependant le travail sur l’identité des lettres est basé dans le cadre du HVAM pour une exploration tactilo-visuelle des lettres.
Un autre exemple des bénéfices de l’exploration des lettres par le toucher est l’utilisation des lettres rugueuses dans la pédagogie Montessori.
Ces lettres rugueuses font partie intégrante du matériel d’éducation intellectuelle développé par Maria Montessori.
Ce matériel très tactile (les lettres ont été découpées dans du papier de verre et collées sur une plaque) permet l’utilisation de la mémoire musculaire (impression au niveau du geste, préparation à l’écriture, correspondance graphie-phonie).
Les lettres rugueuses et le livre Balthazar et les lettres à toucher offrent tous une exploration tactile des lettres.
Les rythmes biologiques du corps : les connaître pour s’adapter
De nombreuses études en chronobiologie suggèrent que nos aptitudes fluctuent tout au long de la journée.
Notre corps serait soumis à de nombreux rythmes biologiques qui influeraient sur vos aptitudes à réaliser telles ou telles tâches selon le moment de la journée.
Ainsi, nos performances psychomotrices (telles que la dextérité, la coordination œil-main) seraient meilleures en fin de matinée puis en milieu d’après-midi.
Ces périodes correspondent également au pic de performance pour des apprentissages techniques avec une mémoire à court terme meilleure le matin et une mémoire à long terme meilleure l’après-midi.
Attention, il existe une relation inverse entre la rapidité d’exécution et la précision du geste.
Les tâches demandant un contrôle moteur fin sont mieux réussies et leur apprentissage est plus rapide le matin (vers 11h).
De même, il semblerait que les performances mathématiques seraient meilleures dans ce même laps de temps. (source : application de la chronobiologie à la planification des cours et aux rythmes scolaires par Xavier Estruch et Denis Theunynk). Sources : Application de la chronobiologie à la planification des cours et aux rythmes scolaires par Xavier Estruch et Denis Theunynck )
Le choix du moment de la journée est non seulement important pour l’apprentissage d’une tâche, mais également pour la restitution de ce qui a été appris.
Les travaux de François Testu (1994) montrent qu’au court de la journée, il y a 2 alternances de temps forts et de temps faibles dans l’attention et la capacité du traitement de l’information.
Une exemple de journée type :
Au réveil : Notre corps est en transition entre le sommeil et l’éveil complet. Il passe par une période appelée « inertie du sommeil » qui se caractérise par des troubles de l’humeur, une maladresse, des troubles mnésiques et de repérage momentanés.
Après 9h : Augmentation de la vigilance vers un maximum des capacités intellectuelles en fin de matinée.
Vers 13h00-15h : Moment de faible vigilance souvent dénommée «effet prandial».
Après 15h : Augmentation des niveaux de vigilance jusqu’en début de soirée.