Le pouvoir extraordinaire des sens
Saviez-vous qu’un an après l’expérience, les sensations olfactives sont retenues à 90%, celles du toucher à 35%, les auditives à 6% quand aux visuelles, elles ne se fixent qu’à 4% ! Les publicistes le savent, les meilleures évocations sont celles qui sentent ! Ainsi, odeurs et palpations sont les expériences retenues le plus spontanément. Et si vous exploriez ces facilités dans le cadre de la rééducation orthophonique ?
Le langage des couleurs
Voir Encastrement mosaîque
Le jaune et le orange remontent le moral et apportent gaîté et créativité.
Le saviez-vous ?
Selon le Dr. Régine Zekri-Huster, le rouge, couleur de fixation de notre attention visuelle, devrait être utilisé pour l’acquisition, le vert et le violet pour la correction. Ainsi, les professeurs d’école feraient mieux de souligner les fautes en vert ou en violet et d’écrire en rouge des critiques constructives.
Le parfum des souvenirs
Les sens sont le reflet de notre vie. Ils nous renseignent sur notre environnement et nous informent des dangers. Un d’entre eux, l’odorat, occupe une place de choix. Il représente le sens le plus primitif et le plus intime de l’homme. Un voyage au cœur des odeurs nous convie tout droit à la régie centrale : le cerveau.
« Mais quand d’un passé ancien rien ne subsiste […] , seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps… »
Le syndrome de Proust
L’émotion reliée aux souvenirs par l’évocation d’odeurs s’explique par la structure même du cerveau. Les connexions neuronales uniques qui existent entre les aires olfactives du système nerveux central et le complexe formé de l’amygdale et de l’hippocampe du système limbique sont responsables de l’émotion.
Ces connexions directes, distingueraient les mémoires par évocation d’odeurs des autres mémoires sensorielles telles que la vision. Ces contacts intenses entre odeurs et émotions ne rendent cependant pas la remémoration plus claire et précise. Elle est simplement plus tenace.
Les neurones sensoriels qui permettent d’identifier les molécules odorantes se régénèrent au bout de 60 jours. Ce phénomène très rare dans le cerveau assure une fiabilité des sources d’information olfactive. De plus, il n’entraîne pas de perte de données lors du remplacement des neurones car ceux-ci se placeront aux mêmes endroits et joueront le même rôle que leurs prédécesseurs.
Alzheimer et mémoire olfactive
Cependant, la mémoire olfactive, aussi spectaculaire soit-elle, reste très sensible et elle risque de dégénérer en vieillissant. Des études récentes ont démontré un lien entre les déficits de mémoire olfactive et le développement de la maladie d’Alzheimer. Des tests olfactifs pourraient s’avérer utiles pour détecter la maladie, même à un stade précoce. Les études sur la mémoire olfactive ont ouvert de nombreuses portes sur ce grand mystère qu’est le cerveau.
Mario Beauregard, neuroradiologue et neuropsychologue an Centre de Recherche de l’Institut de Gériatrie de Montréal nous explique : « L’étude des sens nous permettra un jour de développer des cellules synthétiques qui réactiveront la mémoire olfactive ».
L’oligothérapie
Une expérience menée dans l’unité de rééducation neurologique de l’hôpital Raymond Poincaré remet sur le devant de la scène « le syndrome de Proust ».
Romain, 23 ans, victime d’un traumatisme crânien à la suite d’un accident de voiture est sorti du coma depuis seulement quelques semaines et il peine toujours, malgré l’aide de l’orthophoniste, à trouver les mots. Mais en humant un petit carton sentant l’herbe fraîchement coupée, il se remémore les vacances qu’il passait dans les Pyrénées lorsqu’il était enfant et les phrases se mettent à couler…
Encore peu exploitée en France, l’oligothérapie consiste à faire humer différentes odeurs au patient, qui vont l’aider, par évocation de souvenirs et associations, à retrouver progressivement son passé, enfoui par le traumatisme. Cette thérapie s’appuie sur le fait que l’émotion procurée par une odeur stimule la mémoire. Ce phénomène trouve son explication dans l’anatomie du système olfactif, et ses projections dans une zone particulière du cerveau appelée rhinencéphale.
« C’est une façon nouvelle d’aborder la mémoire, une stimulation sensorielle à la fois ludique et fiable qui peut redonner au patient goût à la vie quand rien ne l’y accroche » raconte Patty Canac. Avec plus de 250 odeurs sous le bras, elle se rend à l’hôpital deux fois par semaine ou elle est plébiscitée par l’équipe –kinésithérapeute, orthophoniste, ergothérapeute, diététicienne – qui entoure les patients.