A l’occasion de la journée européenne de la psychomotricité, le 19 septembre, Hop’Toys met à l’honneur cette profession par le biais du collectif « Communic’Actif des Psychomotriciens ». Pour ce 5e rendez-vous, Sarah et Lucile nous parlent de la spécificité de la prise en charge des troubles du spectre autistique en psychomotricité.
Que sont les troubles du spectre autistique ?
Les troubles du spectre autistique sont des troubles neurodéveloppementaux qui débutent avant l’âge de 3 ans. Différents signes d’alerte peuvent être observés dans le quotidien. Les personnes atteintes de TSA peuvent également présenter des particularités sensorielles et un retard de développement psychomoteur.
Un bilan psychomoteur, pour quoi faire ?
A travers le bilan psychomoteur initial, le psychomotricien va observer et évaluer, avec des tests standardisés et des mises en situation, la personne dans sa globalité. Il va s’intéresser à tous les items du développement psychomoteur, afin de connaître ses difficultés et ses compétences et d’établir un projet thérapeutique personnalisé.
Le suivi en psychomotricité avec une personne présentant des TSA, en quoi cela consiste ?
Le projet thérapeutique sera adapté à chacun, selon ses spécificités, ses difficultés et les priorités à donner à l’accompagnement. Le psychomotricien utilise de nombreux médiateurs à sa disposition. Il n’a pas été scientifiquement attribué de troubles psychomoteurs spécifiques à l’autisme, mais lorsque ces derniers sont présents, ils sont de degrés variables. Voici les différentes sphères qui peuvent être abordées en psychomotricité :
- Développer la relation à soi et à son environnement en aidant l’enfant à prendre conscience de son corps, à mieux appréhender ses limites corporelles et ses possibilités motrices (coordination, dissociation, adaptation posturale). Ainsi, un enfant qui aura tendance à toujours être en mouvement le fera souvent pour chercher à mieux ressentir son corps et son équilibre. On pourrait par exemple lui proposer un gilet lesté ou des jeux d‘équilibre/déséquilibre (planche à roulettes, toupie). (=>> voir la sélection de vêtements lestés)
- Travailler la sphère sensorielle par un accompagnement sensori-moteur. Les personnes présentant un TSA peuvent avoir un traitement des informations sensorielles atypique ; il est donc important d’identifier leurs éventuelles hyper ou hypo sensibilités et de pouvoir les aider à mieux s’y ajuster ou s’en protéger. Il s’agit ainsi d’aider la personne à gérer ses ressentis et à mieux intégrer les stimulations sensorielles. Il est également possible de proposer des adaptations en fonction du profil sensoriel de chacun. On proposera par exemple à un enfant qui se montre plus sensible aux bruits extérieurs de s’en protéger avec un casque anti-bruit, des bouchons d’oreilles ou un cache-oreilles.
- Mettre en place des repères spatio-temporels pour structurer et rassurer l’enfant et lui permettre une meilleure compréhension de l’environnement (planning visuel, Timer, sablier de cuisine…).
- Favoriser des interactions plus adaptées (en prenant en compte le mode de communication, les capacités d’expression, le jeu, l’imitation et les interactions avec l’environnement…), par exemple avec le français signé, la météo des émotions ou le volcan des émotions….
- Diminuer les troubles du comportement, après en avoir compris les fonctions pour la personne,
- Travailler les capacités praxiques, le graphisme, la latéralisation, les fonctions exécutives… pour aider l’enfant à mieux s’organiser au quotidien et favoriser son autonomie. Par exemple, une tenue peu conventionnelle du crayon sera souvent liée à un manque de tonicité et de maturité de la pince pouce/index. En séance de psychomotricité, nous pourrions donc chercher à développer une meilleure dextérité digitale (pâte à modeler, pinces à linge, massages, stylo vibrant, jeux de balles…).
Complémentarité avec les autres professionnel
Le psychomotricien travaille toujours sur prescription médicale. Dans le cadre spécifique de troubles du spectre autistique, il est souvent amené à travailler en partenariat avec :
- l’équipe enseignante, afin qu’elle comprenne les spécificités de l’élève et qu’elle puisse mettre en place les aménagements pédagogiques adaptés (Time timer, planning visuel, aménagement spatio-temporel de la classe et du bureau …),
- l’orthophoniste, dans le cadre d’un retard de langage oral et/ou écrit et, notamment, en cas d’utilisation d’une communication alternative (PECS, Makaton…) ;
- l’orthoptiste, lorsque des troubles neurovisuels sont observés (oculo-motricité, ajustement vision de loin/de près…) ;
- le psychologue, notamment dans la mise en place de stratégies éducatives (économies de jetons, renforçateurs…) ;
- l’ergothérapeute, lorsque les difficultés nécessitent des compensations ou des aménagements spécifiques (aménagement du poste de travail, matériel ergonomique, outil informatique…) ;
- les éducateurs, pour échanger autour des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne, autour des troubles du comportement et des aménagements possibles pour les diminuer.
Le psychomotricien peut être amené à rencontrer des enfants présentant un Trouble du Spectre Autistique en cabinet libéral, sur leur lieu de scolarisation et également dans des établissements spécialisés (I.M.E, C.M.P…).
Merci à Lucile COL et Sarah FRUH, psychomotriciennes D.E, et membre du Collectif Communic’actif des Psychomotriciens.