Même si la leur sera plus échelonnée que celle des grands, les bébés aussi s’apprêtent à faire leur rentrée. Pour beaucoup, ce sera la première séparation d’avec leurs parents. Qu’ils soient gardés en crèche ou par une nounou, comment bien se préparer ? Que peuvent faire les parents pour que cette étape importante se passe le mieux possible pour leur bébé… et pour eux ?
Florie Martina-Fiesci, directrice de la crèche Galanga à Versailles (une des 230 du réseau La Maison Bleue) et Oumnia, assistante maternelle agréée nous répondent.
Pour bien préparer l’enfant, il faut déjà être prêt soi-même !
Pour Florie Martina-Fiesci, c’est très clair : « Pour bien préparer l’enfant, il faut déjà être prêt soi-même ! Un parent qui est très angoissé à l’idée de laisser son enfant, de le confier, de se séparer lui transmettra forcément cette émotion. L’enfant le captera, quel que soit l’âge, qu’il ait 2 ans et demi ou 18 mois. En tant que professionnels, nous devons être vigilants avec ces parents-là, bien les accompagner, discuter avec eux, leur laisser le temps de se séparer sans forcer les choses. Les parents ne doivent pas hésiter à investir le personnel, que ce soit la direction ou la personne référente de l’enfant, à questionner sur le fonctionnement de la crèche, et, au-delà, sur tout ce qui pourrait les inquiéter. L’autre conseil à leur donner, bien sûr, est de prendre le temps si possible, pour y aller en douceur. »
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Verbaliser !
« Avec l’enfant, il faut essayer au maximum de verbaliser ce qui va se passer, en commençant quelques jours à l’avance à lui expliquer qu’il va aller à la crèche, qu’il y restera, etc. Quelques jours avant cela suffit. Avec un tout petit, il ne sera pas forcément nécessaire de prévisualiser les lieux de l’extérieur puisque le tout-petit ne retiendra que l’espace de vie immédiat dans lequel il sera ; ce n’est que vers 6-8 mois qu’il commencera à reconnaître l’entrée de la crèche. Avec un grand, en revanche, notamment si l’enfant a déjà été en collectivité, dans une autre crèche, on peut montrer les lieux quelques jours avant, cela peut lui apporter un repère visuel sécurisant et lui permettre d’anticiper. Si, soi-même, on est plus serein, ce sera plus simple pour l’enfant. »
L’adaptation : partager le plus de moments possible
« Les périodes d’adaptation se déroulent en moyenne pendant une semaine, quelle que soit la section dans laquelle l’enfant intègre la crèche. Si les parents n’ont pas la possibilité de prendre une semaine, on essaie de tendre vers cela au maximum en proposant au parent de venir le matin et l’après-midi, avec une coupure au milieu, pour essayer de passer avec lui à la crèche le plus de temps possible, de partager, surtout, le plus de moments et ce même si l’enfant ne passera que 3 jours par semaine à la crèche. »
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Oumnia est assistante maternelle agréée depuis 9 ans. Elle nous livre son témoignage et ses conseils de professionnelle… en gardant en tête les inquiétudes qu’elle avait eues elle-même au moment de confier ses enfants à une nounou.
Déléguer
« Comment gère-t-on la première séparation avec un bébé ? Il faut déjà gérer soi-même ses émotions ! En général, les parents confient leur bébé vers 2 mois et demi, 3 mois. Avant cela, la relation entre l’enfant et la mère est très fusionnelle. Mais il faut justement que la maman arrive un peu à déléguer. Au papa d’abord, bien sûr, et à la famille proche. Bien en amont, il faut laisser le bébé découvrir d’autres personnes que la maman. Il faut qu’il voie d’autres personnes, sente d’autres odeurs. Trop souvent, la maman reste dans cette relation très étroite avec son bébé jusqu’au moment où elle va devoir le laisser. Il ne faut pas attendre d’être face à la réalité de la séparation pour s’y préparer. Cela engendre beaucoup de stress, que le bébé ressent. Ce n’est pas bon pour elle, encore moins pour l’enfant et pas non plus pour l’assistante maternelle. Quand une maman est vraiment cool, le bébé l’est aussi. Il est difficile de ne pas être angoissée face à la première séparation, surtout avec un premier enfant, mais il faut arriver à prendre sur soi. »
Anticiper
« Pour cela, mieux vaut se préparer un bon mois à l’avance, ne pas attendre le dernier moment. Cela permettra de rencontrer la nounou plusieurs fois, de découvrir sa maison, sa famille, ses enfants si ceux-ci sont également à la maison… On pourra laisser le bébé très progressivement. On peut étaler la période d’adaptation sur 15 jours, en le laissant chaque jour un peu plus. »
Faire confiance
« Les parents doivent comprendre que rationnellement, il n’y a pas lieu d’avoir peur ! Qu’ils aillent à la crèche ou chez une nounou, leurs enfants seront gardés par des professionnels formés et contrôlés, respectivement par la PMI ou le Conseil général. Surtout, il faut essayer de se mettre de l’autre côté, de voir les choses du point de vue de l’assistante maternelle. On comprend alors très bien que, gardant les enfants d’autres personnes, a fortiori des bébés, elle redouble d’attention !
Le choix de la nounou, c’est comme pour l’immobilier, c’est toujours la maman qui décide !
Laisser leur bébé à une assistante maternelle plutôt qu’à la crèche inquiète parfois davantage les parents, car ils n’ont pas de visibilité sur la journée de l’enfant et qu’il n’est pas pris en charge par toute une équipe, mais par une personne seule. À partir de là, on peut nourrir toutes sortes de craintes, penser que la nounou va faire n’importe quoi. Mais il n’y a jamais de problème avec les bébés, parfois avec la maman.
– Avec la maman et parfois avec le papa ?
– Non toujours avec la maman ! Le choix de la nounou, c’est comme pour l’immobilier, c’est toujours la maman qui décide !, répond Oumnia avec humour. Les papas en général ont plus de facilité à faire confiance. »
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« Il faut tout un village pour élever un enfant »
« Et puis, il faut comprendre que les assistantes maternelles n’ont obtenu leur agrément qu’à la suite d’une enquête de la PMI, qu’elles sont visitées 2 à 3 fois par an par une puéricultrice, bref, que contrairement à ce qu’on pourrait croire, elles ne sont pas seules. C’est un circuit. Avec les autres nounous au parc, avec notre inspectrice, au Relais Petite Enfance (REP ; ex RAM). On échange des pratiques, on discute. On reçoit un planning d’activités de la part du REP auquel on peut s’inscrire, on emmène les enfants à la médiathèque où il y a des intervenantes… »
Le téléphone portable ? Un moyen de partager les bons moments, pas de contrôler
« La plupart des nounous refusent que les parents les appellent au cours de la journée. Je m’occupe des enfants, pas des parents », leur dit Oumnia. En revanche, elle a plaisir à envoyer parfois des photos pour permettre aux parents de partager une pitrerie ou un grand progrès de leur enfant.
Comment se passe l’adaptation des enfants entre eux ?
« L’adaptation des bébés aux autres enfants ou des enfants entre eux se fait toujours par le jeu. » Pour avoir déjà gardé des enfants allophones (dont la langue maternelle est une langue étrangère), pour lesquels le contact immédiat avec les autres enfants a été un peu plus difficile, Oumnia sait que c’est par le jeu que le lien se crée. « Le jeu remet les besoins de chaque enfant au même niveau. »
>> À télécharger : « L’infographie des assistantes maternelles »
Confier un enfant en situation de handicap à une « ass’mat’ » ?
Il faut savoir que toute assistante maternelle est censée pouvoir accueillir n’importe quel enfant, en situation de handicap ou non. Une partie de leur formation initiale est d’ailleurs consacrée au handicap. Aucun nouvel agrément n’est nécessaire. Les assistantes maternelles qui le souhaitent peuvent par ailleurs bénéficier de formations complémentaires dans le cadre de la formation continue qu’elles suivent auprès de leur REP, en langue des signes par exemple. Par ailleurs, entre 0 et 3 ans, la différence est minime entre un enfant en situation de handicap ou non. Alors, au moment où la plupart des enfants vont faire, dans les prochains jours, leur rentrée en collectivité, vivre au contact d’autres enfants, de leur nounou et de leur « peur » des découvertes et des moments de jeux formidables, on aimerait conclure sur ces mots d’assistantes maternelles ayant accueilli des enfants en situation de handicap :
« Cette expérience d’accueil m’a permis la rencontre avec « un enfant extraordinaire », elle m’aura sans doute appris autant que je lui en aurais appris. »
« J’ai trouvé l’enrichissement grâce au fait d’être ensemble, tout simplement. En tant qu’assistantes maternelles, osons faire face à la différence et tentons de ne pas en avoir peur. »
« J’aimerais essayer de changer le regard des gens sur ces enfants fantastiques qui nous font confiance, ainsi que leurs parents et leur apporter mon affection. »
Leur témoignage est à retrouver en intégralité ici.
Retrouvez aussi sur notre blog, le portrait d’Emily, une autre assistante maternelle formidable.
En savoir plus
Vous souhaitez confier un enfant en situation de handicap à une assistante maternelle ? Vous êtes assistante maternelle et projetez d’en accueillir un ? N’hésitez pas à contacter le REP de votre commune. Il vous apportera toutes les informations et l’accompagnement nécessaire.
Et pour lever les inquiétudes que pourraient avoir les ass’ mat’ (Vais-je savoir m’occuper d’un enfant ayant des besoins particuliers ? Ne va-t-il pas trop me monopoliser au détriment des autres, les autres parents seront-ils d’accord ?…), découvrez un dossier complet proposé sur le site Enfant-différent.org. Parce que les parents d’enfants en situation de de handicap ont aussi besoin et envie de travailler, parce que les petits loulous en situation de handicap ont aussi le droit à de super copains de crèche et de super nounous !
Cette crèche fait partie du réseau de crèches La Maison bleue qui en compte actuellement 1600.
Pour la garde d’enfants à domicile aussi, vous avez des agences spécialisées qui ont l’agrément pour prendre en charge les enfants en situation de handicap pour prendre le relais en attendant votre retour en sortie de crèche ou d’école par exemple.