Nous vous avons déjà présenté Séverine Zeraoulia, une éducatrice de jeunes enfants passionnée, qui accueille dans sa ludothèque de Roubaix, l’Arche aux jouets (appartenant à l’association des Les papillons blancs), des enfants porteurs de handicap… ou pas. Nous avons eu la chance de rencontrer Séverine et son équipe lors du Salon Autonomic de Lille où la ludothèque présentait sur son stand des nouveautés et des incontournables d’Hop’Toys.
Aujourd’hui, suite et fin de notre entretien : Séverine nous parle d’un autre aspect de son travail : celui, très important également, qu’elle effectue avec les parents ! Que ce soit avec les parents d’enfants porteurs de handicap ou avec les autres, que ce soit pour les sensibiliser à la différence ou pour leur faire constater les progrès de leur enfant, Séverine essaie de les décharger et de les accompagner au mieux pour que ce moment à la ludothèque soit bénéfique à tous. Et surtout, chose primordiale de leur (ré)apprendre à jouer !
Non, il n’est pas mal élevé !
Si, réunis au sein d’une ludothèque ouverte à tous, les enfants avec handicap et sans handicap, ne font pas de différence entre eux, il y a en revanche, un travail à faire avec les parents, qui ont davantage de réticence. Nous le faisons dès que se présente un nouveau parent ; nous lui expliquons que la ludothèque accueille des enfants porteurs de handicap. Donc qu’ils devront en parler avec leurs enfants, leur expliquer qu’il pourra arriver qu’ils se fassent tirer par la manche si un enfant qui ne parle pas veut lui faire comprendre quelque chose, comprendre que, non, cet enfant n’est pas mal élevé mais qu’il crie parce qu’il est atteint de surdité, etc.
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Nous savons que plus on voit des personnes porteuses de handicap, moins on les montre du doigt.
Le problème est le regard porté sur la personne porteuse de handicap. Il s’agit pour nous d’éviter, dans le choix des jeux et jouets, des connotations enfantines. La personne avec handicap n’y attachera pas d’importance, mais c’est surtout pour que les autres ne stigmatisent pas, notamment des enfants qui ne comprendraient pas pourquoi un enfant plus âgé utilise encore ce type de jeux. Cela est aussi moins gênant et plus valorisant pour les parents d’enfants porteurs de handicaps. Ils ont souvent, au départ, une certaine réticence à fréquenter des endroits ouverts à tous, où leurs enfants seront exposés aux regards.
L’importance de l’accueil et du départ
Le rituel d’accueil est très important, autant pour les parents que pour les enfants. La mise en place d’un rituel pour la venue à la ludothèque, applicable pour tous, valides comme non valides, donne à l’enfant le temps de se poser et lui permet de se projeter dans le plaisir. Ce cérémonial est d’autant plus important pour le public autiste qui a besoin de repères. Un accueil ritualisé fait alors office de « sas de décompression ». Répété à chaque visite, il instaure une régularité qui fait qu’ils jouent mieux.
Je ne laisse jamais partir un parent ou un professionnel sans avoir fait, grâce à mes observations, un retour. Positif.
« Vous avez vu aujourd’hui, il a fait ça. Il n’est plus en palmaire, il a bougé ses doigts. ».
Ça donne envie aux parents de revenir et ça permet aux professionnels de se servir de la session à la ludothèque pour avancer dans le projet personnel de la personne.
Parents, jouez !
Un volet de notre travail, rappelle Séverine, est celui centré sur les parents et sur la fratrie entourant l’enfant porteur de handicap… pour les pousser à s’autoriser à jouer!
Par exemple, le CAMPS vient avec les parents parce que ceux-ci ne savent pas quoi utiliser comme matériel de jeu.
En général, tant qu’on est dans le sensoriel, c’est facile, Je dis aux parents :
« Regardez votre enfant, émerveillez-vous de ce qu’il sait faire. C’est votre regard bienveillant, ce sont vos yeux attentifs qui font que l’enfant a envie de jouer, de manipuler. »
Mais quand l’enfant est dans le symbolique, les parents ne savent plus jouer ! Ils sont à côté d’eux, mais ne savant pas quoi faire. Je leur dis : « Si vous ne savez plus comment jouer à la poupée ou à la dînette décrivez simplement les actions de votre enfant. Le principe c’est de mettre du sens sur l’action de votre enfant ; ce qui est important c’est que lui et vous soyez en communication. D’autant qu’on sait qu’un mot doit être entendu 500 fois pour être acquis ! Vous participez à son éveil de vocabulaire ». Ça leur donne une légitimité.
Je les rassure aussi :
« Au fur et à mesure, même si au début ça peut paraître stéréotypé, vous allez y prendre du plaisir parce que vous serez juste dans le bien-être et dans l’éveil et dans l’émerveillement de ce que votre enfant sait faire. »
Et puis, on va aussi prêter attention aux frères et sœurs d’enfants porteurs de handicap. Souvent ils ne s’autorisent pas à jouer, ne trouvent pas leur place. Parfois les mamans qui viennent à la ludothèque pour un de leurs enfants porteur de handicap prennent un livre pour son frère ou sa sœur. Nous on va lui dire de venir jouer ! Et on va essayer de décharger le parent pour qu’il ait du temps à consacrer à l’un de ces enfants.
A Noël (et après) : on retrouve son âme d’enfant
A quelques jours de Noël, nous avions envie d’offrir à tous les parents ce témoignage d’une professionnelle du jeu, ces conseils avisés d’une éducatrice passionnée qui constate chaque jour que « le jeu peut tout ». Jouer avec son enfant est le moyen le plus éprouvé et le plus agréable de développer une véritable complicité avec lui, de lui montrer que vous accordez de l’importance à ce qui en a pour lui. Donc à lui.
Alors, dans 3 jours, lorsque les bambins découvriront leurs nouveaux jouets sous le sapin, on ne se contente pas de lire la notice de montage, d’installer le petit train et de compter sur leurs cousins ; on joue, nous aussi, avec eux ! A la dînette, à la poupée, à des jeux de société ou de logique, peu importe. Le temps que l’on passera à s’émerveiller devant ces nouveaux jouets et à les étrenner compte beaucoup plus que la quantité de jouets qu’on leur aura offerts. L’important est de retrouver cette joie d’enfant… pour mieux aimer les nôtres !
>> Découvrez le lookbook de Séverine et notre sélection de jeux de société pour toute la famille
Séverine Zeraoulia est éducatrice de jeunes enfants de formation. Elle travaille depuis 20 ans dans la ludothèque L’Arche aux jouets, 26h30 par semaine… et autant en tant que bénévole ! Car Séverine a la conviction que le média du jeu peut tout inventer, peut répondre à tout : « Du moment qu’il y a du plaisir, il y a apprentissage ! » Alors cette passionnée, Présidente de l’association des ludothécaires des Hauts-de-France, intervient dans les écoles pour sensibiliser au handicap. Elle forme les ludothécaires sur le handicap dans le cadre de formation nationale sur les publics empêchés (porteurs de handicap, personnes hospitalisées, incarcérées) pour qu’aucun(e) de ces professionnel(le)s ne dise « Non, je ne peux pas accueillir ces personnes ».
Séverine Zeraoulia intervient beaucoup dans les structures (école, crèche, structure accueillant des enfants porteurs de handicap, ludothèque) pour conseiller sur l’aménagement de l’espace.
Et qu’est-ce qu’une professionnelle avec une telle expertise pense de notre catalogue, elle qui « a toujours connu Hop’Toys » ?
Séverine salue sa belle évolution :
« Avant Hop’Toys proposait du matériel plus spécifique, rappelle-t-elle, alors que désormais, Hop’Toys offre aux parents une réflexion : voilà dans le commerce il y a tout ça qui existe et qui est à votre « portée ». Ainsi, c’est un parent qui reste un parent et pas un parent qui doit acheter du matériel spécifique. J’apprécie aussi de plus en plus la manière dont sont présentés les produits : sans stigmatisation. Le catalogue ressemble à un catalogue presque tous publics. Il peut être donné à la crèche, à tout le monde. Il ne gomme pas les différences et ne met pas le parent face au handicap.