Les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme ont des compétences très précieuses qui peuvent être appliquées au travail. Leur sens du détail, leur précision tant en terme de routine ou d’horaires, leur centre d’intérêt spécifique font que ce sont des salariés susceptibles d’être fiables et très ponctuels. Tout le monde a des compétences différentes mais un salarié TSA sans déficience intellectuelle saura toujours tirer son épingle du jeu.
Les salariés neuroatypiques
Les personnes avec autisme peuvent être une chance pour l’entreprise qui les recrute et constituent souvent un atout précieux pour une équipe ou une organisation. Ils démontrent souvent des points forts dans différents domaines :
- Un grand sens du détail
- Une excellente précision
- Une rigueur, de l’honnêteté et de la loyauté
- De la fiabilité
- Des penseurs créatifs qui voient souvent les problèmes sous un angle différent
- Une très bonne organisation
- De bonnes connaissances dans des intérêts particuliers
- Des atouts sont souvent démontrés dans les matières STEM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques, informatique)
Étant donné que l’autisme affecte les personnes de manière individuelle, les employés sur le spectre de l’autisme peuvent être confrontés à des difficultés plus ou moins importantes dans les domaines suivants :
La communication sociale
- S’exprimer verbalement
- Comprendre et utiliser la communication non verbale, par exemple le langage corporel, le tonus et les expressions faciales
- Initier et engager une conversation
- Comprendre des concepts abstraits, des métaphores ou des sarcasmes, ils prennent souvent les choses à la lettre
- Traitement de l’information moins rapide que les autres
- Interagir et entretenir des relations avec des collègues
>> À lire : En route vers des entreprises inclusives
L’organisation
- Maintenir la concentration et la motivation sur certaines tâches en cas de distraction
- Travailler dans des environnements inconnus
- Gérer leur temps efficacement, hiérarchiser et respecter les délais
- Faire face aux changements de routines, tâches ou autres arrangements de travail
- Résoudre des problèmes, prendre des décisions et faire preuve d’initiative
Le sensoriel
- Une ambiance bruyante
- Les lumières fortes comme des néons
- Les odeurs
- Les textures
>> À lire : Autisme sévère et emploi, quand Andros montre l’exemple
Soutenir et accompagner les salariés
Il existe de nombreuses façons de soutenir les personnes ayant des troubles du spectre de l’autisme sur le lieu de travail. Ce sont souvent des ajustements mineurs et des améliorations qui peuvent améliorer le lieu de travail pour tous les employés. Ces ajustements permettront à la personne recrutée d’être pleinement performante dans les tâches qui lui seront confiées. Elle se sentira alors valorisée et soutenue dans son travail, réduisant ainsi le stress et améliorant sa motivation. On va a listé quelques ajustements à mettre en place.
Le recrutement
Beaucoup de personnes sur le spectre de l’autisme ne postulent pas à des emplois, car les procédures de recrutement et de sélection sont souvent rigides et reposent sur des méthodes de recrutement classiques telles que les entretiens et les évaluations. Pour rendre le processus plus accessible aux personnes avec autisme, des améliorations peuvent être prise en compte :
- Examinez les processus de recrutement afin d’identifier les obstacles potentiels pour les personnes TSA
- Fournissez des informations réalistes et demandez uniquement les compétences essentielles pour le poste
- Envisagez d’autres processus de recrutement comme une période d’essai directement sur le poste, ou un test de compétence pratique
- Permettez à la personne de voir les questions que vous allez lui poser à l’avance. Cela ne crée pas un avantage injuste, car cela permet de dissiper une certaine anxiété dans une situation déjà stressante
- Donnez une description claire et précise du processus d’entretien, y compris le lieu de l’entretien, sa durée, la date de la réponse, etc
- Incluez des questions liées aux tâches et évitez les scénarios abstraits
- Soyez clair et précis sur les règles du lieu de travail
La communication sociale en entreprise
La façon dont les gens communiquent et interagissent au travail diffère souvent d’autres situations sociales et les attentes peuvent également être très différentes. Il existe plusieurs manières de soutenir les personnes avec autisme au travail, ce qui permettra un engagement plus significatif et réduira les malentendus. Voici quelques conseils :
- Prenez le temps de faire connaissance avec la personne
- Identifiez un tuteur ou un parrain dans l’entreprise dès le départ (un collègue, un responsable…)
- Donnez du temps à la personne pour traiter une information et pour s’assurer que la communication est bien comprise
- Donnez les tâches et missions en utilisant le moyen de communication que préfère la personne : des notes écrites, des pictogrammes, des photos, une démonstration…
- Soyez permissif sur la flexibilité, notamment autour des temps de pause
Pour communiquer
- Soyez clair et précis
- Parler avec des mots simples en bannissant les acronymes
- Avertissez des changements à l’avance
- Donnez des limites claires
- Évitez les distractions autour du poste de la personne
- Utilisez des supports visuels
- Soyez conscient de la compréhension littérale
- Augmentez l’utilisation d’instructions verbales et écrites
>> À lire : « Autisme : le diagnostic tardif chez l’adulte ».
Les préférences sensorielles
Beaucoup de personnes avec autisme traitent les stimuli sensoriels différemment des autres, ce qui entraîne une surcharge sensorielle. Il est important d’en être conscient car cela peut avoir une incidence sur la performance d’une personne au travail. Pour l’aider, vous pouvez mettre en place différentes choses :
- En premier lieu, renseignez-vous le plus possible sur les préférences sensorielles de la personne
- Pensez à l’environnement physique et sensoriel dans lequel l’individu travaille et aux actions positives que vous pouvez entreprendre pour l’aider, par exemple :
– Mettez à sa disposition un casque antibruit pour qu’il puisse s’isoler
– Respectez son espace personnel en empiétant pas dessus
– Proposez une lampe avec une lumière à variateur d’intensité qui pourra être facilement atténuée ou éclairée
– Soyez attentif à la sensibilité à certains tissus ou vêtements et soyez flexible quant au code vestimentaire
– Examiner la position du poste de travail par rapport aux distractions sensorielles - N’oubliez pas d’inclure des pauses régulières pour éviter une surcharge sensorielle et, si nécessaire, proposez un espace temps calme dans lequel la personne pourra s’isoler.
Des ressources pour les demandeurs d’emplois
Des coachs pour l’intégration en entreprise
Certaines régions de France ont mis en place dans le cadre du 4e plan autisme des accompagnements afin de favoriser l’inclusion professionnelle des demandeurs d’emploi autistes. C’est le cas du Pôle emploi des Pays de la Loire qui expérimente cet accompagnement spécifique, avec notamment la mise en place de « job coaches » pour sécuriser l’embauche.
15 conseillers en agence, répartis dans chaque département de la région sont dédiés à cet accompagnement. Durant la période d’expérimentation, de septembre 2018 à décembre 2019, 80 personnes autistes pourront être accompagnées vers un futur emploi et tenter d’intégrer ainsi une entreprise en toute sécurité.
Ce coaching aura notamment pour objectif de préparer l’employeur et les salariés de l’entreprise à bien accueillir leur nouveau collaborateur tout en sécurisant cette personne sur le poste de travail.
Mais comment ça se passe un entretien d’embauche dans la tête d’une personne neuroatypique ? Voici une vidéo qui démontre les difficultés ressenties :
>> À lire aussi : « Vivre l’autisme avec Lali Dugelay ».
Des ressources pour les employeurs
Plusieurs associations ont édité des guides à l’attention des entreprises qui souhaiteraient accueillir un collaborateur neuroatypique. En voici une liste non exhaustive :
Randstad France et Autisme France ont développé en collaboration un guide pour aider les entreprises à en prendre conscience et à s’organiser pour capitaliser sur cette ressource. Au-delà de la loi sur le handicap, au-delà des objectifs de performance en matière de responsabilité sociale, il s’agit simplement de construire un cadre d’emploi pour les personnes autistes. Un bon processus de management des personnes avec autisme, c’est un bon processus de management tout court. Il y a plus de droit commun que d’exceptionnel !
Le Syndrome d’Asperger (SA) et l’autisme de haut niveau en milieu professionnel
Asperger Aide France, membre du Collectif Autisme, membre du Comité Consultatif National de réflexion sur l’autisme, conformément au Plan Autisme du 16 mai 2008, présente ce guide d’information sur le Syndrome d’Asperger, réalisé par Josef Schovanec, en vue de l’insertion professionnelle des personnes concernées en milieu de travail ordinaire.
Guide pratique de l’emploi accompagné
L’emploi accompagné est un dispositif d’accompagnement vers et dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Son objectif est de permettre un soutien des personnes en situation de handicap et de leurs employeurs qui soit souple, adapté à leurs besoins, mobilisable à tout moment du parcours. Il s’agit ainsi d’assurer l’accès, le maintien et l’évolution dans l’emploi.
Le guide SIMON : l’emploi accessible aux étudiants autistes
Élaboré par Handisup en concertation avec les étudiants, les familles et les employeurs (privés et publics), le guide S.I.M.O.N. (Solution Innovante à Mettre en Œuvre Nationalement) présente les situations de handicap que rencontrent le plus souvent les étudiants autistes en milieu professionnel. Il présente également des éléments de réflexion pour y remédier afin de préparer sereinement l’embauche ou l’accueil en stage.
Vous avez un profil neuroatypique et vous avez été embauché au sein d’une entreprise ? Racontez-nous votre expérience !