La méthode ABA, Applied Behaviour Analysis (« analyse appliquée du comportement » en français) fait partie des programmes d’intervention précoce auprès des personnes avec autisme. Elle permet d’augmenter ou diminuer certains comportements existants ou d’initier et développer de nouveaux comportements à l’aide de renforçateurs. Cette méthode s’est beaucoup enrichie et diversifiée depuis sa création. L’objectif de ce travail est de permettre aux enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme de progresser dans leurs apprentissages afin d’augmenter leur autonomie. Dans cet article, nous allons détailler une des procédures utilisées pour enseigner un nouveau comportement : la procédure de chaînage.
Qu’est-ce que le chaînage ?
Lorsque l’enfant doit apprendre un nouveau comportement, la méthode fait appel à deux procédures : le façonnage et le chaînage. Le façonnage permet progressivement d’atteindre le comportement souhaité par approximations successives. On récompense l’enfant sur ses progrès. Le chaînage, quant à lui, permet de décomposer un apprentissage en plusieurs « sous-unités comportementales » qui s’enchaînent selon un ordre défini.
Le chaînage est particulièrement utile pour enseigner des actions complexes qui nécessitent plusieurs petites actions à réaliser à la suite. Chaque action dépend de la réussite de la précédente. Par exemple, pour l’action « se laver les mains», il faut « ouvrir le robinet », « se mouiller les mains », « prendre du savon », « se frotter les mains », « se rincer les mains », « fermer le robinet », « prendre un papier ou une serviette », « s’essuyer les mains ». La chaîne se compose donc de 8 actions. On pourrait même aller plus loin en décomposant l’étape « se frotter les mains » en différentes étapes pour bien se frotter les mains partout. Pour enseigner une chaîne de comportements, il est donc primordial de faire dans un premier temps une analyse de tâche et de déterminer avec précision les différentes petites taches qui la compose.
Pour enseigner une chaîne de comportements, il est possible d’utiliser différentes procédures : le chaînage avant, le chaînage arrière et le chaînage total. Il est à noter que, pour l’enseignement de ces procédures, après chaque action réussie en autonomie, l’enfant est récompensé par quelque chose de plaisant pour lui (jouet, « bravo », etc.) de façon à renforcer le comportement, et toute autre réponse ou comportement incorrect est ignoré ou corrigé de façon neutre.
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Le chaînage avant
Lors du chaînage avant, à la première tentative, l’enfant avec autisme va être guidée sur la totalité de la tâche dans un premier temps, comme dans notre exemple ci-dessus sur les 8 actions. Lors de la deuxième tentative, la personne-guide lui laissera effectuer la première action de la chaîne en autonomie. Si l’enfant la réalise avec succès, il recevra une récompense. Il sera guidé pour la suite de la tâche (les 7 actions restantes dans notre exemple).
Lors de la troisième tentative, la personne-guide lui laissera effectuer la première et la deuxième actions de la séquence en autonomie. Si l’enfant les réalise avec succès, il recevra une récompense. Il sera guidé pour la suite de la chaîne.
Lors de la quatrième tentative, la personne-guide laissera l’enfant réaliser les 3 premières étapes de la chaîne en autonomie. S’il les réalise avec succès, il recevra une récompense. Il sera guidé pour la suite de la tâche. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que la tâche puisse être effectuée en totalité en toute autonomie.
Le chaînage arrière
Pour la procédure de chaînage arrière, on fait presque la même chose ! Dans un premier temps, on guide l’enfant sur la totalité de la tâche. Puis, lors de la réitération de la tâche, on guide l’enfant sur la tâche en le laissant réaliser en autonomie la dernière action de la chaîne. Si on reprend notre exemple du chaînage se laver les mains, on guide l’enfant durant les 7 premières actions et réalise en autonomie la dernière action, soit « s’essuyer les mains ».
Lors de la deuxième tentative, il sera guidé sur les 6 premières actions et devra réaliser en autonomie les deux dernières actions, soit « prendre un papier ou une serviette » et « s’essuyer les mains ». Ainsi de suite, jusqu’à ce que la chaîne soit réalisée en entier en toute autonomie.
Le chaînage total de la tâche
Le chaînage total de la tâche s’applique lorsque l’enfant maitrise une partie des actions qui la constitue. On guide donc l’enfant sur certaines parties de la tâche et on le laisse faire en autonomie celles qu’il maitrise. On estompera petit à petit la guidance sur les parties qu’il ne maitrisait pas au début en fonction de ses progrès. Le renforcement est donné à la fin de chaîne.
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Sources :
Chapitre 7 – Comment se créent et sont créés de nouveaux comportements, L’Analyse du Comportement et ses Applications, Site d’Olivier Bourgueil
Autisme, méthode d’apprentissage A.B.A, Agir pour l’autisme, 27 mai 2019
Accompagner vers l’autonomie, Jean-Philippe Piat, Aspie Conseil, 1 août 2020