Qui n’a jamais entendu le proverbe, « La musique adoucit les mœurs » ? Cette expression, attribuée à Aristote (Politique-Livre V), implique que la musique a un effet sur les mœurs par ses vertus éducatives et apaisantes. Des vertus éducatives ? Pourrait-on, dans ce cas, imaginer utiliser la musique comme outil de stimulation cognitive ou dans le développement des apprentissages ? Des recherches récentes ont mis en évidence les liens entre musique et troubles de l’apprentissage. Alors, voyons comment musique et orthophonie se combinent. Et découvrons ensemble les bienfaits de la musique dans la prise en charge des troubles des apprentissages. 

La musique, source de bonheur et de motivation

De nombreuses études ont montré le rapport entre la musique et les émotions. La musique, lorsqu’elle est appréciée, comme avec toute activité que l’on aime faire, provoque dans notre cerveau une réaction neurochimique, entrainant la libération d’hormones associées au plaisir comme la dopamine et l’ocytocine. Vous savez, ces hormones que l’on connait sous les noms d’hormones du bonheur ou de l’amour1 ! Des travaux ont également été réalisés pour observer les effets de la musique sur les performances motrices et/ou sportives. La plupart des études révèlent que l’écoute d’une musique  « motivante », pendant, avant ou après l’effort influence les performances sportives2.

Prends un bain de musique une à deux fois par semaine pendant quelques années et tu verras que la musique est à l’âme ce que l’eau du bain est au corps.

Oliver Wendell Holmes, écrivain, médecin, essayiste et poète américain du XIX siècle

Remédiation de troubles orthophoniques par la musique

On l’a dit, la simple écoute de la musique a un effet puissant sur le cerveau, mais c’est la pratique active d’un instrument qui a montré son efficacité sur la rééducation des troubles DYS. Certaines recherches se sont particulièrement intéressées à l’apport de la pratique musicale sur les capacités cognitives3.  D’autres études ont mis en évidence les bénéfices dans divers domaines comme les habiletés temporo-spatiales, les mathématiques, la lecture, le développement de la parole ou encore l’intelligence en général4 . L’apport bénéfique de la musique dans de nombreux apprentissages a plusieurs fois été prouvé par les neurosciences. Elles ont, notamment, mis en évidence les liens entre musique et langage. Le langage et la musique partageraient les mêmes réseaux neuronaux.

>> À lire : « Neurosciences : les bienfaits de la musique »

« Un enfant qui apprend un exercice musical avec un instrument met en relation la vision, l’audition et la motricité. Ce qui permet de développer les circuits importants pour la lecture, le calcul et l’écriture », explique le neurologue Michel Habib. Ce sont justement ces mêmes fonctions qui sont sollicitées pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

Deux chercheuses américaines ont montré qu’une exposition précoce à des rythmes musicaux procure une nette amélioration du langage et de la parole5. Certaines méthodes pédagogiques, telles que la méthode Montessori, ont d’ailleurs bien intégrer les bénéfices de la pratique musicale dans leurs enseignements.

Des tambours pour les enfants

Super tambour : Ce petit tambour doux en silicone produit un son à la résonnance douce. Idéal pour une initiation ludique au rythme sans trop heurter les oreilles des parents.

Baby drum : Un autre petit tambour animé pour permettre aux tout-petits d’explorer leur univers musical tout en développant la perception visuelle et en stimulant la motricité fine.

Musicothérapie et orthophonie

La musicothérapie désigne  » toute thérapeutique par des procédés musicaux6« . Elle repose sur l’utilisation de la musique comme support du geste, du mouvement, de l’émission vocale et verbale. Mais aussi comme vecteur émotionnel et sensoriel. Les applications thérapeutiques de la musique sont multiples. La musique constitue un moyen d’expression et de communication accessible par le plus grand nombre.

La musique peut représenter une aide dans le cadre de la prise en charge globale des troubles DYS et du TDAH notamment. Elle ne remplace cependant pas le travail orthophonique et doit venir en complément d’un suivi régulier. L’orthophonie utilise la musique pour favoriser le développement de la conscience phonologique, mais également pour améliorer le langage et maîtriser l’attention.

Des pistes pour les troubles DYS

Dans notre article « Comment la musique nous aide à apprendre », basé sur les travaux de Jonathan Bolduc, professeur et chercheur à l’université de Montréal, nous évoquons comment les activités musicales favorisent le développement de la conscience phonologique et plus particulièrement les habiletés à percevoir, segmenter et manipuler les rimes, les syllabes et les phonèmes. Les activités d’écoute, de discrimination sonore et les jeux rythmiques aideraient ainsi à stimuler le développement de la conscience phonologique avant l’entrée à l’école. De plus, nous l’avons mentionné plus haut, une pratique musicale régulière développe aussi les capacités motrices telles que la coordination des gestes, le tonus ou l’orientation spatiale. Parce que c’est tout le corps qui est sollicité. On peut donc imaginer un certain nombre de pratiques adaptées au traitement des différents troubles des apprentissages.

Pour la dyslexie

La dyslexie est un déficit durable et significatif du langage écrit. Souvent, les enfants dyslexiques n’arrivent pas à faire les différences entre des lettres qui se ressemblent et des sons similaires. C’est le cas des p et d ou des t et d, par exemple. Cette différenciation, qui peut paraître anodine, exige néanmoins une excellente synchronisation neuronale.

Grâce à la musique, l’enfant est exposé au traitement des sons. Il prend alors plus facilement conscience des variations de rythme et d’amplitude sonore qu’il retrouve au quotidien dans la parole. Reproduire des rythmes, des mélodies et des chants améliore leur mémoire de travail.

On pourra utiliser un ou plusieurs Boomwhackers pour des jeux rythmiques. Cet instrument original se compose de 8 tubes de longueurs et couleurs différentes, pour 8 notes. La couleur des tubes permet d’enseigner la musique sans utiliser le solfège. Ces tubes produisent un son quand on les frappe sur un objet ou sur une partie de son corps. Ce produit est idéal pour un travail de groupe, ces instruments originaux facilitent également l’écoute des sons.

Musique et apprentissage avec les Boomwhackers

>> Découvrez quoi faire avec les Boomwhackers

Pour la dyspraxie

Les jeux de rythme peuvent aider les enfants ayant un trouble développemental de la coordination (TDC, aussi appelé dyspraxie) à apprendre à dissocier gauche et droite, bras et jambes. Plus tard, lors de la pratique instrumentale, ils pourront travailler l’habileté manuelle d’abord grâce au carillon, puis avec l’instrument qu’ils auront choisi.

Un enfant joue avec des instruments de musique en bois

Partez à la découverte des instruments avec la mallette à percussion. La mallette comprend plusieurs cartes à télécharger pour réaliser diverses activités.

Les enfants TDA/H

Pour les enfants ayant un TDAH, la musique est souvent un catalyseur. La pratique de la musique peut apprendre à faire plusieurs choses en même temps : chanter et reproduire un rythme, frapper le tempo… Elle permet également de varier les activités : tantôt d’écoutes, tantôt motrices, pouvant être proposées pendant des séances d’éveil musical. La musique est un excellent moyen de mieux se contrôler et gérer son stress, de favoriser l’aspect social et d’instiller curiosité et motivation. Les progrès visibles favorisent une meilleure estime de soi !

Quel que soit le type d’activité musicale proposée, il est important de lui conférer un aspect ludique pour que l’enfant reste motivé et ait envie de poursuivre.

La musique dans la prise en charge de l’autisme

L’implication des fonctions cognitives

Il existe autant de personnes autistes que de formes d’autisme. C’est pourquoi on parle plus généralement de spectre de l’autisme. Il s’agit d’un trouble du neurodéveloppement caractérisé, selon le DSM-5, par « des déficits de la communication et des interactions sociales » et « un caractère restreint et répétitif des comportements et des intérêts ». Les enfants avec un TSA éprouvent souvent des difficultés pour se représenter leur schéma corporel et découvrir leur environnement. Autant de choses sur lesquelles la musique peut s’avérer un bon stimuli.

La musique comme outil d’autorégulation

La musique a des effets reconnus sur les émotions, elle augmenterait la sensibilité, la réceptivité, l’attention et la communication. Elle permettrait ainsi d’améliorer l’état d’éveil, en apaisant une agitation excessive, par exemple. Également elle peut aider à la régulation des émotions négatives et modérer l’expression physique des humeurs.

Utiliser la dynamique et la coordination des mouvements du corps peut également contribuer à améliorer la proprioception et donc la conscience de son corps.

Dans le cas des chansons, qui associent musique et paroles, l’écoute des rythmes et des mots peut faciliter le développement à venir de sa capacité à parler, mais aussi amener l’enfant avec autisme, alors mis en confiance, à une communication clarifiée.

Alzheimer et musique

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui détériore progressivement les facultés intellectuelles et les capacités d’adaptation des personnes concernées. Quel est donc le lien avec la musicothérapie ?

Agir sur la mémoire et les souvenirs

On sait désormais que la musique stimule le cerveau et que celle-ci a des effets sur le développement des apprentissages. Des études récentes ont mis en évidence que la musique, et en particulier le chant, affecte également le système cognitif des personnes ayant la maladie d’Alzheimer, en agissant sur la mémoire et les souvenirs.

La musique, en agissant sur les pensées positives, permet de raviver certains sentiments et des émotions vécues. En activant le système de récompense elle favorise la production « d’hormones du plaisir » et permet ainsi de réduire l’anxiété, les angoisses et l’agitation des malades. La musique est aussi un excellent vecteur de lien, elle permet de communiquer avec les personnes qui nous entourent et par conséquent de réduire l’isolement social.

Musique et neurosciences

Dans notre article, « Neurosciences : les bienfaits de la musique« , nous évoquions les travaux d’Hervé Platel, professeur de neuropsychologie exerçant à l’université de Caen. Il a démontré par ses recherches que la musique est étonnamment bien retenue par les personnes ayant une amnésie majeure. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer notamment, des personnes qui écoutent une musique sont capables de la fredonner plusieurs mois après. Il semblerait que le cerveau fasse preuve d’une mémoire musicale inconsciente très performante !

Des personnes âgées et des membres du personnel soignant jouent d'instruments de musique

>> Découvrez d’autres activités pour stimuler les malades Alzheimer

Les pouvoirs de la musique sont étonnants ! Comment intégrez-vous la musique dans votre quotidien ? Représente-t-elle un soutien dans vos activités ou celles de votre enfant ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire.


Sources :
1 Anon. Dopamine ou pourquoi la musique fait du bien. Santé log. 22.01.2011
2 H.Chtourouab W.Briki A.Alouiad T.Drisse N.Souissia A.Chaouachia. Relation entre musique et performance sportive : vers une perspective complexe et dynamique. Science Direct. 03.06.2015
3 M. Habib M. Besson. Langage, musique et plasticité cérébrale : perspectives pour la rééducation. Semantic Scholar. 2008
4 E. Glenn Schellenberg. Music Lessons Enhance IQ. SAGE journals. 08.2004
5 T.C. Zhao P.K. Kuhl. Musical intervention enhances infants’ neural processing of temporal structure in music and speech. RsearchGate. 05.2016
6 G. Ducourneau. Éléments de musicothérapie. CAIRN INFO. 2014

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