SYLVIE HAZEBROUCQ, créatrice de l’infirmerie à émotions est une touche à tout ! Journaliste, auteur jeunesse, plasticienne, cette passionné d’art cherche par l’image, le son, les volumes, les ateliers, les livres, les expositions, les objets, et autres supports parfois inattendus, à donner corps aux émotions. Mais aussi à considérer leurs conséquences, à imaginer des solutions d’urgence aux débordements qu’elles provoquent. Nous l’avons interrogée pour en savoir plus.
Sylvie, présentez-nous l’infirmerie à émotions
Il s’agit d’une installation artistique ludique et interactive proposant des supports variés pour « Transformer les Emotions en Créations ». Ainsi il est proposé à chacun de trouver sa propre façon de passer d’une émotion à une autre, avec des gestes simples, accessibles à tous, créatifs au sens de l’action. Par exemple, inventer des chorégraphies de la colère, des graphiques de la joie, une fanfare de la peur… Ces propositions sont valorisantes vous êtes toujours le meilleur dans votre catégorie puisque c’est vous qui l’inventez ! Cet absence de jugement est malheureusement de plus en plus nécessaire ! Vous évitez de cette façon de garder une émotion coincée dans le ventre ou de l’exprimer en entraînant des ennuis! Finalement vous vous servez de l’énergie mise en route par vos propres émotions pour en faire quelque chose de concrets, pour passer à une autre émotion plus agréable, pour mieux vivre avec vos débordements et avec les autres. C’est de la mise en scène immédiate, pour alléger le quotidien, si vous êtes trop souvent sujet à des soucis c’est un spécialiste qu’il faut voir ! Mon travail soutient le leur mais ne le remplace pas.
L’infirmerie des émotions s’adressent donc à tout le monde ! Les enfants de moins de 12 ans sont seulement plus ouverts à l’expression que les adultes et adolescents plus en retenus. Souvent les plus grands se servent des plus petits comme prétexte pour rentrer dans l’univers de l’infirmerie à émotion.
Vous avez notamment créé le détail le tapis de la colère
Oui, c’est un tapis défouloir ludique. En jouant tous passe plus facilement ! C’est un tapis pour délimiter un territoire d’expression. C’est une mise en scène immédiatement reconnaissable par tous, facilitant son utilisation en milieu collectif, par exemple. C’est un univers coloré dans lequel on entre en toute liberté : qui dit tapis, dit possibilité de s’asseoir, de s’allonger. C’est un univers où on relâche : on enlève ses chaussures pour entrer dans un mode hors tensions, plus détendu. On joue avec les motifs, les monstres au sol : il sont déjà couchés vous êtes forcement le maître. Ils sont de toutes les couleurs, de toutes les formes, vous pouvez trouver votre compte en évitant ceux qui ne vous plaisent pas si besoin. Vous pouvez en faire ce que vous voulez : les frapper avec les points, les mains à plats, les fesses, les pieds, inventer une chorégraphies en vous imposant un parcours, en inventant un rythme… Vous pouvez inventer des objectifs renouvelables à l’infini selon votre envie, votre humeur ceux avec qui vous partagez ce moment… Vous êtes le meilleur même le plus lent ou le plus sage si vous voulez seulement regarder les autres, vous êtes libres. La colère c’est le moment où vous avez la sensation qu’on s’introduit dans l’espace de respect que vous vous êtes fixés. A tort ou à raison peu importe ici, et c’est un autre sujet, c’est votre limite. Quand on pénètre ce périmètre psychique, ça vous agresse, vous réagissez. Si vous réagissez très fortement parce que vous avez l’impression qu’on entre trop dans votre périmètre, votre sang afflue dans les extrémités pour repousser l’intrus à l’extérieur. Donc les mains, les pieds qui peuvent taper, la voix qui monte, les mots qui sortent sans contrôle qui repoussent. Vous repoussez symboliquement naturellement tant que la tension ne sera pas un peu redescendue. Et vous ne pourrez pas discuter, comprendre une consigne… Vous voyez quand vous êtes énervés et qu’on vous dit « calme toi », il n’y a rien de plus énervant non ? Et ça ne marche pas, bien sûr, il faut d’abord se débarrasser de cette tension. Ici on s’en débarrasse de façon ludique, et créative, sans danger, et ensuite on revient si besoin sur les règles, les interdits…Parce qu’ensuite suite on peut entendre et comprendre ! Et ça tout le monde peut le faire, sur tapis ou ailleurs, il existe d’autres supports dans l’infirmerie à émotions suivant l’âge et le tempérament pour les plus introvertis, par exemple.
Les enjeux sont-ils les mêmes pour les enfants avec des besoins spécifiques ?
Pour les enfants avec autisme, on va créer selon les personnalités. C’est un moment de plaisir sans contraintes, une pause dans les soins. C’est surtout le tapis à buller qui convient parce que l’autisme provoque une acuité des sens différente. A travers ce tapis poétique et tactile, on s’évade selon son univers et on invente sans contrainte. C’est un support d’expression qui permet aussi aux accompagnants parfois de découvrir une réaction pouvant aider un enfant. Tous les enfants ne peuvent pas être participants malheureusement. Car certaines pathologies sont plus lourdes et plus complexes que d’autres. D’ailleurs, il existe même une installation au service psychiatrique de l’enfance de l’hôpital parisien Robert Debré aux unités des autistes, des hyperactifs et des anorexiques.
Un message à faire passer ?
Personne n’aime être le casse pied ! Les enfants vous indiquent souvent la solution si vous les écoutez bien, et tout le monde peut changer de regard sur les autres et sur soi-même : l’art et la création sont des bons soutiens pour tenter d’y parvenir je crois !
Vous souhaitez entrer en contact avec Sylvie pour organiser un atelier ou pour un autre projet ? Rendez-vous sur son site en cliquant ici ou envoyez-lui un email à s.hazebroucq@infirmerie-a-emotions.com.