Nous sommes bien d’accord, dans les temps pré-covid, il était déjà compliqué de faire patienter son enfant dans les files d’attente interminables aux caisses, ou tout simplement dans les rayons des grands magasins. Désormais, avec la limitation à un petit nombre de personnes dans tous les lieux publics et les magasins, les files d’attente s’allongent devant ceux-ci et peuvent durer encore plus longtemps qu’auparavant. Alors, comment faire patienter son enfant pendant ce temps ?
Être capable d’attendre, ça commence à quel âge ?
La capacité à attendre change beaucoup selon l’âge de l’enfant. Avant 1 an, un tout-petit ne comprend pas encore qu’il est une personne à part entière, séparée de son parent. L’attente est donc angoissante pour lui.
Jusqu’à 3 ans, un enfant réagit habituellement avec intensité lorsqu’on lui demande d’attendre, parce qu’il a de la difficulté à comprendre le point de vue de quelqu’un d’autre. Vous pouvez quand même l’habituer à patienter, mais vous devrez lui expliquer en termes très clairs pourquoi vous ne pouvez pas répondre à sa demande maintenant et lui offrir des repères concrets.
À partir de 4 ans, l’enfant comprend assez bien la notion d’attente et peut tolérer un certain délai avant que l’on réponde à ses besoins. Il est également plus autonome. Vous pouvez donc lui demander de s’occuper tout seul un petit moment.
>> À lire : Comment apprendre la patience aux enfants ?
Éviter les grands magasins autant que possible avec les enfants
Avant 6 ans, et même en dehors du contexte actuel, il est préférable de ne pas faire les magasins avec les enfants. Que ce soit dans les grandes surfaces, dans les centres commerciaux ou les rues commerçantes, les stimulations auditives, visuelles et olfactives y sont intenses et permanentes. Physiologiquement, un enfant de moins de 6 ans n’est pas « constitué » pour faire face à ces nombreux stimuli ; la gestion des émotions qu’impliquent ces différentes stimulations nécessite des connexions neuronales qui ne commencent à se mettre en place qu’entre 5 et 6 ans.
Préférez les achats en ligne autant que possible. Dans les grandes et moyennes villes, de nombreuses solutions ont été déployées par les magasins. Qu’il s’agisse de retrait des marchandises ou de livraison à domicile, même les plus petits commerces ont pris les devants sur la crise sanitaire en cours, en instaurant de nouvelles façons de consommer !
Les avantages ? Vous gagnerez du temps, et surtout, vous limiterez les risques de contamination avec vos enfants, tout en leur épargnant les longues attentes dans les files.
Si vous n’avez pas cette possibilité, vous pouvez peut être confier votre enfant à un tiers de (famille, ami·e, voisin·e…) afin de vous éviter à tous les deux d’endurer ces moments désagréables, et pour vous qui au final ne serez pas serein·e, et à lui.
Privilégier les commerces de proximité et les circuits courts
Certains commerçants proposent même des rendez-vous pour leurs clients afin de leur éviter d’attendre dans une file sans fin. Privilégiez les petits commerçants du centre de vos villes et faites deux bonnes actions en une : les soutenir après cette période particulièrement difficile pour eux et avoir un certain confort pour réaliser quelques achats seul ou presque, puisque les commerces sont limités en nombre de clients.
Appelez votre boucher, votre poissonnier ou votre boulanger préféré pour qu’il vous mette ce qu’il vous faut de côté : vous limiterez ainsi le temps passé à l’intérieur de son échoppe et n’aurez plus qu’à régler votre achat. Des coopératives de producteurs de fruits et légumes s’organisent également pour créer des paniers tout prêts avec des fruits et légumes de saison. (Voir ici la carte des commerces bio, circuits courts, AMAP, élaborée par le mouvement Colibris).
Et si on n’a pas le choix ?
Lorsqu’on élève seul·e son enfant et que l’on n’a personne pour en prendre soin le temps d’une course, il est essentiel de préparer cette sortie en amont. Dans un premier temps, évitez les heures où il y a le plus de monde. On voit encore des files d’attente interminables en plein après-midi sous un soleil de plomb à l’arrivée des beaux jours. Privilégiez les débuts de matinée, à l’ouverture ou les fins de journées : ces périodes, surtout en début de soirée, sont celles où il y a le moins de clients. N’hésitez pas à appeler les magasins en question pour connaître l’affluence dans leur magasin.
- Prévenir en amont la sortie dans les magasins en rappelant les consignes (l’obligation du port du masque pour protéger les autres, l’interdiction de mettre ses mains partout, la distance de sécurité, les gestes barrières…)
- Pensez aux masques et au gel hydroalcoolique,
- Prévoir un casque anti-bruit,
- Anticiper la fatigue, la faim, la soif et le besoin de bouger de votre enfant,
- Prévoir un jeu ou un livre, des fidgets…
- Ne pas oublier chapeau et lunettes de soleil lorsqu’il est nécessaire d’attendre à l’extérieur du magasin,
- Prendre de quoi boire et grignoter,
- Dans la file d’attente, inventer des jeux pour occuper l’attention et mobiliser l’attention des enfants tout en s’amusant,
- Pour que l’enfant soit apaisé, regardez-le tendrement, passez votre main dans ses cheveux ou faites-lui un câlin. Ces gestes, affectueux, provoquent la libération d’une hormone apaisante dans le cerveau : l’ocytocine.
À quels jeux jouer pour s’occuper ?
Les jeux oraux
Les enfants adorent jouer ! Profitez de ce moment pour vous amuser ensemble ! Que ce soit avec des devinettes, un « Ni oui, ni non », un « Cherche et trouve » un « Jacques a dit » ou un « Qui est-ce ? » grandeur nature dans la file d’attente, de nombreux jeux sont possible et permettront à votre enfant de développer ses facultés de réflexion, d’observation et de langage !
Les jeux avec les mains
Et si on faisait une bataille de pouce ? Pas besoin d’accessoire pour les jeux de mains, votre enfant deviendra bientôt incollable à « Pierre-papier-ciseaux » !
Les jeux de mémoire
« Quand je vais au marché, je mets dans mon petit panier… » Chacun votre tour, ajoutez un aliment dans votre panier imaginaire sans oublier de réciter tous ceux qui y sont déjà. Ce qui veut dire qu’à chaque fois on recommence à A et qu’on ajoute un aliment pour allonger la liste. Un excellent exercice pour développer la mémoire immédiate, la concentration, le langage et l’imagination.
Les livres
Laissez l’enfant choisir entre son livre préféré qui pourra le rassurer ou le dernier livre acheté qu’il n’a pas encore eu le temps de dévorer !
Les jeux de voyage
Parce que c’est devenu une grande expédition que de faire ses courses post-confinement, vous allez pouvoir prendre avec vous des jeux faciles à transporter où aucune pièce ne peut tomber !
Perplexus : un casse-tête rond composé d’une bille et de plusieurs parcours possibles. Cette sphère contient différents défis qu’il faut relever les uns à la suite des autres. Ce jeu permet de développer la motricité fine, la précision et la concentration.
Tortue multicolore : un jeu coloré et ludique où l’on doit ramener les billes sur l’écaille de la couleur correspondante à l’aide du stylet. Un jeu idéal pour travailler la coordination œil-main, la précision du geste et l’apprentissage des couleurs et du tri.
Les fidgets
Les fidgets sont idéals pour les enfants qui ont la bougeotte et qui ne peuvent tenir en place. Petits et ne prenant pas de place, vous pouvez en glisser plusieurs dans votre sac et les proposer à votre enfant dans la file d’attente ou durant votre magasinage.
Fidget Twist : Un petit fidget très discret que l’on s’amuse à tordre, créant ainsi de nombreuses formes et figures. Les blocs en bois sont attachés ensemble grâce à un élastique qui permet de les bloquer et de les orienter.
Fidget pentagone : 12 faces en forme de pentagone qui offrent chacune une stimulation tactile, vestibulaire ou proprioceptive pour occuper les doigts ! Non silencieux.
Les écrans, en dernier recours
En cas de force majeure, de crises incontrôlables et une fois que vous avez passé en revue toutes les solutions qui s’offraient à vous, peut-être que vous pouvez envisager 5 minutes d’écran.
>> À lire : Conseils pour une utilisation raisonnée des écrans
Que faire en cas de « crise » de l’enfant ?
Nous appelons ici « crise » ce qui est en réalité un trop-plein émotionnel. Un cerveau sur-stimulé, c’est comme un ordinateur qui bogue. Les « crises », souvent interprétées à tort comme des caprices, sont juste une réaction à un état physique. Voici quelques conseils et astuces pour désamorcer ces moments difficiles pour les enfants et pour les parents.
- Rester calme : le stress est contagieux, le calme est apaisant.
- Proposer un câlin : un contact rassurant, c’est sécurisant.
- Créer une bulle avec son enfant, ignorer le regard des autres.
- Privilégier les phrases positives tout en restant ferme sur votre refus. Eviter le mot « non ».
- Décrire : inciter l’enfant à verbaliser la situation, à mettre des mots sur ses ressentis. Prendre du recul sur les émotions et la situation aide à se calmer.
- Faire diversion : centrer l’attention de l’enfant sur quelque chose de précis (par exemple, fixer un objectif sous forme de jeu).
- Sortir du magasin si besoin. Changer de lieu aide à changer d’émotion : à l’extérieur, il y a moins de « sur-stimulation ».
J’ai un enfant porteur de handicap
Les visites dans les centres commerciaux peuvent être stressantes pour les adultes et les enfants porteurs de troubles sensoriels et de handicaps. Le stress peut influer sur le comportement et sur la capacité d’une personne à faire des activités quotidiennes comme ses courses. La frustration ou l’anxiété peut être causée par le fait de ne pas comprendre la nécessité d’aller dans des magasins.
Qu’on ait des besoins spécifiques ou non, on peut tous se sentir oppressé dans les centres commerciaux, remplis de sur-stimulations. Que va alors ressentir un enfant ayant une hypersensorialité ? D’autant que les enfants et jeunes adultes avec une hypersensibilité ou des troubles du spectre de l’autisme ne réalisent pas forcément pourquoi nous avons besoin de faire des courses. Voici quelques conseils qui vous seront utiles lorsque vous devrez vous rendre dans un centre commercial ou dans des boutiques avec votre enfant ou avec une personne hypersensible.
>> Une société + inclusive : le centre commercial et les grands magasins
La patience n’est pas innée, elle fait partie des étapes de développement de chaque enfant, et petit à petit, elle s’apprend. Rappelons que le déconfinement ne veut pas dire qu’il ne faut plus se protéger du Covid-19 et des autres virus lorsqu’on sort. Le virus est toujours présent, et des règles strictes sont encore à observer : port du masque, distanciation physique, lavage des mains régulier, gestes barrières… Tant que cela est possible, limitez les grandes surfaces et les magasins avec les enfants, en privilégiant seulement les achats essentiels. Préférez une sortie en pleine nature où la distanciation physique et les mesures barrières se feront sans encombre.