L’un des comportements du malade Alzheimer le plus fréquent (25 à 33 % des personnes malades), mais aussi le plus difficile à comprendre pour les aidants, est le comportement d’errance ou de déambulation. Il peut apparaître aux premiers stades de la maladie et doit être repéré rapidement afin de prévenir tout danger encouru par la personne concernée. Découvrez dans cet article les causes possibles du comportement d’errance et quels solutions et aménagements mettre en place pour améliorer le bien-être au quotidien de la personne et des aidants. 

Qu’est-ce qu’un comportement d’errance ?

Un homme âgé marche sur une route déserte

La personne peut déambuler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit et pendant plusieurs heures, ce qui peut être particulièrement difficile à gérer pour les aidants car la déambulation augmente le risque de chute et surtout de « fugues ».

Cette errance peut prendre plusieurs formes :

  • sans but, imprécise, sans destination
  • avec un but précis
  • nocturne, souvent associée à des troubles du sommeil ou à une incapacité à distinguer le jour de la nuit
  • complexe, accompagnée de gestes répétitifs

Ces comportements peuvent se révéler de plus en plus problématiques au fur et à mesure que la maladie se développe. Les personnes sont désorientées dans des endroits familiers. Elles oublient leur nom ou leur adresse et risquent de se perdre, de se mettre en danger…

« La déambulation concerne entre un quart et un tiers des personnes souffrant de cette maladie ou de troubles apparentés », indique la professeure Sylvie Bonin-Guillaume, gériatre aux Hôpitaux de Marseille et membre de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG).1

Plusieurs causes

Un homme âgé assise face à un lac

Il n’existe pas une cause unique à cette déambulation. « La principale explication est l’altération des fonctions du lobe frontal, c’est-à-dire des fonctions qui contrôlent nos instincts et nos réflexes primaires. Et marcher fait partie de ces réflexes primaires moins bien contrôlés du fait de la maladie », explique le professeur Pierre Krolak-Salmon, neurologue et gériatre au CHU de Lyon, président de la Fédération des centres mémoire1.

D’autres causes peuvent amener le malade à ce comportement d’errance :

  • Un nouvel environnement qui rend la personne hésitante et désorientée.
  • La perte de mémoire : la personne oublie la destination et la cause de son déplacement.
  • Le trop-plein d’énergie.
  • Le stress, l’anxiété, l’agitation.
  • L’ennui et la solitude : déambuler peut être une manière de s’occuper.
  • L’inconfort ou une douleur.
  • La faim.
  • La recherche du passé : la personne part à la recherche de quelqu’un ou effectue une ancienne routine comme promener le chien, aller au travail, etc.
  • La confusion jour-nuit.

>> Lire aussi : « Le syndrome crépusculaire chez le malade Alzheimer »

Solutions et aménagements

Certains outils, comme les fidgets, peuvent atténuer ces comportements. Ce sont de petits objets à manipuler qui vont permettre de canaliser l’anxiété et la frustration en proposant un exutoire physique occupant les mains.

  • Essayer de déterminer si la personne ressent une douleur quelque part.

>> À télécharger : « Alzheimer et douleur : 4 outils pour aider à en parler »

  • Lui proposer de marcher lors de promenades effectuées toujours à la même heure afin de créer une routine et répondre à son besoin d’activité physique.

>> À lire aussi : « Prévenir les chutes chez les personnes âgées »

  • Rythmer les journées à l’aide de routines pour le lever, la toilette, le repas et les rendre facilement accessibles avec des supports visuels.
  • Maintenir un rythme veille/sommeil en proposant des activités toniques le matin et plus relaxantes en fin de journée.
  • Faire en sorte que l’environnement soit calme et apaisant. Pourquoi ne pas créer un coin ou un espace inspiré de Snoezelen ?
  • Installer des horloges de type « Synopte » pour que la personne puisse mieux s’orienter dans la journée, notamment en cas de confusion jour/nuit.

Horloge Synopte

  • Déterminer les moments de la journée durant lesquels la personne est en errance. Proposez à la place des activités pour l’occuper.

>> Lire : « 10 activités pour les personnes avec des troubles neurocognitifs »

  • Proposer un lieu sûr où la personne pourra errer sans risque : par exemple, un jardin clôturé.
  • Mettre dans la poche des manteaux de la personne les informations sur son identité et son adresse.
  • Fermer les portes donnant sur l’extérieur. Vous pouvez également les camoufler avec un rideau, une décoration…
  • Placer hors de vue les objets en lien avec l’extérieur (par exemple, des clés). Songer à installer un dispositif émettant une alerte sonore lorsque la porte d’entrée s’ouvre.
  • Placer des étiquettes ou des pictogrammes sur les portes pour aider la personne à se repérer dans la maison.

Article publié le 9 février 2021. Mis à jour le 27 juin 2023.


Sources :
Quand les malades d’Alzheimer déambulent, La Croix, le 17/09/2019
Alzheimer : conseils pour protéger son proche de l’errance, Cap retraite, le 04/05/2018

Mathilde est coordonnatrice Tiers-Lieu chez Hop'Toys et rédactrice sur ce blog.

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