Il a été jugé par de nombreuses études que l’architecture pouvait avoir un véritable impact sur les personnes porteuses de Troubles du Spectre de l’Autisme ou tout autre trouble influant sur la sensorialité. De ce fait, il semble important de découvrir et comprendre les critères design d’une architecture sensory-friendly. Comment créer une telle architecture ? Comment rendre un lieu de vie plus inclusif et sensoriel ?
L’humain appréhende et comprend le monde à travers ses sens. Il est donc nécessaire de respecter tous les besoins sensoriels et de créer des lieux de vie adaptés à tous. Les personnes porteuses de troubles sensoriels expérimentent le monde différemment, plus intensément ; les sons paraissent plus forts, le toucher est plus sensible, les odeurs sont plus présentes, les lumières sont plus éclatantes et les couleurs sont plus colorées. Réduire et/ou améliorer les stimuli sensoriels est fondamental pour le bien-être de ces personnes.
Organiser, simplifier
Les espaces encombrés ou mal-organisés dissipent et polluent l’attention. Trop de stimuli sensoriels rendent la concentration et/ou la relaxation vraiment difficile. De ce fait, pour qu’un environnement soit sensory-friendly, il est essentiel qu’il soit organisé et simplifié.
Concevoir une salle adaptée et bien aménagée est une nécessité. Les choses doivent être en ordre, rangées, disciplinées et ordonnées. Privilégiez des espaces simples et épurés, avec le strict nécessaire. N’hésitez pas à user de quelques stratégies pour éviter la pollution visuelle. Pour offrir un espace de circulation plus large, vous pouvez mettre en place des murs incurvés, et préférer un chauffage au sol plutôt que des radiateurs – qui sont très encombrants.
Si besoin, utilisez des aides visuelles, de la signalisation, des pictogrammes et du braille. Rendez les lieux accessibles à toutes les personnes susceptibles de s’y installer. Veillez particulièrement à la sécurité de la personne, et éloignez les plantes toxiques de leur environnement ou tout autre élément non-sécurisé.
Par ailleurs, privilégiez un espace avec une bonne isolation thermique, permettant à la personne de ne pas être trop exposée au chaud et au froid extérieurs.
Dites non à la pollution sonore
Il est très important de lutter contre les nuisances et distractions sonores. En effet, pour une personne porteuses de troubles sensoriels, l’ouïe est généralement plus fine et sensible. Il faut donc prendre soin de ses oreilles, pour éviter une surcharge auditive et émotionnelle.
Pour réduire le bruit, il est possible de choisir différents revêtements de sol. Que ce soit une moquette ou un tapis, il est possible d’étouffer les sons et d’alléger la charge auditive. Cependant, veillez cependant à choisir un tissu facile à nettoyer mais, surtout, aux propriétés allergènes et antimicrobiennes.
Il est également possible d’installer un faux-plafond pour réduire les bruits du dessus, d’isoler les mur avec de la penture anti-bruit ou une contre-cloison, de se protéger des sons extérieurs avec du double-vitrage, de calfeutrer sa porte d’entrée… Tous les moyens sont possibles pour rendre l’environnement sonore plus agréable pour tous !
[Notons également que des protections sonores permettront également de se protéger des changements de température extérieurs!]
Le choix des couleurs
Veiller à ce que le décor ne soit pas trop coloré et choisissez judicieusement les couleurs, car les couleurs semblent plus vibrantes et intenses pour les personnes porteuses de troubles sensoriels
Chaque couleur peut provoquer une réaction différente ; toutes les couleurs peuvent évoquer quelque chose de plus ou moins difficile ou plus ou moins apaisant. Le rouge, par exemple, est une couleur particulièrement vive et puissante. Pour une personne atteinte de troubles sensorielles, c’est une couleur qui peut vibrer avec une forte intensité ou même sembler fluorescente, ce qui peut êtte particulièrement douloureux ou mener à la colère. Le blanc, lui, reflète et réfléchit ce qui l’entoure et peut alors provoquer fatigue oculaire et agitation psychique. En comparaison, le bleu est une couleur fraîche, calme et paisible, comme un anti-stress. Le rose peut apporter du confort , et le vert peut apporter équilibre et harmonie à son environnement. Quoi qu’il en soit, il est toujours préférable d’opter pour des teintes pâles, pastelles, douces.
Il est possible de combiner plusieurs nuances de la même couleurs comme, par exemple, mêler du brun clair, du brun moyen et du brun foncé. Il est également possible de jouer avec des couleurs analogues, à savoir trois couleurs placées côte à côte sur la roue chromatique ; par exemple bleu/bleu-vert/vert.
Par ailleurs, n’oubliez pas que la couleur d’un espace doit convenir à son utilisation. Chaque lieu doit être approprié à l’activité qu’il y est faite. La chambre, par exemple, doit être propice au repos. Il faut donc y éviter les distractions visuelles, et privilégier des couleurs douces et tranquilles telles que les nuances de violet, bleu ou vert.
Le choix de la lumière
Les yeux des personnes porteuses de troubles sensoriels sont particulièrement sensibles. Comme pour la couleur, une lumière adaptée est primordiale pour le bien-être de tous.
Les niveaux excessifs de lumière artificielle et la lumière directe sont très gênants pour les personnes porteuses de troubles sensoriels. En plus d’être douloureux, cela les empêche de se concentrer. Il est donc nécessaire d’atténuer les lumières et de réduire la lumière directe au maximum. De ce fait, il est possible d’opter pour un éclairage LED qui, plus proche de la lumière naturelle, favorise la productivité et la concentration – idéal pour la maison comme pour la salle de classe. Également, un éclairage ambiant ou diffus réduit généralement les reflets.
Halte aux textures et motifs trop stimulants
Malgré des choix de lumière et de couleurs judicieux, les personnes porteuses de troubles sensoriels peuvent encore souffrir et, ce, à cause d’un autre élément visuel. Il s’agit des textures et motifs qui, souvent appréciés de l’oeil neuro-typique, peu rapidement devenir une nuisance visuelle pour la vue des personnes porteuses de troubles sensoriels. En effet, les images et représentations graphiques peuvent être beaucoup trop stimulantes, et leur faire perdre le regard. Il faut réduire la quantité de stimuli visuels, et privilégier des motifs minimalistes.
En ce qui concerne les textiles, cela varie beaucoup d’une personne à l’autre. Dans ce cas précis, il faut tester plusieurs solutions, que ce soit les textiles chauds et « flous » ou les surfaces froides et lisses. Une fois la préférence définie, il faut la suivre, et éviter tout ce qui en est trop éloigné. Favoriser le toucher avec des textures et surfaces appréciées mènera à l’apaisement de la personne porteuse de troubles sensoriels.
Et vous, avez-vous déjà expérimenté une architecture sensory-friendly ?
Sources :
Ulrike Altenmüller-Lewis, Designing Schools for Students on the Spectrum, The Design Journal, 2017
Denise Turner, « Color and Autism », The Official Enduratex Blog, 18 avril 2017
Junik Balisha, Autism friendly design, TESI, 13 novembre 2017