Chez Hop’Toys nous avons récemment lu le livre d’Anne-Sophie Ferry, Le Royaume de Tristan. Nous avons lu ce livre avec beaucoup de compréhension et d’empathie. Suite à cette lecture, nous avons souhaité partir à sa rencontre afin d’en savoir plus sur son histoire mais aussi les méthodes comportementalistes pour sensibiliser mais aussi apporter des réponses à notre communauté.
Pour approfondir un maximum ces sujets intéressants nous avons décidé de couper l’interview en 3 parties distinctes qui correspondront à 3 articles sur notre blog.
Avant de débuter cet article nous souhaitons remercier Anne-Sophie Ferry qui a pris le temps de répondre à toutes nos questions de la manière la plus complète possible. 🙂 Encore Merci !
Petit retour sur l’histoire d’Anne-Sophie et de Tristan :
« A l’âge de 4 ans, Tristan hurle, se roule par terre, casse tout, est incontinent et ne parle pas. Aucun diagnostic n’est posé et il est interné à l’asile psychiatrique devant l’incompréhension de ses parents. » Anne-Sophie, sa mère, découvre que Tristan est porteur de troubles autistique. Suite à cela, elle décide de se former aux approches comportementales comme l’ABA et le Verbal Behavior pour ne pas laisser son fils interné. Grâce à ces méthodes elle apprend à son fils à apprendre à et à développer des compétences.
Anne-Sophie, pouvez-vous nous dire en quoi consiste concrètement l’ABA ?
Il est aussi difficile de résumer la chirurgie en 15 lignes, que l’ABA, qui est un traitement répondant aux critères scientifiques; je m’excuse à l’avance du raccourci très succinct qui va suivre…
L’ABA (Analyse du Comportement Appliquée) consiste à modifier les contingences qui précèdent et suivent un comportement cible, afin de changer ce comportement. En clair, dans la vie de tous les jours, tout ce que nous faisons, allumer le chauffage par exemple, a une cause (stimulus environnemental: il fait froid, pour continuer dans mon exemple), et a aussi une conséquence :
- Récompense/renforcement: le chauffage réchauffe la pièce, ce qui nous amènera à l’allumer de nouveau quand on a froid)
- Punition: le chauffage coûte cher, ce qui nous amènera à ne pas le mettre fort ou le mettre moins souvent par exemple.
Partant de ces principes de renforcement entre autres, l’ABA développe de très nombreux outils, qui visent à réintégrer les personnes avec troubles du comportement, vers une adaptation à leur environnement, ce par le biais d’apprentissages.
Pouvez-vous nous citer un ou des exemples concrets réalisés avec Tristan ?
Tristan par exemple, n’était pas propre à 7 ans et refusait, par des crises terribles, de rentrer dans les WC, ou s’asseoir sur un pot. Lorsque j’ai voulu amener Tristan à faire pipi aux toilettes, j’ai d’abord évalué ses références (en l’occurrence des bonbons) puis je l’ai mis en « déprivation » (quelques jours sans bonbons) afin que cette préférence devienne plus désirée donc plus puissante, et qu’il ne soit pas en satiété. Il les réclamait mais je ne lui en donnais pas ( mère cruelle!); 3 jours plus tard je lui ai dit » Tristan, va voir il y a des bonbons dans les toilettes », il y a foncé bien sûr ! il lui était alors très facile de l’asseoir sur les WC pendant qu’il déballait ses bonbons, tandis que ça aurait été impossible en temps normal.
Lorsque l’enfant est motivé, il apprend mieux; utiliser l’éducation classique par la contrainte (le contrôle aversif) mène souvent à l’échec à long terme. Le renforcement et les apprentissages à partir des motivations sont les bases de l’ABA.
Dans votre livre vous expliquez qu’il n’existe pas une méthode miracle, mais qu’il faut surtout s’adapter à chaque enfant. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, mais ce n’est que mon avis: chaque approche comportementale (il y en a plusieurs) a ses points forts.
Par exemple, le TEACCH propose de faire travailler chaque type de compétence dans un temps et un endroit prédéfinis; cette structuration systématique de l’espace et du temps est très rassurante pour certains enfants, alors que d’autres ne le supporteront pas et préfèrent une stratégie plus souple: comme travailler par exemple dans la cuisine ou sur un tapis, au gré de leurs envies. Le thérapeute VB en particulier, évaluera l’endroit où l’enfant veut travailler.
J’essaie de rappeler aussi dans mon livre que l’ABA étant un domaine scientifique, est évolutif: outre le PECS et le VB relativement intégrés en France, l’analyse appliquée a suscité des recherches et donc un grand choix de protocoles intéressants qui sont moins connus ici, et très utilisés ailleurs, citons principalement le PCM (gestion des crises), et le « calm count » (pour améliorer la tolérance à la frustration).
Je crois qu’il serait important enfin, d’intégrer systématiquement des approches sensorielles ayant une certaine efficacité au niveau de la relaxation, et par conséquence favorable aux interactions, telles que le Snoezelen ou la Sophrologie. C’est souvent un aspect oublié par certaines thérapies.