Accueillir un enfant avec autisme (TSA) dans sa classe pour la première fois sans avoir reçu de formation spécifique amène à une réflexion. Dans cet article, nous vous donnons quelques conseils et solutions très simples et concrets pour faire de petits aménagements qui feront la différence. De plus, sachez que ce que vous mettrez en place sera utile pour cet élève, mais aussi bénéfique pour tous !

Apprendre à connaître le trouble du spectre de l’autisme

Si vous êtes en train de lire ce billet, c’est que vous avez déjà fait un premier pas pour vous informer. Sachez tout d’abord que les troubles du spectre de l’autisme sont des troubles neurodéveloppementaux qui affectent les habiletés sociales, la communication et le comportement de l’enfant.

L’autisme est un spectre, ce qui signifie qu’un large spectre de personnes entre dedans. Chaque enfant est différent. C’est un trouble qui se manifeste d’une myriade de façons. Leur expression des désirs et des besoins est différente. Certains auront de grandes compétences verbales, tandis que d’autres seront non verbaux. Certains pourront continuer à aller à l’école, d’autres iront dans des structures d’accueil spécialisées ou des IME.

Les ressources

Sur notre blog, vous trouverez de nombreuses ressources gratuites pour comprendre ce qu’est l’autisme. Pour y accéder, tapez dans la barre de recherche les mots clés suivants : « autisme », « TSA ».

Vous pouvez également vérifier vos connaissances avec « Mon p’tit quiz sur l’autisme ».

Enfin, pour en savoir plus, il existe un certain nombre d’ouvrages qui pourraient vous être utiles. En voici quelques-uns.

100 idées pour accompagner un enfant avec autisme : L’enfant avec autisme est un enfant qui, comme tous les enfants du monde, a droit à l’éducation et à l’accès au savoir. Le principe est simple, mais sa mise en place reste compliquée tant les manifestations de ce trouble sont variées. 100 idées pour mieux accompagner et conseiller les personnes qui s’occupent de l’enfant avec autisme, au premier rang desquelles se trouvent les parents, et pour aménager l’environnement afin de faciliter la vie de l’enfant.

Scolariser un enfant avec autisme : Élisabeth BINTZ s’appuie sur son expérience d’enseignante spécialisée, puis de conseillère pédagogique et d’inspectrice dans l’Adaptation Scolaire des élèves en situation de Handicap, pour donner des repères aux enseignants « ordinaires » qui doivent aujourd’hui accueillir des élèves avec autisme dans leur classe. Le livre tente de répondre à deux questions fondamentales : « Pourquoi et comment scolariser ces élèves ? Un « manuel pédagogique » qui concerne aussi les parents soucieux de suivre la scolarité de leur enfant et de comprendre les problèmes qu’il rencontre à l’école.

>> À lire aussi : « TSA : compréhension neurodéveloppementale »

Apprendre à connaitre un élève avec autisme

Les enfants avec autisme sont gênés dans leurs comportements visibles pour interagir avec leur environnement et être autonomes. Ils ont également des particularités sensorielles. Il est plus difficile pour eux de sentir, comprendre et organiser à partir des informations sensorielles qu’ils reçoivent. Ils ont des difficultés à filtrer les informations et cela peut les mettre en surcharge sensorielle, les empêcher de rassembler les informations nécessaires à la compréhension d’une situation et ainsi pouvoir organiser une réponse « appropriée ».

Ce qui fonctionne avec une personne avec autisme ne fonctionnera pas forcément nécessairement avec une autre. Il n’existe pas un ensemble de règles à suivre. Il est donc essentiel de connaître le mieux possible l’enfant. Prenez le temps d’observer l’élève, de recueillir des informations pour connaitre ses points forts, ses déclencheurs, etc.

Les personnes-ressources

Pour cela, les premières personnes à interroger sont les parents. Ils le connaissent depuis toujours et seront vos meilleurs alliés pour vous aider à connaître les besoins et les modes de fonctionnement de leur enfant. Il peut être également intéressant de consulter, si vous le pouvez, l’enseignant de l’année précédente, ainsi que l’enseignant référent des élèves en situation de handicap (ERSH), puisqu’il suit souvent l’enfant depuis plusieurs années.

Les intérêts spécifiques

Qu’est-ce qu’un centre d’intérêt spécifique ? Il s’agit d’une préoccupation, d’une passion pour un ou plusieurs domaines ou objets comme les voitures, les piles, les animaux marins, les dinosaures… Dès lors qu’on s’appuie sur ses centres d’intérêt spécifiques, l’enfant avec autisme – ou non –  est beaucoup plus réceptif aux apprentissages. Faites-en un atout !

>> À lire : « TSA : Les centres d’intérêt spécifiques »

Adapter sa communication

Que l’enfant soit verbal ou non, la communication peut être complexe. Néanmoins, quelques petites adaptations simples permettront de faciliter les échanges.

Pour faciliter la compréhension, il est préférable de privilégier des phrases courtes et d’éviter la négation. Si vous avez plusieurs consignes à donner à l’élève, allez-y étape par étape afin qu’il ne se perde pas. De plus, des aides visuelles telles que les pictogrammes peuvent constituer une précieuse aide à la communication, à la fois pour vous et pour l’élève.

>> À découvrir : « Toutes nos ressources en pictogrammes à télécharger »

Mettre en place une routine

Les enfants avec autisme ont plus fréquemment un besoin de structure et de routine. Il faut donc éviter les imprévus, qui peuvent être une source de stress importante et avoir pour conséquence une désorganisation, un comportement « inadapté » ou une rupture momentanée ou définitive des apprentissages.

Vous pouvez utiliser un Time Timer pour définir chaque temps d’activité et mettre en place un planning avec des photos ou des pictogrammes pour visualiser le déroulé de la journée. Le Time Timer sera également votre allié lors des moments de transition.

>> À lire : « Témoignage : Time Timer, son utilisation en classe »

Je sais à quoi m’attendre – à l’école : Avec le kit « Je sais à quoi m’attendre – À l’école », vous allez pouvoir aider votre enfant dans son autonomie grâce aux calendriers visuels hebdomadaires qui vont pouvoir fournir une structure et une orientation à la journée de l’enfant. Vous pourrez également les utiliser pour mettre simplement en avant les sections de la journée. 

Aménager la classe d’un point de vue sensoriel

Les personnes avec autisme peuvent avoir des troubles sensoriels. Ils peuvent être hyposensibles ou hypersensibles et, selon le cas échéant, respectivement en recherche de sensations ou en situation d’évitement.

Il existe des outils et solutions simples à mettre en place à l’école pour aborder l’environnement d’un point de vue sensoriel. Par exemple, pour les enfants qui sont gênés par la lumière, on peut mettre des filtres pour atténuer l’intensité de l’ampoule.

Pour les enfants qui sont vite surchargés visuellement, on peut réduire l’environnement visuel en le structurant un peu plus, par exemple avec une barrière pop-up. Il est également possible de limiter les affichages au mur, d’avoir des couleurs douces et claires au mur…

Pour les enfants qui sont en recherche de mouvement, on peut essayer de faire travailler l’enfant debout ou avec une assise dynamique.

Structurer l’environnement

Nous l’avons vu, la routine est importante pour un enfant avec autisme. De même, l’environnement doit être structuré de manière claire et prévisible. Chaque espace doit être consacré à une activité précise et le matériel toujours rangé à la même place. Cela permet à l’enfant de se créer des repères, nécessaires à la création d’un sentiment de sécurité et donc propices aux apprentissages.

Également, pour une personne avec autisme, chaque objet a sa fonction. Il sera difficile pour elle de comprendre qu’un verre puisse être utilisé pour boire un jour, et pour arroser les plantes un autre jour. Si votre espace est limité et que vous utilisez une table pour plusieurs activités, vous pouvez simplement différencier les activités en ajoutant une nappe de couleur. Par exemple, lorsque la table est utilisée pour l’écriture, elle est nue, lorsqu’elle est utilisée pour manger une collation, on y place une nappe ou un set de table.

La structure devra être présente également dans les activités. Vous pouvez par exemple adopter un code couleur (ici rouge et vert) pour le travail à faire et celui qui est terminé. Le travail à faire sera alors placé dans un panier rouge. Puis, lorsque l’élève a terminé celui-ci, il devra le placer dans un panier vert. Il faudra dans ce cas que le code couleur adopté soit toujours le même.

Mettre en place des solutions pour « se retirer »

Lorsque la stimulation sensorielle est trop importante, il faut que l’enfant ait à sa disposition des solutions pour s’isoler. Cela peut être des outils tels qu’un casque antibruit, un écran de concentration, une tente pop-up ou une cabane… Dans certaines écoles, il sera également possible de créer une petite salle sensorielle.

Émile peut s’isoler dans un local de « modulation sensorielle » lorsqu’il ne peut plus supporter l’effervescence de la classe. Ce lieu calme, où il peut se réfugier pour lire sous une chaise, a tout changé pour lui. « Il y va plusieurs fois par jour. Sinon, il ne pourrait pas fonctionner en classe », explique M^me Turbide, la maman d’Émile, élève TSA.¹ Extrait d’un article du Journal de Québec.com

 

Sensibiliser la classe

De façon générale, ce qui est conseillé, c’est d’en parler aux autres élèves. Vous pouvez, dès le premier jour de la rentrée, faire une présentation sur l’autisme, sans nécessairement désigner l’enfant concerné dans la classe. Il y a certains enfants qui sont extraordinaires et qui lisent une lettre ouverte devant la classe. Ça, c’est vraiment extraordinaire. Quand on fait cette sensibilisation, les enfants et les adolescents savent accueillir la différence. Souvent, les enfants savent mieux comprendre le handicap que les adultes. C’est une bonne nouvelle, je pense.
Josef Schovanec, philosophe et écrivain avec autisme

Pour en parler en classe, vous pouvez aussi vous appuyer sur de petits films à choisir en fonction de l’âge des élèves.

Voici deux articles-ressources :

>> Autisme : des petits films pour en parler

>> Autisme : des courts-métrages animés pour sensibiliser

Vous pouvez également mettre à disposition dans votre bibliothèque de classe des petits livres traitant du sujet :

Lolo : Ce livre fait partie de la série « au cœur des différences » qui sensibilise les enfants à la richesse des différences. Il traite de l’autisme à travers l’histoire de Laurent qui ne parle ni ne se comporte comme ses copains.

Laurent, c’est moi ! :Un joli livre sur l’autisme. Laurent possède une foule de connaissances sur les plantes, il excelle en mathématiques et il aime appeler les choses par leur vrai nom. Mais son comportement singulier lui donne parfois du fil à retordre avec ses camarades de classe. Est-ce que la sortie de fin d’année au Jardin botanique pourrait permettre à Laurent d’être perçu autrement ? Un album qui plonge dans le quotidien d’un garçon autiste de manière franche et sensible.

D’autres ressources qui pourraient vous être utiles

>> Lecture et autisme : conseils et activités
>> L’écriture chez les enfants porteurs de TSA
>> Utiliser les pictogrammes en production d’écrits
>> Accueillir un enfant porteur de TSA

Nous espérons que ces conseils et solutions vous seront utiles. Si vous enseignez et que vous avez d’autres conseils à nous partager, n’hésitez pas à le faire en commentaires !

^{Sources :
1- Intégration des élèves autistes: des écoles qui trouvent des solutions, JournaldeQuebec.com, Daphnée Dion-Viens, le 22 août 2021
15 petites choses à savoir pour bien accueillir un enfant autiste en classe, par Maitresseuh, le 6 août 2018
Scolariser un enfant avec autisme, concrètement que faire ?, Élisabeth Bintz, Éditions Tom Pousse}

^{Article publié le 2 septembre 2021 et mis à jour le 24 aout 2023}