L’empathie commence à faire parler d’elle… Mais l’empathie chez le jeune enfant est-elle vraiment innée ou est-elle le fruit de l’éducation ? Et une fois acquise, est-elle définitive ? Serait-ce une des clefs pour une société bienveillante ? Nous vous embarquons dans cette nouvelle réflexion  sur comment booster l’empathie chez le jeune enfant!

L’empathie est la capacité à identifier ses émotions et celles des autres, et la capacité à se mettre à la place de quelqu’un, au moins partiellement. Il y a une dimension émotionnelle et une dimension cognitive dans l’empathie (avoir une idée de ce que l’autre pense, ressent, ou souhaite faire). Elle a tout son intérêt dans notre société … Aujourd’hui, avec la montée du harcèlement, l’attitude empathique serait, à mon sens, un déclencheur de changement… On a donc tout intérêt à éveiller la génération future dans ce sens…

Un apprentissage possible pour un si jeune enfant ? 

De même, vous vous dites peut-être que le jeune enfant ne peut porter cet apprentissage empathique sur ses épaules de part son jeune âge Une conviction peut-être fondée sur les études bien connues de Jean Piaget, biologiste et psychologue, qui parle notamment de cette fameuse « phase égocentrique ». Selon Piaget, l’enfant  en dessous de 7 ans, ne pourrait pas, par « sa pensée centrée sur lui-même », prendre en considération l’autre et donc accéder à l’empathie. Ayant moi-même étudiée ces travaux lors de ma formation d’éducateur, j’avais tendance à penser comme vous … 

Dans un premier temps, laissez-moi vous partager une expérience vécue récemment durant mon tour du monde, pendant mon immersion dans une crèche au Laos. Vous voyez sur la photo un garçon de 17 mois et une fillette de 2 ans et demi. Le garçon se retrouve face à une activité dont le challenge est un peu élevé pour lui (trier les perles avec une baguette).  Je prends le choix de ne pas intervenir et de voir ce qu’il se passe. Il commence à taper des mains et froncer les sourcils … A ces bruits, la jeune fille se rapproche et lui sourit, lui dit quelques mots en Laotien. Il recommence l’activité et échoue. Elle lui sourit de nouveau. Il soupire en la regardant et lui tend la baguette. Elle réalise le début de l’activité, trie une perle puis lui redonne les baguettes. Il retente et réussit ! Ils se sourient mutuellement et savourent cette réussite commune !

On voit ici que sans demande précise, l’empathie se met en place ! En effet si l’accompagnement de l’adulte le propose, le potentiel naturel de l’enfant émerge ! 

comment booster l'empathie chez le jeune enfant

Une culture imprégnée d’empathie

De plus, mon voyage et mon expérience professionnelle m’ont permis de prendre conscience de manière profonde, que nos croyances et nos théorisations peuvent être parfois limitantes. Aussi, la culture et l’éducation asiatiques, dans lesquelles j’ai évolué durant 4 mois, sont clairement imprégnées de cet automatisme empathique, que ce soit chez les enfants ou chez les adultes. Et des exemples comme celui-ci j’en ai vécu tous les jours ! 

On voit alors au quotidien, des attitudes empathiques dans les crèches et cela dès … 10 mois.  Je me souviens de ce bébé, s’apercevoir qu’un autre bébé pleurait car il n’arrivait pas à prendre le bâton placé trop loin devant lui, et alors le premier bébé a rampé pour aller lui chercher

L’apprentissage empathique est donc possible pour les jeunes enfants ! 

Une capacité pour tous les enfants ou presque… 

Néanmoins, si il est vrai que tous les enfants ont ce potentiel, alors pourquoi réagissent-ils si différemment ? Je pense parce qu’ils n’ont pas le même environnement… On en vient aux conditions environnementales. A mon sens, une des conditions fondamentales pour accéder à l’empathie est : la sécurité affective. 

En effet, comme le souligne Boris Cyrulnik, médecin psychanalyste et psychiatre, dans le cadre du rapport des 1000 premiers jours « L’enfant ne peut être dans cette performance relationnelle uniquement si il est d’abord sécurisé. Car à défaut, sa priorité sera de se sécuriser lui-même. ». En d’autres termes, l’enfant doit évoluer dans un environnement calme, serein pour développer son potentiel empathique.  

Trouvons un argument pour prendre soin de soi!

Catherine Gueguen, pédiatre spécialisée dans le soutien à la parentalité, l’explique sensiblement d’une autre façon. Lors d’une conférence menée en novembre 2021, elle parle également de l’empathie en soulignant que « le stress est un obstacle au développement de l’empathie ». La sécrétion du cortisol (hormone de stress) empêcherait les connexions nerveuses vers le cortex insulaire antérieur (partie cérébrale rattachée à l’empathie).   

En conséquence, nous nous devons, en tant qu’adulte accompagnant, de prendre conscience de l’impact d’un environnement stressant mais aussi de réguler notre propre stress qui pourrait malmener l’évolution de l’enfant vers l’empathie. Alors pour bien accompagner les enfants, soyons aussi à l’écoute de nous-même et de nos limites …

Une capacité plus présente chez certains enfants… 

Ainsi donc, durant mes années d’expériences d’éducatrice, j’ai pu voir plusieurs enfants porteurs d’hypersensibilités. Ces enfants sont décrits souvent comme des enfants dont la sensibilité est « hors norme », ils sont vite dérangés par un contact très soutenu, par un bruit très élevé, par un changement très brutal… La théorie amène aussi souvent l’idée qu’il faut, pour ces enfants, adapter l’environnement pour quelque part diminuer leur sensibilité. 

Mais ce qui est, moins mis en avant c’est leur capacité à très vite sentir l’émotion de l’autre. Ce sont des enfants HYPER connectés à l’autre, et qui, par conséquent comprennent très vite ce que ressent l’autre (et aussi très vite touché par l’émotion de l’autre)… N’est ce pas de l’empathie ? Si bien-sûr ! 

Et là un champ des possible s’ouvre … L’enfant hypersensible serait le moteur pour faire émerger chez les autres enfants (par imitation) des comportements empathiques ! Quelle merveilleuse ressource, non ? Alors, gardons-le en tête Appuyons nous de leurs ressentis et permettons-leur d’être la source de solution, la source de coopération et d’entraide … « Oh tu as l’air triste pour elle, je vois ton comportement change, Viens on va l’aider, tu penses que si tu lui apportes cette fleur ça l’aidera ? ». Et par conséquent, ils sont donc un formidable exemple pour les autres enfants. 

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Une capacité à enrichir, encore et encore 

Aussi, je ne peux m’empêcher de me dire … comment se fait-il qu’en tant que parent ou professionnel nous ne voyons pas plus d’actes empathiques entre les enfants alors que cette attitude est liée à un potentiel naturel ? Ce constat met en lumière tout simplement l’énorme fragilité de ce pouvoir inné… . Je pense sincèrement que si l’empathie n’est pas nourrit AU QUOTIDIEN chez le jeune enfant, cette magnifique lumière risque de s’éteindre petit à petit 

En effet, de part mon vécu personnel de maman et professionnelle, je pense que seule la répétition des situations d’empathie permet d’inscrire cette qualité humaine dans la personnalité de l’enfant, de manière profonde et spontanée… 

L’idée est donc de créer des « réflexes empathiques » dans l’esprit de l’enfant PAR L’EXPERIENCE ! 

comment booster l'empathie chez le jeune enfant

L’empathie n’est donc pas une qualité acquise encore une fois, elle se nourrit !! Alors saisissons chaque moment de vie, pour renforcer cette capacité empathique. 

Pour finir, je vous ai confectionné une feuille de route « BOOSTER l’EMPATHIE CHEZ LE JEUNE ENFANT » où vous pourrez à la fois vous inspirer de pratiques développant l’empathie chez le jeune enfant et à la fois compléter par vos propres expériences. Finalement, cette fiche vous servira de fil rouge pour perfectionner votre posture d’accompagnant ! Et gardez en tête l’importance de la régularité ! 

Comme dit Catherine Gueguen « Le cerveau de l’enfant est très malléable « … » les relations qu’il vit avec les autres modifient son développement intellectuel et émotionnel. Ainsi, plus un adulte est bienveillant et empathique avec lui, plus il le sera ! ».

Alors, soyons aussi l’exemple empathique pour les enfants que nous accueillons ! 

9 occasion de booster l'empathie chez le jeune enfant


5 fiches à imprimer au format A4

En dernier lieu, pour aller plus loin, vous pouvez retrouver la conférence de Catherine Gueguen dans sa globalité juste ici !


Amélie Estienne

Hello tout le monde ! Moi, c’est Amélie ESTIENNE, je suis mariée et maman de jumeaux. Je suis également éducatrice de jeunes enfants depuis 13 ans, formatrice et coach parental. J’ai été formée entre autres à la CNV (Communication Non Violente), à la pédagogie Montessori et au management.

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