Le 26 août, nous vous avons proposé une heure de discussion en direct avec Aurélien D’Ignazio et Juliette Martin autour du développement psychomoteur des enfants. Ces deux experts psychomotriciens et auteurs du livre 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants nous ont délivré conseils et idées pour mieux comprendre la psychomotricité, ses enjeux, son champ d’action. Pour ceux qui auraient manqué ce live ou voudraient retrouver ces conseils, voici ici un récapitulatif  avec les informations clé. Bonne lecture ! 

Qu’est-ce que c’est la psychomotricité ?

La définition du terme « psychomotricité » réside dans l’usage et la richesse de ce mot. Il est utilisé comme concept et comme discipline professionnelle, a d’abord expliqué Aurélien D’Ignazio.

Si nous analysons le mot psychomotricité, il est composé de la partie « psycho », qui comprend la sphère cognitive et psycho-affective, et de la partie « motricité », qui comprend ce qui a trait au mouvement.

Le soin psychomoteur et le challenge du travail thérapeutique du psychomotricien sont de relier les trois sphères.

psychomotricité

Source : Aurélien D’Ignazio et Juliette Martin, dans leur livre : 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants

Le champ d’action du psychomotricien

Le psychomotricien est un professionnel paramédical, diplômé d’état. Son travail consiste à favoriser le bon développement psychomoteur et à permettre de le préserver tout au long de la vie. Lorsque cet équilibre est perturbé par un trouble ou un handicap, d’origine physique ou psychique, le psychomotricien propose des séances d’approche corporelle à visée ré-éducative et thérapeutique.

Le champ d’intervention du psychomotricien concerne :
• le retard du développement psychomoteur (perturbation des acquisitions motrices, prématurité…)
• les troubles de la maturation et de la régulation tonique (tics, hypertonie, hypotonie…)
• les troubles du schéma corporel et de l’image du corps (manque de conscience du corps et/ou d’estime de soi)
• les troubles de la latéralité
• les troubles de l’organisation spatio-temporelle
• la maladresse motrice et gestuelle (TDC, dyspraxie développementale).

Certains troubles spécifiques peuvent inclure des troubles psychomoteurs ; le psychomotricien va alors intervenir pour :
• les troubles des apprentissages (troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité – TDA ou TDAH), et des fonctions exécutives comme le trouble de l’écriture…
• les troubles du comportement : instabilité, inhibition, trouble des habiletés sociales…
• les troubles du neurodéveloppement, notamment les troubles du spectre de l’autisme (TSA).

Aurélien D’Ignazio pendant une session de travail

Comme l’expliquait Juliette Martin au cours de son intervention, le psychomotricien peut également intervenir en cas de difficultés d’apprentissage passagères. Dans certains cas en effet, l’enfant a besoin d’une stimulation spécifique ou d’un petit « coup de pouce » pour répondre aux attentes de l’école : écrire, lire, compter, se concentrer, s’organiser, s’exprimer. Selon l’INSERM, 20 % des enfants scolarisés rencontrent à un moment ou à un autre ce type de difficultés.

En définitive, le psychomotricien va travailler de façon individuelle avec les particularités et difficultés de chaque enfant, en le prenant en compte dans sa globalité. La stimulation qu’il recevra aidera à résoudre les problèmes de façon globale : dans les sphères motrices, psycho-affectives et cognitives.

La notion du corps dans les apprentissages

Traditionnellement, le corps est relayé à un deuxième plan dans les apprentissages. D’après Juliette Martin, nous avons eu une vision d’un corps qui permet de « montrer »  et non pas qui permet « d’apprendre ». De nombreuses études et de nombreux auteurs ont pourtant démontré l’importance du corps dans les apprentissages. Ce couplage entre l’action et la sensation est clé pour pouvoir aller ensuite vers l’acquisition de concepts plus abstraits. Pour apprendre des notions spatiales ou mathématiques, par exemple, il est conseillé et parfois nécessaire de pouvoir manipuler ou passer par le corps.

Juliette Martin pendant une séance

Juliette Martin pendant une séance

Psychomotricité et difficultés d’apprentissage

Le fait d’avoir un déficit dans le socle de base (les fonctions psychomotrices) va avoir un impact dans la mise en place des apprentissages, donc dans la réussite scolaire, notamment au niveau de :

  • la conscience de son corps
  • la latéralisation
  • la motricité globale ou fine
  • la capacité à maintenir sa posture dans le temps.

Avec un déficit de certains de ces points ou sans ancrage corporel pour se préparer à l’apprentissage, l’enfant peut rencontrer des difficultés. D’où l’importance de la psychomotricité comme indicateur de problèmes.

Comment travailler avec un psychomotricien ?

Le psychomotricien va travailler pour renforcer le développement psychomoteur. Il va entraîner la compétence déficitaire, mais avec une approche ludique. Le but est de travailler, mais en passant un bon moment. On cherche à proposer des séances au cours desquelles l’enfant travaille sans se rendre compte qu’il s’agit d’un travail. La notion de plaisir est très importante, car elle permet de maintenir la motivation tout le long et de progresser.

Des parcours psychomoteurs, de la relaxation, de l’équilibre, de la conscience corporelle et émotionnelle… ce sont là les ingrédients du travail avec un psychomotricien. Voici une vidéo pour mieux comprendre quels exercices peuvent être réalisés au cours d’une séance avec un psychomotricien·ne :

>> Lire aussi : Psychomotricité les outils essentiels

L’importance de l’espace dans la psychomotricité

La notion d’espace est une donnée importante à travailler en psychomotricité. Il existe trois types d’espace à intégrer dans les apprentissages.

L’espace d’action : les compétences d’orientation spatiale et d’adaptation spatiale

Il concerne la maîtrise des notions haut/bas, dessus/dessous, droite/gauche et la capacité à s’orienter sur un plan (orientation spatiale).

Cette fonction est très sollicitée en mathématiques, mais aussi de manière plus transversale dans les sciences, l’histoire-géographie, et même l’autonomie au quotidien. Elle intervient également dans les activités sportives, dans les jeux dans la cour de récréation, dans la gestion de son espace au bureau.

Quelques questions-repères pour l’identifier :

  • Comment est-ce que je bouge en m’adaptant aux contraintes de l’environnement ?
  • Est-ce que j’ai de bons repères corporels ?
  • Comment est-ce que je m’ajuste aux distances et à la place dont je dispose pour réaliser mes actions (compétences de structuration et d’adaptation spatiale) ?

L’espace perceptif

Cette capacité est indispensable dans la reconnaissance des formes, puis des lettres. Donc primordiale pour la lecture, mais aussi l’écriture, notamment le tracé des lettres. Elle est très en lien avec l’acuité, mais aussi la motricité des yeux (orthoptie).

Deux questions clé pour mieux comprendre :

  • Est-ce que je perçois efficacement l’espace ? Les formes, les orientations, les directions, les tailles ?
  • Suis-je capable de faire la description d’un tracé par exemple de la forme, de la direction ou du geste qui composent une lettre ?

L’espace constructif

Est-ce que je manipule les objets efficacement dans mon environnement ?
Cette notion dépend d’une bonne coordination entre l’œil et la main. C’est, en 2D, reproduire avec le crayon une figure géométrique, mes productions d’art plastique, réaliser le tracé de la lettre, mon organisation sur la feuille (reproduire la mise en page…) ou, en 3D la manipulation de cubes, la construction d’un circuit électrique en physique, les projets en technologie…

Conseils pour soutenir la concentration des élèves en classe

Le regard psychomoteur d’Aurélien et Juliette les amène à proposer leurs conseils en les catégorisant par domaines. Ces derniers intègrent différents aspects, tels que la sensorialité, la pédagogie ou la métacognition (prise de conscience de ses propres états mentaux et notamment ses stratégies) et peuvent concerner plus particulièrement l’environnement, l’enseignant ou l’élève lui-même.

Dans leur ouvrage, 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants, ils soulignent :

les aspects environnementaux : quelles adaptations pour rendre l’environnement moins propice à la distraction ? (diminuer les sources de distractions visuelles, proposer un casque anti-bruit à certains moments, etc.).

les aspects sensori-moteurs : quelles adaptations pour satisfaire le besoin de mouvement et d’activité motrice de façon compatible avec la vie scolaire ? (essayer un coussin postural autorisant le mouvement discret ; proposer un objet discret à manipuler ; permettre à l’élève de distribuer les documents à ses camarades, etc.).

les aspects pédagogiques (mis en place par l’enseignant) : quelles adaptations pour favoriser la motivation et la compréhension des attentes ? (découper les tâches en sous-tâches ; mettre en place un tableau de comportement et/ou des renforçateurs tangibles pour maintenir la motivation et soutenir les efforts ; renforcer les consignes orales par un support visuel, etc.). L’utilisation d’un Time Timer pour permettre à l’enfant de visualiser le temps de son effort.

les aspects métacognitifs (de la part de l’apprenant) : Comment soutenir l’élève dans son raisonnement ? (automatiser les stratégies d’auto-évaluation et de vérification, encourager l’utilisation de l’auto-instruction comme régulateur de l’action ; la planification avant l’action pour diminuer l’impulsivité, la verbalisation des points les plus pertinents, etc.).

Enfants en salle de classe

>> Lire aussi Comment développer la concentration en classe ?

Replay: revoir le live

 

 

 

Sara Garcia-Gallon de Hop’Toys , Juliette Martin et Aurélien D’Ignazio, psychomotriciens et auteurs du livre 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants

Nous espérons que ce live et ce récapitulatif que nous vous en avons proposé ici vous auront permis de mieux comprendre le métier du psychomotricien·ne, la pertinence de cette approche thérapeutique, son champ d’intervention. N’hésitez pas à nous faire part de votre avis et de votre expérience en commentaires.


Juliette Martin, Psychomotricienne D.E en danse thérapeute, Praticienne en cabinet libéral et en IME, Chargée d’enseignement à Paris (Pitié Salpétrière) Co-auteure du livre 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants.

Aurélien D’Ignazio, Psychomotricien D.E, Master en psychomotricité – Praticien en cabinet libéral et hôpital de jour, chargé d’enseignement à Paris (Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice et Pitié Salpétrière) Co-auteur du livre 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants

 Vous pouvez retrouver Juliette et Aurélien sur leur blog >> http://www.psychomotricien-liberal.com/blog/et dans leur cabinet en région parisienne. Et pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire leur livre !  >> Découvrir le livre 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants

Article publié le 17 septembre 2020, mis à jour le 02 mars 2021.

Responsable de projets stratégiques et innovation chez Hop'Toys

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