Nous vous avons déjà parlé plusieurs fois de la classe flexible et de ses avantages. Nous vous avons proposé des idées d’aménagements, des plans en téléchargement gratuit, des idées d’assises flexibles, mais aujourd’hui nous allons aborder un point qui freine peut-être de nombreuses personnes pour transformer leur classe en classe flexible : la gestion des assises ! Comment déterminer qui s’assoit où, comment éviter les conflits entre élèves et comment s’assurer qu’ils ont une position adéquate ? Découvrez-en plus dans cet article !
Qu’est-ce que la classe flexible ?
La classe flexible, ou « flexible seating », est très populaire aux États-Unis et au Canada, et de plus en plus d’enseignant·e·s se lancent également en France. Une classe flexible est une classe qui va proposer différentes surfaces de travail et différents types d’assises aux élèves, pour leur permettre de bouger, et ainsi de maximiser leur attention et leur motivation en classe. Elle va également changer la posture de l’enseignant·e et sa façon d’enseigner.
Les avantages de la classe flexible
Une amélioration de la concentration et de l’attention
Ce modèle de classe a de nombreux avantages pour les élèves. Des études ont montré que de courtes périodes de mouvement dans la classe contribuent à une meilleure attention et une meilleure concentration. La plus grande amélioration ayant été justement observée chez les enfants qui avaient le plus de difficultés à rester concentrés au départ.1 En offrant la possibilité aux élèves de changer de positions au cours de la journée, on crée donc ces opportunités de mouvement. En résulte des élèves plus attentifs, plus concentrés et qui participent davantage.
Une amélioration de l’autonomie et de la cohésion de groupe
Et les avantages ne s’arrêtent pas là ! Permettre aux enfants de contrôler leur place les transforme en résolveurs de problèmes qui peuvent identifier ce qu’ils ressentent et choisir ce qui leur convient le mieux, les rendant ainsi plus autonomes et capables de faire des choix.
De plus, chaque enfant comprend qu’un autre élève prendra sa place au cours de la journée. Il est donc responsable de son espace de travail : tout devra être bien rangé et propre pour le suivant. Cela favorise une certaine cohésion de groupe.
>> À lire : « Et si on pensait l’aménagement de classe autrement ? »
Comment gérer les différentes assises au sein de la classe ?
On vous avertit tout de suite, il n’existe pas une technique toute faite à appliquer dans votre classe ! En effet, votre gestion des assises au sein de votre classe dépendra du nombre et du type d’assises que vous possédez, de votre agencement, mais aussi de votre groupe classe et de votre gestion de classe. Une façon de faire qui fonctionnait parfaitement une année avec un groupe classe pourrait ne pas fonctionner l’année suivante avec un groupe classe différent. Et c’est tout à fait normal puisqu’il y a une variable humaine dans l’équation ! C’est pourquoi nous avons choisi de partager avec vous diverses stratégies de gestion des assises d’enseignantes en France et au Canada, ainsi que le point de vue des ergothérapeutes.
Procéder par étapes
Certain·e·s enseignant·e·s préconisent de procéder par étapes. Cela peut être par exemple en introduisant les assises par petits groupes dans un premier temps, avant de généraliser au groupe classe (ou non).
Madame Mélanie2, enseignante au Canada, a choisi également de procéder par étapes. Au début, un horaire préétabli déterminait où chaque élève devait s’installer, avec une rotation toutes les 20 minutes environ. Cela a permis aux élèves de tester les différents types d’assises et de connaitre leur préférence. L’enseignante québécoise a donc ensuite rencontré individuellement tous les élèves, pour évaluer avec eux sur lesquelles des 10 stations présentes dans sa classe ils se sentaient le mieux. Enfin, les élèves ont pu par la suite choisir eux-mêmes leurs postes de travail.
>> À lire aussi : « 5 idées d’aménagement de classe flexible »
Faire des groupes prédéterminés
Define, du blog La classe de Define, a choisi d’organiser sa classe flexible avec des affiches annonçant les groupes prioritaires de la semaine. Les élèves sont divisés en 4 groupes et chaque groupe a la priorité sur un type d’assise par semaine. L’enseignante précise qu’elle reste tout de même vigilante à ce que les élèves choisissent des assises compatibles avec l’activité demandée.
Associer des assises à des tâches déterminées.
Cette option fonctionne par exemple particulièrement bien pour l’apprentissage organisé en ateliers. Ainsi, chaque type de tâche est associé à un type d’assise. Les élèves peuvent donc facilement identifier quels types d’assises utiliser selon la tâche qu’ils doivent exécuter.
Créer des règles avec les élèves
Audrey Seigneurin est enseignante dans l’académie de Versailles. Depuis plusieurs années, elle a aménagé sa classe en classe flexible. Elle a choisi d’instauré des règles d’or qu’elle a créé avec ses élèves :
- choisir une assise qui me convient,
- donner le meilleur de moi-même,
- changer de place si ça ne va pas,
- prendre soin du matériel,
- ne pas déranger les camarades qui travaillent en autonomie et avec l’enseignant·e,
- l’enseignant·e peut me déplacer en cas de besoin.
La seule assise qu’elle régule est le ballon, car y rester pour une durée prolongée n’est pas recommandé. Point de vigilance également quand il s’agit d’activités de graphisme, où elle veille à ce que l’élève ait une posture adaptée.
Laisser les élèves choisir
Pour Maitresse Aurel, la classe flexible rime avec « offrir une liberté de position de travail » aux élèves. Hors de question donc d’utiliser un tableau d’inscriptions. Mais comment organiser la gestion des assises dans ce cas ? La première année, elle a donc décidé d’opter pour une présentation progressive des assises, en laissant les élèves découvrir par eux-mêmes les « règles » d’utilisation. Ces « règles », découvertes par les élèves lors de l’utilisation des assises, étaient ensuite discutées en groupe classe lors de débats. Néanmoins, elle souhaitait tout de même mettre en place un support écrit sans que cela soit un règlement à proprement parler. Elle a donc décidé d’écrire un livre mettant en avant les normes de sélection des assises et leurs règles d’utilisation. Elle présente ce livre aux élèves le premier jour de classe, puis elle le laisse au centre de lecture pour qu’ils puissent le feuilleter.
Le point de vue des ergothérapeutes
Les ergothérapeutes rappellent souvent qu’il faut faire attention à ne pas choisir le mobilier et les assises en fonction de critères esthétiques au détriment de la fonctionnalité et de l’ergonomie. Mais comment être sûr que les enfants ne vont pas aller vers l’assise qui semble la plus cool ou la plus colorée, mais bien vers celle qui leur convient le mieux ?
Josiane Caron Santha, ergothérapeute au Québec, donne quelques pistes dans sa vidéo ci-dessous. Elle recommande notamment de laisser les enfants essayer toutes les assises en début d’année et d’adopter une posture d’observation en notant comment l’élève se comporte sur telle ou telle assise. De plus, elle conseille de faire un petit enseignement aux élèves sur les avantages de la classe flexible et les différents types d’assises.
Cela ne prend pas seulement des enseignant·e·s compétent·e·s, mais aussi des élèves compétents. Les élèves devront être formés par leur enseignant·e. Plus ils sont jeunes, plus cela va être important de les aider à comprendre qu’ils ne peuvent pas utiliser le siège de leur choix.
Selon l’ergothérapeute, il n’y a pas de poste de travail ou de posture idéal pour un enfant. La posture et le poste de travail vont varier aussi en fonction de l’activité. Par exemple, un enfant peut bien fonctionner sur un type d’assise pour une tâche d’écoute, mais cela ne fonctionnera pas pour une tâche d’écriture ou de lecture, et vice-versa.
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