Le 10/10 dernier était la journée nationale des DYS, créée par la Fédération française des DYS (FFDYS). Et comme chaque année, à cette occasion, Hop’Toys se mobilise ! Cette année, nous avons organisé une discussion online sur Facebook sur le thème « Comment accompagner au mieux l’enfant DYS dans son parcours ? ». Notre invité, Monique Touzin, orthophoniste spécialisée dans les troubles DYS liés au langage écrit et oral, nous a donné de bons conseils. Dans cet article, nous récapitulons les points clés. Bonne lecture !
Comprendre les troubles DYS en général ?
Les troubles DYS sont des troubles cognitifs spécifiques, qui induisent des troubles des apprentissages. Ils apparaissent avant ou lors des premiers apprentissages, au cours du développement de l’enfant, et persistent à l’âge adulte. Ces troubles ont une répercussion sur la vie scolaire, sociale, et plus tard, professionnelle des personnes « DYS ». C’est pourquoi il est important de les diagnostiquer au plus tôt, généralement au cours du développement de l’enfant.
Les troubles DYS ce sont des troubles innés. Il est vrai que suite à un traumatisme crânien ou à une tumeur ou opération cérébrale, certains enfants peuvent présenter des troubles cognitifs spécifiques. Toutefois, il est important de dire que dans les troubles DYS, il n’y a pas de lésion cérébrale. Ces types de troubles ont une répercussion sur l’apprentissage scolaire.
Quelles difficultés sont derrière chaque trouble ? Quel professionnel de santé peut accompagner l’enfant ?
- Dyscalculie : trouble du nombre, du calcul et de la résolution de problèmes (raisonnement). Un·e orthophoniste spécialisé·e, un·e neuropsychologue ou un·e psychomotricien·ne spécialisé·e peut accompagner l’enfant.
- Dyspraxie : trouble du développement de la coordination motrice et du geste. Souvent associé à des troubles visuo-spatiaux. Maladresse, mauvaise organisation des gestes, difficultés dans les activités de la vie quotidienne et de manipulation des outils scolaires, sport. Un·e psychomotricien·ne peut accompagner l’enfant.
- Dysphasie : troubles du langage oral, difficultés à parler. Un·e orthophoniste pourra accompagner l’enfant.
- Dysorthographie : troubles de l’orthographe. Un·e orthophoniste pourra accompagner l’enfant.
- Dyslexie : troubles du langage écrit, difficulté à lire. Un·e orthophoniste pourra accompagner l’enfant.
- Dysgraphie : troubles de l’écriture, difficulté à écrire. Atteinte de la vitesse et de la qualité de l’écriture. Associés aux troubles du développement de la coordination motrice et du geste et/ou des troubles du langage écrit. Un·e ergothérapeute, un·e psychomotricien·ne ou un·e orthophoniste pourra aider l’enfant.
À télécharger gratuitement :
>> Les troubles DYS et la dyspraxie en infographie
>> L’infographie « Les troubles DYS et le trouble de l’attention »
Les troubles DYS en orthophonie
Les troubles du langage oral : la dysphasie
Comme l’expliquait Monique Touzin, les troubles du langage oral, également appelés la dysphasie, affectent la communication orale et verbale. Parmi les troubles du langage on distingue ceux qui sont transitoires des troubles durables, dysphasiques. L’enfant dysphasique a du mal à s’exprimer. Il ne se fait pas bien comprendre et/ou il ne comprend pas bien ce qu’on lui dit. Ce trouble impacte la communication et les apprentissages.
Nous pouvons adapter notre communication avec des petits ajustements qui vont aider considérablement l’enfant :
- jouer avec l’intonation ;
- adapter le débit de parole ;
- répéter plusieurs fois les consignes ;
- utiliser des pictogrammes ou des supports de communication non-verbale ;
- utiliser des outils adaptés pour aider à la communication ;
- prendre rendez-vous avec un·e orthophoniste ;
- expliquer à l’enfant ce qui lui arrive, notamment avec le livre : « Laisse-moi t’expliquer la dysphasie » ;
- pour les parents ou la famille, lire le livre : « 100 idées pour venir à l’aide des enfants dysphasiques ».
Les troubles du langage écrit : la dyslexie et la dysorthographie
Le trouble de la lecture ou dyslexie est le trouble du langage écrit le plus connu. Toutefois, il est souvent associé à un trouble de l’orthographe (dysorthographie).
Comment les identifier ?
- Difficultés à apprendre à lire.
- Difficultés à identifier les mots.
- Ils peuvent conduire à des difficultés de compréhension.
- Ils peuvent souvent entrainer des difficultés scolaires dès le CP : dans l’apprentissage de la lecture et dans l’acquisition des apprentissages ou les devoirs.
- L’enfant a du mal à associer une lettre à un son, à mettre en place des stratégies orthographiques et à reconnaître les mots.
- Difficultés à comprendre et maîtriser les règles orthographiques.
Comment aider son enfant ?
- Renforcer son estime de soi. Souvent, ce type de trouble a un impact sur l’estime de soi. L’enfant dyslexique ou dysorthographique se sent « nul » ou moins capable que ses camarades, car il est conscient de sa lenteur ou de ses difficultés. C’est pour cette raison qu’il est important de lui proposer des activités et des jeux pour développer son estime de soi. Pour cela, vous pouvez favoriser des activités où il est fort et doué, ou simplement avec lesquelles il prend du plaisir. Par exemple : le théâtre pourrait faciliter le développement social, le sport lui permettra d’extérioriser ses émotions, la musique peut favoriser la lecture…
- Être positif. Dire et renforcer ce qu’il fait de bien en le félicitant régulièrement. Mettre l’accent sur ce qu’il a réussi plutôt que sur ses erreurs. Par exemple, lors de la correction d’une dictée, mettre en avant les mots qu’il a bien écrits plutôt que ceux qui comportent des erreurs.
- Des outils adaptés. Vous pouvez lui proposer des outils adaptés pour que la lecture soit plus accessible. Des petits ajustements comme les guides de lecture peuvent lui être d’une grande aide.
- Prendre rendez-vous avec un·e orthophoniste pour travailler et l’accompagner.
- Expliquer à l’enfant ce qui lui arrive, par exemple à l’aide du livre « Laisse-moi t’expliquer la dyslexie ». Ce livre nous plonge dans l’histoire d’un garçon dyslexique qui raconte dans ses mots et à l’aide d’images amusantes, comment il vit avec cette réalité.
- Sensibiliser l’environnement social de l’enfant, la fratrie ou la famille en jouant par exemple avec les Clefs de dys.
- Pour les enseignants, vous pouvez faire le plein d’idées pour mieux accompagner vos élèves ayant des difficultés avec deux ouvrages : 100 idées+ pour venir en aide aux élèves dyslexiques et 100 idées pour venir en aide aux élèves « dysorthographiques » , publiés aux éditions Tom Pousse.
Découvrir la sélection des outils pour les troubles DYS
Les signaux d’alerte
Lors de son intervention en live, Monique Touzin, orthophoniste et formatrice, nous a rappelé l’importance d’agir. Elle préconise d’écouter les plaintes des enfants et d’être réactifs. Dès que l’enfant se plaint d’une douleur ou d’une difficulté, il faut consulter un médecin ou un pédiatre.
Les signes et l’âge d’apparition dépendent de la nature des troubles, de la fonction atteinte. En effet, certains troubles n’apparaissent qu’au moment de l’apprentissage. Par exemple, on ne peut pas repérer un dyslexique avant d’apprendre à lire, ni les troubles du graphisme avant l’âge de l’écriture…
En ce qui concerne les troubles du langage oral, si par exemple un enfant âgé de 3 ans ne fait pas de phrases ou ne comprend pas lorsqu’on lui parle, il serait convenable d’aller consulter un médecin et un orthophoniste. Et souvent la première des choses à faire est de vérifier qu’il n’a pas de difficultés ou de problèmes d’audition.
Pour les troubles du langage écrit, si après le premier trimestre du CP, l’enfant ne rentre pas dans le déchiffrage des syllabes, il est recommandable de prendre rendez-vous avec un·e orthopédagogue ou d’aller consulter un médecin ou un orthophoniste.
Le parcours santé
Le parcours de chaque enfant est unique
Chaque enfant est unique, chaque situation est particulière. Néanmoins, il y a trois phases clés dans le parcours de santé :
- le repérage qui est souvent fait par les parents ou à l’école.
- le dépistage fréquemment réalisé par le médecin de l’enfant ou le médecin scolaire.
- l’évaluation et bilan doivent être faits par un·e professionnel·le spécialisé·e.
Les troubles DYS ont souvent des répercussions scolaires.
Le travail en partenariat entre les parents et l’école est la clé. La scolarité dans la majorité de cas se déroule dans les classes ordinaires. Toutefois, elle nécessite des aménagements qui tiennent compte des difficultés. Parfois, des entrainements pédagogiques sont nécessaires avant les soins ou pendant les soins.
En cas de difficultés trop importantes en classe, il existe des possibilités d’orientation vers des classes spécialisées ou des structures particulières. De même, il est possible d’obtenir des aides humaines, comme les AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap) ou matérielles via la MDPH.
Le but des aménagements est d’éviter de confronter l’enfant à des obstacles aux apprentissages, de préserver son estime de lui et son plaisir d’être à l’école.
Le rôle des enseignants est crucial. La situation peut complètement changer si les enseignants comprennent les difficultés de l’enfant. Le résultat et l’attitude de l’enfant sera très différente s’il perçoit la situation comme une « punition ou une contrainte de refaire » ou « des encouragements et adaptations ».
À retenir
De cette session de conseils organisée par Hop’Toys et animée par Monique Touzin, nous retiendrons quatre points clés :
- Le partenariat nécessaire et crucial : parents/école/professionnel de santé
- L’importance que l’enfant comprenne ce qui lui arrive et qu’il ait un rôle d’acteur pour pouvoir ainsi prendre les choses en main avec une autre attitude.
- Ces troubles DYS ont souvent comme conséquence une souffrance chez l’enfant, avec beaucoup d’incompréhensions et de frustrations accompagnés d’un sentiment d’impuissance. C’est pourquoi il est vivement recommandé de soutenir l’enfant et de renforcer son estime de lui. Parfois, cela peut nécessiter l’accompagnement professionnel d’un psychologue.
- Les troubles DYS peuvent être associés. Ce qui nécessite une vraie coordination dans les soins, dans les associations et dans les solutions mises en place afin que l’enfant se retrouve et il ne soit pas trop perdu.
Revoir le live
Pour ceux d’entre vous qui auraient manqué cette session de discussion online organisée par Hop’Toys et animée par Monique Touzin, orthophoniste et chargée d’enseignement à la faculté de Médecine de Paris pour la formation initiale des orthophonistes, retrouvez ci-dessous la vidéo.
Orthophoniste de terrain et donc clinicienne, elle a participé à la création de plusieurs outils d’évaluation pour les orthophonistes, ainsi qu’à des publications sur les thèmes des troubles neurodéveloppementaux des enfants, de la communication et des apprentissages. Elle participe à la formation continue des médecins, des enseignants et des orthophonistes. Monique Touzin est également autrice de nombreux ouvrages, articles et supports de formation, dont les livres 100 idées pour venir en aide aux enfants dysphasiques et 100 idées pour venir en aide aux élèves « dysorthographiques », publiés chez les éditions Tom Pousse.
Monique Touzin, à droite, pendant son intervention du 8 octobre, accompagné de Sara Garcia de l’équipe Hop’Toys.
Nous espérons que cet article vous sera utile. N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences en commentaires !