Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Sarah Lachot, psychomotricienne passionnée, qui accompagne les tout-petits et les enfants dans leur développement psychomoteur. Elle partage son parcours, ses conseils, et des idées d’activités adaptées pour stimuler les tout-petits, dans le respect de leur rythme.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Sarah Lachot, je suis psychomotricienne depuis 2017. Après mon diplôme, j’ai poursuivi mes études par un Master de recherche en Sciences du Langage, tout en travaillant dans un institut pour enfants sourds à Paris.
J’ai ensuite ouvert mon cabinet libéral à Aix-en-Provence, où j’accompagne aujourd’hui des bébés et des enfants. En parallèle, j’ai fondé Premiers Pas Formation en 2024, un organisme dédié à la formation continue des psychomotriciens sur la prise en soin des bébés.
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Qu’est-ce qui vous a amenée à vous spécialiser dans le développement psychomoteur des bébés ?
Je n’avais pas forcément l’intention de me spécialiser dans ce domaine. Il y a plusieurs années, j’ai accueilli un bébé pour un premier bilan, et j’ai réalisé que je manquais d’éléments pour me sentir pleinement à l’aise. J’ai donc suivi plusieurs formations continues sur la prise en soin des bébés… et de fil en aiguille, j’ai découvert une vraie passion pour l’accompagnement des tout-petits.
Aujourd’hui, je reçois autant de bébés que d’enfants au cabinet. Je suis intervenue pendant deux ans à l’Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice (ISRP) de Marseille sur ce sujet. En 2024, j’ai créé mon organisme de formation « Premiers Pas Formation », certifié Qualiopi et qui propose des formations continues sur le thème : « bilan et prise en soin psychomotrice du bébé au regard des recommandations actuelles ». Les premières sessions 2025 sont complètes, les psychomotriciens formés sont très satisfaits, c’est super !

Pourquoi ce développement est-il essentiel chez les tout-petits ?
Comme le dit si bien Aude Buil, psychomotricienne et chercheuse :
Le corps est l’outil de base du bébé pour se déplacer, communiquer, découvrir le monde qui l’entoure. Lorsqu’un retard ou une difficulté motrice est présente, c’est tout le socle de développement qui est impacté.
Le développement moteur est en effet lié à trois autres grands domaines : le sensoriel, le cognitif et l’affectif. Un peu comme une chaise avec ses quatre pieds ! Un certain équilibre entre ces quatre domaines favorise le développement psychomoteur de l’enfant, pour qu’il soit à l’aise dans son corps et qu’il prenne confiance en lui.
Comment se déroule un accompagnement avec vous ?
Le psychomotricien exerce sur prescription médicale.
Tout commence par un entretien avec la famille, pour comprendre le contexte, les habitudes de vie, les besoins de l’enfant.
Un bilan psychomoteur est ensuite réalisé (en une ou deux séances, selon l’âge). Il permet d’observer et d’évaluer les fonctions psychomotrices (comme le tonus musculaire, la motricité globale, la motricité fine, l’équilibre, etc….). Nous utilisons des tests standardisés.
Ensuite, le psychomotricien prend le temps d’analyser les résultats de l’enfant, et les couplent à ses observations cliniques. Si des fragilités sont observées et méritent un accompagnement spécifique, le psychomotricien propose un suivi individualisé avec des objectifs thérapeutiques précis afin d’accompagner l’enfant et sa famille.
La durée du suivi et des séances peut ensuite être très variable d’un enfant à un autre.
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Quelles sont les grandes étapes du développement psychomoteur ?
Avant tout, il est important de préciser que la trajectoire développementale est propre à chaque enfant et peut donc tout à fait varier d’un bébé à un autre (son rythme, sa manière, l’ordre des acquisitions, etc…).
Voici quelques repères, à titre indicatif :
- 3/4 mois : le bébé commence à se mouvoir et sa motricité est encore involontaire.
- Vers 4 mois : sa motricité devient volontaire et tout s’enchaîne au fil des mois !
- Retournements dos-ventre
- Pivotement sur le ventre (l’horloge)
- Ramper vers l’avant
- Quatre-pattes
- Se met assis tout seul
- Se met debout avec appui
- Marche le long des murs, franchit les angles, passe d’un support à un autre…
- Marche vers l’avant avec appui (en poussant un meuble par exemple)
- Marche autonome : la fourchette d’acquisition est très large (de 9 mois à 18/20 mois), avec une moyenne autour de 14 mois(1)
Télécharger le parcours des stades de développement de bébé :
J'accompagne mon bébé en respectant son rythme
Que se passe-t-il quand bébé grandit ?
4 pages A4 à télécharger et imprimer
Quels sont les signes d’alerte à repérer ?
Les signes d’alerte peuvent être nombreux, en général on retrouve :
- Antécédents médicaux : prématurité, AVC post-natal…
- Un contexte génétique particulier
- Des syndromes particuliers (Syndrome de West, Syndrome de Prader-Willi…).
- Des régressions ou stagnations dans la trajectoire développementale
- Un décalage important dans les acquisitions psychomotrices
- Une absence de mouvements/déplacements
- L’inquiétude des parents : à toujours prendre en considération
- Une hypotonie massive
- …
La Haute Autorité de Santé a publié un tableau récapitulatif des signes d’alerte observées chez le nourrisson (pages 195 et 196, Troubles du neurodéveloppement – Repérage et orientation des enfants à risque, Février 2020).
Quelles activités recommandez-vous pour stimuler le développement psychomoteur des tout-petits ?
Voici quelques idées pour accompagner le développement psychomoteur des tout-petits :
- Sur ses temps d’éveil, installez votre bébé sur un tapis de motricité ferme et spacieux pour le laisser libre de ses mouvements.
- Dès la naissance, il est possible (et même recommandé) de proposer du temps sur le ventre à votre bébé (quelques minutes, sur ses temps d’éveil et toujours sous surveillance). Cela peut être sur le tapis, pendant le change, ou encore à plat ventre sur son parent. Cette position lui permettra progressivement de renforcer sa nuque et son tronc, et de prévenir les déformations crâniennes positionnelles (plagiocéphalie, brachycéphalie…).
- Les premiers mois, la vision du bébé est encore immature et se développe progressivement. Proposez-lui des objets contrastés en noir et blanc qu’il perçoit beaucoup mieux pour accrocher son regard et stimuler sa vision.
- Vers 3/4 mois, la motricité de bébé devient volontaire, il commence à attraper des objets. Proposez-lui des jouets/hochets plutôt fins avec différentes textures ! Vous pouvez également proposer des balles texturées (balle hérisson, balles à picots,…) pour encourager votre bébé à les attraper et les mettre en bouche.
- Vers 5/6 mois, vous pouvez l’encourager à attraper ses pieds pour la découverte du corps. Par exemple, avec un bracelet de chevilles à grelots.
- Pendant les poussées dentaires, vous pouvez proposer des objets de mastication adaptés.
- Pour renforcer la position ventrale, proposez-lui par exemple un miroir incassable.
- Pour éveiller l’audition, vous pouvez proposer des instruments de musique (maracas, bâton de pluie, grêlots…).
- Dès que votre bébé commence à se hisser et à grimper, vous pouvez lui proposer de l’escalade sur des modules de motricité. Puis, les premiers jeux d’encastrements et de tour de cubes pour la coordination oeil-main !
Toutes ses idées d’activités sont pensées pour stimuler, accompagner et surtout respecter le rythme de chaque enfant.

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Le mot de la fin…
Chaque bébé est unique. Il ne passera pas forcément par toutes les étapes de la même façon, ni dans le même ordre. Le plus important, c’est de lui offrir un environnement sécurisnt et adapté, dans lequel il peut bouger et explorer librement.
Faites-vous confiance. Vous êtes les mieux placés pour accompagner votre enfant au quotidien. Et si vous avez le moindre doute concernant le développement de votre enfant, n’hésitez surtout pas à en parler à votre médecin ! Il vous orientera, si nécessaire, vers un professionnel de santé pour vous accompagner (psychomotricien, orthophoniste, kinésithérapeute, orthoptiste, ergothérapeute, psychologue…).
Sources :
(1) Chiffres et étapes issus de l’échelle Alberta Infant Motor Scale (AIMS)