Cathy Cassisa est la maman d’Ilyes, un petit garçon de 6 ans avec TSA. C’est une maman engagée et déterminée qui fait « bouger les choses » afin de faire avancer l’inclusion. Une maman que l’on a voulu mettre à l’honneur ! Cette année, elle est à l’initiative de l’instauration des heures silencieuses au Centre commercial Odysseum à Montpellier. Nous l’avons interrogé pour qu’elle nous parle de son projet, cette extraordinaire initiative inclusive dont d’autres centres commerciaux, supermarchés… devraient s’inspirer. Ces heures silencieuses ont pour but de faciliter ces moments pour les familles avec des enfants avec des besoins spécifiques en limitant les stimuli (visuels, sonores…).
Présentation de Cathy Cassisa, maman d’Ilyes
Je m’appelle Cathy Cassisa, 34 ans et j’habite à Montpellier. Je suis maman d’un petit garçon, Ilyes de 6 ans TSA, diagnostiqué a ses 2 ans. Chaque jour, je présente mon fils comme cela, je mets en avant son handicap pour expliquer et rendre visibles ses difficultés. Voici qui il est : Ilyes 6 ans, de toute logique et de tant de détails, il est ce petit garçon attachant.
Ma motivation à présenter mon fils avec les détails qui le caractérisent et non pas par son TSA, m’amène à entreprendre des démarches individuelles de sensibilisation.
J’ai décidé de mettre de côté toute colère face aux difficultés et laisser la chance à l’humain d’entendre et d’agir. Dans mes différentes démarches, je ne cherche pas la compassion, mais la promptitude et je le spécifie à chaque fois. Je mets de côté ego et fierté et sans-gêne, j’explique, argumente et expose.
Je suis une personne qui ne m’épuise pas avec des personnes insensibles à la question des TSA. Cependant, je peux me montrer combattante et déterminée face à l’ignorance et aux objections.
Les difficultés ne doivent pas empêcher d’avancer, mais pour ce faire, il faut aller chercher les personnes qui aideront. Comment les trouver si je ne laisse aucune chance à l’humain ? Si je laisse parler la colère ? Je suis persuadée que l’acceptation et l’inclusion pour les personnes TSA commence par la sensibilisation. Je mets donc en avant mes convictions.
>> À télécharger aussi : « Inclusion : affichons notre volonté ! ».
Pourquoi avez-vous pensé à proposer des heures silencieuses ?
L’idée de proposer les heures silencieuses est venue de la souffrance que mon fils subissait lors de nos visites dans les centres commerciaux.
Les difficultés étaient grandes (cadis, visuel à l’accueil, annonce au micro, …) et les démarches pour l’aider l’étaient tout autant (pictogrammes, casque antibruit, casque audio, fidgets, poussette…).
J’ai essayé plusieurs solutions. Je passais mon temps à essayer de gérer sa souffrance et à l’apaiser. Ce n’était pas suffisant. Je finissais régulièrement au sol, mes mains sur ses oreilles, le protégeant comme je le pouvais de toutes les stimulations sensorielles qui l’agressaient.
J’avais pris la décision de l’y amener le moins possible. Petit à petit, le casque audio fonctionnait mais, il n’entendait plus. Il ne pouvait pas participer aux courses. De plus l’isolement du casque ne permettait plus de communiquer mais n’évitait pas les crises. L’angoisse était toujours présente : lorsqu’il souhaitait quelque chose, qu’il revenait dans un rayon ou s’y arrêtait.
Comment avez-vous réussi à faire mettre en place les « heures silencieuses » ?
J’ai lu un article concernant un Super U qui avait instauré des heures silencieuses. J’ai donc décidé de me pencher sur le sujet. J’ai commencé à étudier tout ce qu’il existait dans le monde concernant les heures silencieuses : les projets, les textes de loi, les études faites sur les sensibilités sensorielles, leur mise en place… Je me suis également renseignée sur les profils pour qui cela pourraient être bénéfiques : les personnes ayant des prothèses auditives, les personnes âgées et évidemment les personnes avec TSA (liste non-exhaustive).
Au moment où je me suis lancée dans ces recherches, je savais que j’allais solliciter l’hypermarché d’Odysseum. Pour ce faire, il fallait que je parte à la rencontre des responsables de l’hypermarché ainsi que du centre commercial. Dans un premier temps, j’ai donc rencontré le directeur de l’hypermarché Casino très attentif et volontaire. Nous avons échangé sur le sujet, le créneau et le jour. Il restait la complication de la galerie en face, j’ai donc décidé cette fois-ci de solliciter le directeur du centre commercial, pas seulement pour la galerie, mais pour l’ensemble du centre. Encore une fois, j’ai trouvé une personne et une équipe attentive et volontaire.
>> À lire aussi : « Une société plus inclusive : le centre commercial »
Quel est le but de cette initiative ?
Mon but est de rendre les moments dans les centres commerciaux agréables pour les personnes avec des particularités sensorielles. Que cela soit pour eux, un moment de plaisir et de bien-être.
Les autres objectifs sont de pouvoir laisser l’adulte faire ses achats tranquillement, et que les adolescents avec des particularités sensorielles puissent passer un moment avec leurs amis dans le centre commercial et gagner en autonomie.
Nous avons choisi le mercredi, le jour des enfants !
Ma démarche est pour moi l’exemple qu’un peu de sensibilisation, d’écoute et de bienveillance peuvent faire « bouger les choses ». Et par une petite action, on peut créer quelque chose de grand.
Quels sont les changements qui ont été apportés pendant ces heures silencieuses ?
La musique ainsi que les annonces sonores ont été retirées. Nous avons également diminué au maximum la luminosité du centre commercial et des écrans des panneaux publicitaires. Cela est appliqué tous les mercredis matin de 8 h 30 à 11 h dans l’hypermarché et dans le centre commercial (parkings, allée extérieure et galerie intérieure). Certaines boutiques du centre commercial ont suivi naturellement le mouvement et ont instauré, elles aussi, les heures silencieuses.
Une sensibilisation est en cours pour les autres boutiques afin de généraliser cette action.
Par ces changements simples, on obtient un confort pour les personnes en difficulté sensorielle et un apaisement pour tous ! Depuis les heures silencieuses, j’ai pu aider mon fils à gagner en autonomie. Je le laisse choisir ses articles, je lui apprend la notion et la valeur de l’argent, à gérer une attente en caisse, à revenir en arrière, à payer, à discuter avec les personnes, à se balader…
Les cris et les pleurs, on fait place à l’apaisement et aux sourires. L’angoisse a fait place à l’apprentissage, la communication et à la confiance en soi. Un réel plaisir pour lui comme pour moi !
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