A l’occasion de la journée européenne de la psychomotricité le 19 septembre, le blog Hop’Toys met à l’honneur cette profession par le biais du collectif « Communic’Actif des Psychomotriciens ». Pendant plus d’une semaine, ils vont partager sur notre blog plusieurs articles pour montrer la vision globale et l’étendu du métier de psychomotricien. Pour ce premier rendez-vous, découvrez un dossier sur le développement du bébé à travers les interactions précoces.
Qu’appelle-t-on “interactions précoces” ?
Il s’agit de l’ensemble des échanges qui se déroulent entre le bébé et son environnement. Elles sont rendues possibles grâce à son équipement sensoriel et moteur de base. Plus ou moins mature, ce câblage va permettre au bébé d’interagir avec son milieu à partir de différentes “entrées sensorielles” :
- Tactile : le contact peau à peau donne à l’enfant une contenance et le sécurise. Par le toucher, il reçoit et perçoit les soins et l’attention qu’on lui porte, et ses réactions donnent aux parents des indices précieux sur son état émotionnel.
- Motrice : le bébé ne contrôle pas encore ses gestes, mais ses postures et son état tonique sont un langage que l’entourage apprend à décoder pour mieux y répondre.
- Visuelle : l’enfant est instinctivement attiré par les visages. Les expressions faciales des adultes donnent au tout petit des informations sur ses propres émotions, c’est la fonction “miroir”. De plus, très tôt, le bébé sait orienter son regard vers ce qui l’intéresse, pouvant partager avec ses parents un point d’intérêt commun autour duquel ils peuvent interagir.
- Auditive : les mots, gazouillis et bruits utilisés par les adultes pour s’adresser à un bébé véhiculent de nombreuses émotions. Le bébé est perceptif à la dimension infra-verbale transmise par la voix, les intonations… Progressivement, des mots apparaissent et leur sens se construit pour élargir les possibilités d’interactions.
Toutes ces interactions se déroulent dans un vécu, un climat émotionnel particulier : ce sont les interactions affectives. Il s’agit des influences réciproques de la vie émotionnelle du bébé et de celle de ses parents. Les interactions comportementales servent de support aux interactions affectives.
En 1989, D. Stern parle d’ « accordage affectif » entre le parent et l’enfant. Dans cette expérience partagée, le parent répond à un affect exprimé par le bébé par un affect équivalent : par exemple, un geste du parent répondra à une vocalise de l’enfant. Dans ce « pas de danse », on dit que le bébé et ses parents sont accordés. Cet accordage au travers des interactions va aider l’enfant à organiser son vécu et ses sensations et à leur donner du sens.
La place du psychomotricien
Jouant un rôle dans la prévention et l’accompagnement familial, le psychomotricien dispose d’outils d’observation et d’une connaissance approfondie du développement de l’enfant. Il définit, en fonction des situations, des axes de travail qu’il met en oeuvre grâce à différentes approches.
- Le jeu : plus qu’une simple activité d’occupation, c‘est un temps d’expression, de rencontre, de création et de construction pour l’enfant. Le psychomotricien accompagne le bébé vers de nouvelles expériences motrices, sensorielles, interactives, en respectant son rythme et son évolution.
- L’accompagnement posturo-locomoteur : il s’agit de proposer à l’enfant des situations pour découvrir et exercer sa motricité, en faisant appel à la tonicité, aux appuis, à l’équilibre… l’enfant développe ainsi sa confiance en lui, par la valorisation de ses progrès. Cela favorise un développement psychomoteur harmonieux.
- Les activités sensori-tonico-motrices : l’enfant découvre son corps et développe son schéma corporel à travers des sensations : vue, odorat, ouïe, toucher ; variations toniques et système vestibulaire (qui informe sur la position et les mouvements du corps dans l’espace) permettent à l’enfant de se constituer une image globale du corps et à diversifier ses interactions avec son environnement.
- La guidance parentale : en collaboration avec d’autres professionnels, le psychomotricien peut accompagner les parents en difficulté dans les interactions avec leur enfant. Il les aide à mettre des mots sur leur ressenti, à mieux comprendre les interactions en jeu avec leur enfant, et les accompagne vers de meilleures relations au quotidien. La guidance parentale peut ainsi passer par un travail autour du portage, de l’allaitement, des massages, du positionnement et des manipulations de l’enfant.
Un bon accordage relationnel représente une base solide pour le développement global de l’enfant, dès son plus jeune âge. Cette présentation d’un aspect, parmi tant d’autres, du travail du psychomotricien, montre bien l’importance de l’environnement dans le développement psychomoteur de l’enfant.
Merci à Alina MELEGHI, psychomotricienne D.E et Lauren JUST, psychomotricienne D.E, du Collectif Communic’actif des Psychomotriciens