Avec les multiples vagues de confinement et de couvre-feu, le désir de nature et d’évasion est de plus en plus grand. On réalise les bienfaits du grand air sur notre bien-être physique et mental. C’est aussi le cas à l’école. En effet, depuis 1 an, nous avons vu fleurir des photos d’écoliers installés en extérieur pour travailler. Pourtant, cette idée de faire école dehors, dans la nature n’est pas nouvelle. Les « forest school » ou « outdoor school » ont le vent en poupe depuis plusieurs années, notamment en Angleterre et en Allemagne. Dans cet article, découvrez quelques idées pour faire école dehors.
C’est quoi l’école en nature ?
Bien qu’il connaisse aujourd’hui un essor croissant en France, le mouvement des « forest school » est loin d’être récent. Ces écoles sont nées dans les années 30, aux États-Unis, et ont été inspirées par un projet de reforestation. Séduits par le concept, la Finlande, le Danemark ou encore l’Allemagne se l’approprient et mettent en place des crèches en forêt. En 1993, le concept est à nouveau exporté en Angleterre où il connaît un grand succès. La pédagogie par la nature est largement soutenue par les autorités locales. La Forest School Association naît quelques années plus tard. Son rôle est d’encadrer la naissance de ces écoles et de poser un cadre pédagogique et méthodologique.
Dans cette pédagogie, les enseignants font classe un à plusieurs jours par semaine en nature. L’objectif n’est pas de sortir se promener avec les élèves, mais bien de construire des apprentissages grâce à l’environnement. Pour être réellement efficaces et répondre au déficit de nature de nos enfants, il est essentiel que ces temps d’école en nature soient récurrents et longs. Faire une sortie tous les 3 mois ce n’est pas vraiment faire école en nature. Si l’on se fixe 1 journée ou 1/2 journée par semaine, il est indispensable de s’y tenir, et ce, quelle que soit la météo ! Alors on empile les couches, on lui met ses plus belles bottes de pluie et on laisse notre loulou se régaler dans la boue !
>> À lire aussi : « École de demain, se rapprocher de la nature »
Les bienfaits de l’école en nature
En faisant classe dehors, on place l’expérience, l’expérimentation et la manipulation au cœur des apprentissages. Ainsi, on permet à l’enfant de développer ses capacités sociales, émotionnelles, spirituelles, intellectuelles et physiques. Cette pédagogie est centrée sur les apprenants, leurs besoins et leurs envies. Une grande place est accordée au jeu libre afin que l’enfant puisse développer sa créativité en explorant son environnement. L’adulte doit donc se positionner comme un observateur pour être à même de répondre aux besoins de chaque enfant. Il est garant du cadre et de la sécurité. Mais il doit aussi être capable de s’effacer pour laisser l’enfant libre dans ses choix.
Évoluer dans un environnement sécurisant et riche permet à l’enfant d’explorer et de prendre des risques mesurés. Cette notion de risque est l’un des grands principes de la pédagogie par la nature. L’adulte est là pour s’assurer que l’enfant n’est pas en danger, mais il doit le laisser prendre des risques. Ainsi, l’enfant apprend à mieux se connaître et prend confiance en lui, car il développe des habiletés et résout par lui-même des problèmes posés par la nature.
En étant régulièrement au contact de la nature, l’enfant sera bien plus sensible à la protéger. Ainsi, l’école en nature s’inscrit dans un objectif écologique et respectueux de l’environnement. L’enfant apprend à connaître la nature et son fonctionnement. Il l’observe, la parcourt et vit avec. En bref, il apprend à l’aimer et à la respecter.
L’éducation au développement durable
Depuis plusieurs années, l’éducation au développement durable s’inscrit dans les programmes scolaires de l’Éducation nationale. Pour aller plus loin et renforcer l’importance de cet enseignement, l’État a mis en place le label E3D. Un établissement scolaire peut prétendre à ce label lorsqu’il s’engage dans une Démarche Développement Durable globale. Toute la communauté éducative doit collaborer pour mettre en œuvre des actions concrètes répondant aux enjeux du développement durable. Bien plus qu’un enseignement, c’est un projet pédagogique qui engage les élèves, les enseignants, la direction, les agents, etc.
Pour faire réellement sens auprès des élèves, leur donner envie d’agir pour protéger la nature, il semble indispensable de les exposer à celle-ci. Ainsi, en évoluant au milieu de la nature, les élèves comprendront pourquoi il est important de la respecter et de mettre en place des solutions pour la préserver. Un enfant en déficit de nature, qui ne connaît que l’environnement urbain ne pourra pas y être sensible de manière durable. Or, c’est l’objectif de l’éducation au développement durable : former des enfants informés et engagés qui s’inscriront dans cette démarche toute leur vie.
Découvrez l’exemple d’un lycée labellisé E3D pour mieux comprendre cette démarche.
Les aires terrestres éducatives
Pour compléter les actions mises en place au sein de leur établissement et leur donner plus de réalité, les enseignants peuvent mettre en place un projet d’aires terrestres éducatives. En participant à un tel projet, un enseignant et sa classe se voient confier un petit bout de zone terrestre (forêt, rivière, parc…) où il y a de la biodiversité. L’objectif est de sensibiliser les élèves à la protection du territoire, mais aussi de leur permettre d’en rencontrer les acteurs locaux.
Dans ces projets, les élèves sont amenés à étudier la zone terrestre assignée : son fonctionnement, ses caractéristiques, les impacts humains sur celle-ci. Puis, à la suite de leurs observations, ils seront alors amenés à réfléchir aux objectifs et aux actions à mettre en place en faveur de la biodiversité.
Retrouvez tous les articles de notre dossier « École de demain » :
- Se rapprocher de la nature
- Des exemple de classe dehors
- Transformer la cour de récréation
- Le corps au cœur des apprentissages
Sources : réseau de pédagogie par la nature; forest school association ; la démarche et le label E3D c’est quoi ? ; notes sur les « aires terrestres éducatives » ; Office Français de la Biodiversité : les aires terrestres éducatives ; The conversation : l’école dans la nature, une alternative à construire ?