L’autisme est un handicap qui touche environ 700.000 personnes en France, dont 600.000 adultes d’après la Haute Autorité de Santé. Ce handicap se caractérise par des difficultés dans le domaine de la communication et des relations sociales. Les personnes autistes ont également des comportements atypiques, ce qui peut entraver leur vie professionnelle. En matière d’inclusion dans le monde du travail, la France est à la traîne : le taux de chômage des personnes autistes est au-dessus de 90%. Les personnes avec TSA ont du mal à se faire embaucher puis à valider leur période d’essai. Pourtant, en dépit du handicap, ces talents disposent aussi de belles qualités que nous avions envie de mettre en lumière.
Vaincre une idée reçue : les entreprises favorisant l’inclusion et la diversité ne sont pas moins productives !
De nombreux aprioris circulent sur les travailleurs en situation de handicap, ce qui ne motive pas les recruteurs à les embaucher : moins fiables, plus souvent absents, plus difficiles à manager, moins adaptables, etc. En clair, les entreprises craignent que l’arrivée d’un salarié en situation de handicap nuise à la performance de l’entreprise.
Une étude France Stratégies, publiée en 2020, dément cette idée : il n’y a pas d’impact négatif au niveau de la performance économique et financière des entreprises lorsque l’entreprise emploie davantage de salariés en situation de handicap. Au contraire, l’entreprise pourrait même connaître un léger gain de productivité. Ce serait notamment grâce aux effets positifs liés à la diversité en entreprise et à l’inclusion.
Ces résultats pourraient inciter les entreprises qui ne respectent pas le taux d’emploi de personnes en situation de handicap (OETH) à embaucher davantage de salariés avec un handicap. Pour rappel, la loi du 11 février 2005 indique qu’une entreprise qui atteint ou dépasse 20 salariés doit employer au minimum 6% de travailleurs handicapés dans son effectif. Cela peut passer par des embauches et/ou par de la sous-traitance.
Si l’entreprise ne respecte pas l’obligation légale, elle doit alors verser une contribution financière.
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Les forces des profils atypiques : avantages d’embaucher un salarié avec TSA
En dehors de l’aspect légal, embaucher un salarié en situation de handicap, et notamment une personne TSA, c’est s’ouvrir à des profils atypiques. Avec des compétences et des savoir-être particuliers. Si l’entreprise prend le temps d’adapter le poste de travail aux besoins du salarié, celui-ci peut alors libérer son potentiel. Il peut aussi s’épanouir au travail et apporter ses compétences et son talent.
Voici quelques forces (non exhaustives) des salariés autistes.
Une grande concentration au service des savoir-faire
Les talents avec autisme sont réputés pour leurs savoir-faire, notamment quand leur poste est en lien avec un intérêt spécifique. En effet, les travailleurs avec TSA sont capables de se concentrer longtemps sur leur sujet d’intérêt. Ce qui leur permet de développer des compétences opérationnelles utiles dans le cadre de leur mission. Ils sont, pour ainsi dire, passionnés par ce qu’ils font.
En outre, certains profils sont également capables d’apprendre vite (et souvent seuls, de façon autodidacte) de nouvelles compétences lorsque le sujet les intéresse.
Ces qualités professionnelles rendent les profils autistes attractifs pour les entreprises. Les personnes TSA sont ainsi très recherchées sur certains postes qui nécessitent de la technicité.
On pense naturellement à ces entreprises qui embauchent des salariés TSA dans le domaine du développement web, de l’analyse de données ou de la cybersécurité. Leur souci du détail et leur esprit logique et analytique y sont valorisés. Hop’Toys a justement parlé d’Auticonsult, une entreprise internationale qui place des consultants autistes. Et cela, dans des grandes entreprises sur des missions en informatiques, développement, IA et data.
Cependant, rappelons qu’il n’y a pas un domaine ou secteur d’activité réservé aux autistes. Les personnes autistes sont présentes dans tous les secteurs d’activité, à tout type de postes, et peuvent s’y épanouir !
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Des compétences comportementales valorisables
Autre atout des salariés autistes : certaines qualités comportementales, aussi appelées soft skills, valorisables dans le monde professionnel.
Ces savoirs-êtres sont utiles, car ils permettent non seulement aux salariés de réussir leur mission, mais aussi de créer une dynamique de groupe favorable à l’émulation collective.
Parmi celles qu’on retrouve souvent chez les salariés TSA : une bonne capacité d’analyse, une vision pragmatique et terre-à-terre du sujet, le respect des règles, de la hiérarchie, la volonté de bien faire, une humilité.
Bien évidemment, ces qualités vont de pair avec d’autres comportements liés à l’autisme. Comme la parole franche (et parfois trop directe), des difficultés à comprendre l’implicite ou le second degré, etc.
Des salariés plus enclins à rester à leur poste
Les travailleurs autistes ont tendance à rester longtemps dans la même entreprise ou au même poste. En effet, ces derniers se sentent à l’aise dans un quotidien qu’ils connaissent et maîtrisent. Ils n’aiment pas trop le changement.
Ce type de profil est donc intéressant pour les entreprises qui cherchent à recruter des employés fidèles ou qui cherchent un moyen de réduire leur turn-over.
Un amour pour les tâches routinières
Les personnes autistes aiment les routines et les activités répétitives et solitaires. Au contraire d’autres salariés qui voient leur vigilance baisser et se démotivent pendant ces tâches, les personnes autistes les apprécient.
Cette caractéristique peut s’avérer bénéfique pour les entreprises qui ont besoin d’un travail minutieux et constant. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’analyser d’importantes quantités de données ou de veiller au bon fonctionnement d’une installation sur la durée.
Couplée avec le souci du détail, cette particularité est un avantage souvent peu connu des employeurs qui embauchent une personne TSA.
Un peu plus de diversité en entreprise pour favoriser l’innovation
Embaucher des personnes avec un TSA peut stimuler l’innovation en apportant une plus grande diversité au sein des équipes de l’entreprise.
En effet, il n’est pas rare que les entreprises, sans forcément le vouloir ou le rechercher, possèdent des équipes assez homogènes. Les employés sont issus des mêmes filières ou des mêmes formations. Ce qui conduit à une uniformisation de la pensée et des idées.
En tant que neuroatypiques, les personnes autistes ont une façon unique de penser et de ressentir le monde, ce qui leur permet de proposer des solutions novatrices à des problèmes complexes.
Leur créativité et leur imagination stimulent alors l’innovation des équipes, une qualité essentielle dans un monde qui où il faut s’adapter au changement et développer de nouveaux produits et services rapidement.
Des exemples d’initiatives inclusives réussies en matière d’autisme et d’emploi
De plus en plus d’entreprises du secteur public et privé décident d’embaucher des salariés TSA. Voici quelques unes des dernières initiatives :
L’armée et son partenariat avec AFG Autisme
Début 2023, le ministère des Armées a signé une convention avec l’association AFG Autisme et l’Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées. Dans le but d’ouvrir des postes spécifiquement à des personnes autistes.
Grâce à ce partenariat, des étudiants autistes seront orientés sur des postes spécifiques, liés à l’ingénierie et à la cybersécurité notamment. L’environnement de travail sera adapté et prendra en compte les spécificités de ces talents de manière à réussir l’intégration des salariés autistes.
L’Usine Novandie, pionnière de l’inclusion
L’usine Novandie, une filiale du groupe Andros, a lancé un programme visant à favoriser l’insertion sociale des personnes autistes.
Depuis 2014, une dizaine de salariés avec un autisme modéré à sévère ont été embauchés dans l’usine d’Auneau. Ceux-ci travaillent dans l’usine tout en étant accompagnés d’éducateurs spécialisés. Ils aident à la préparation des recettes des desserts à base de fruits.
Yannick Bontemps, directeur de l’usine Novandie, décrit ces salariés comme « un public particulièrement apte à l’emploi industriel » dans un article de l’AGEFIPH. Il explique que les personnes autistes sont douées pour les tâches répétitives. Elles les réussissent une fois que celles-ci ont été séquencées.
Autism at work, un réseau d’entreprises
À l’occasion de la semaine pour l’emploi des personnes handicapées, Welcome to the Jungle mettait en avant le témoignage d’une jeune femme Asperger, Justine.
Quand son diagnostic d’autisme a été posé, Justine a cherché à intégrer une entreprise plus ouverte sur ses particularités. Elle a finalement postulé dans une entreprise logicielle qui avait rejoint le programme international Autism at Work, qui est constitué d’entreprises qui s’ouvrent à la neurodiversité en entreprise.
Et vous, connaissiez-vous des entreprises qui embauche des TSA ? Avez-vous déjà rencontré des problèmes en entreprise à cause de votre TSA ? N’hésitez pas à nous partager votre expérience en commentaire !
Je m’appelle Clémence Guiot et je suis rédactrice web, mais aussi autiste. Je fais de la communication pour les entreprises et sensibilise aux questions de handicap sur les réseaux sociaux.
