Pour vous permettre d’accompagner au mieux vos enfants dans leurs apprentissages, Hop’Toys a invité, le 27 mai dernier, l’enseignante spécialisée et fondatrice du réseau Epsilon à l’école Lydie Laurent à animer un atelier en live sur Facebook. Pour faciliter l’enseignement à la maison à des enfants à besoins spécifiques et assurer leur bien-être, Lydie a présenté les procédures pour un enseignement fondées sur la preuve. Nous vous proposons ici, un texte récapitulatif de cette petite formation que vous pouvez bien sûr encore retrouver en vidéo.
Laissez-nous vous présenter Lydie
Lydie Laurent est enseignante spécialisée dans les Troubles Spécifiques des Apprentissages (Autisme, TDA/H, DYS, DI), titulaire du Master 2 Scolarisation et Besoins Éducatifs Particuliers, VCS ABA, formatrice et superviseur en soutien scolaire spécifique pour des particuliers. Et elle est aussi la fondatrice d’Epsilon à l’école, un réseau de soutien scolaire pour des enfants présentant des troubles de l’autisme ou des troubles spécifiques de l’apprentissage. Hop’Toys et Epsilon, c’est déjà une longue histoire ! Lydie est en effet souvent intervenue sur ce blog pour apporter son expertise pédagogique, notamment sur l’intérêt de la pédagogie Montessori avec des enfants TSA.
>> Lire aussi : « Autisme : application de la méthode Montessori avec Lydie Laurent »
Lydie est en effet formée à la pédagogie Montessori, ce qui lui a permis de découvrir des outils pédagogiques très pertinents pour des élèves à besoins particuliers. Elle a eu la chance, dit-elle, grâce à son fils diagnostiqué autiste sévère alors qu’il avait 3 ans, d’être formée également en analyse appliquée du comportement, une science qui explique comment l’être humain apprend en interaction avec son environnement.
Au cours de ce live, Lydie a donc souhaité présenter la « Leçon en 3 temps Montessori », proposant d’abord un petit extrait de cette leçon classique, avant d’expliciter les adaptations à mettre en place pour favoriser les apprentissages des enfants à la maison ou même à l’école en les stimulant davantage à travers des guidances et en leur apportant beaucoup de plaisir aussi, pour que leur cerveau enregistre tout ce que l’on cherche à leur enseigner.
L’analyse appliquée du comportement
Dans cette science, on met en évidence des procédures pour un enseignement qu’on appelle “fondées sur la preuve”. Cela veut dire qu’on sait, en fonction de certaines difficultés rencontrées par des élèves, que si on les stimule d’une certaine façon, on va favoriser leur apprentissage.
Les étapes de la « Leçon en 3 temps » classique de Maria Montessori en enseignement
Cet enseignement a pour objectif d’enseigner de manière très explicite du vocabulaire en mettant en place des guidances selon 3 temps, 3 étapes.
Pour cela, on met les 3 objets dont on souhaite enseigner le vocabulaire devant l’enfant. Pour cette présentation, Lydie Laurent a utilisé du matériel scolaire (une règle, des ciseaux et un stylo) pour enseigner, donc, du vocabulaire scolaire, mais on peut bien sûr prendre tout type de matériel, des objets du quotidien, voir des images. Cependant, notons qu’avec des objets en 3 D l’enfant peut explorer de façon sensorielle le matériel, explorer les éléments pertinents qui font qu’on appelle un objet d’une façon particulière.
1er temps : « C’est le… »
L’enseignant·e ou le parent touche le matériel pour en mettre en valeur les éléments caractéristiques, les attributs essentiels et ensuite va donner l’objet à l’enfant pour que lui aussi puisse l’explorer sensoriellement. Lorsqu’il l’a exploré sensoriellement, on nomme l’objet : “une règle”. Même chose avec les deux autres objets : on le touche, on en fait ressortir les éléments caractéristiques, on le donne à l’enfant pour qu’il puisse lui aussi l’explorer sensoriellement.
On ne commence donc pas par demander à l’enfant s’il sait ce que c’est, on lui donne l’information de façon très claire.
2e temps : « Donne-moi le… »
On va interroger l’enfant en lui demandant de montrer la règle, les ciseaux, le stylo. En général les enfants qui n’ont pas de difficultés réussissent bien cet étape là.
3e temps : « Qu’est-ce que c’est ? »
On va demander à l’enfant de nommer les objets dont on peut même changer la position : Et ensuite on lui demande de s’entraîner. Mais pour des enfants en difficulté, on a besoin d’adapter cette leçon en 3 temps.
2/ Adaptation de la leçon classique de Maria Montessori
Préalable
Il faut vérifier (ça peut se faire auprès d’une neuropsychologue) si l’enfant a bien une mémoire de travail de 3 éléments. Est-ce adapté pour lui de travailler sur 3 mots nouveaux en même temps ?
1. Guider son exploration sensorielle de l’objet
On est ensuite confronté à une deuxième difficulté : attirer son attention sur le matériel. Il sera préférable de mettre les objets un par un sur la table. Le temps de présentation au cours duquel l’enseignant·e ou l’adulte touche l’objet pendant que l’enfant est censé écouter, n’est pas très pertinent dans ce cas-là. Mieux vaut mettre l’enfant tout de suite en action.
On lui met tout de suite l’objet dans les mains et, avec nos mains, on va pouvoir guider son exploration sensorielle de l’objet, le toucher avec lui. Une fois qu’on aura pu constater qu’il a touché les éléments importants de l’objet et qu’il a porté son regard sur l’objet, qu’il y a un bon contact tactile et visuel avec l’objet, on nomme celui-ci. On ne présente qu’un objet à la fois dans un espace de travail très épuré.
On fera attention si l’on travaille avec des enfants qui font beaucoup de stéréotypies avec le matériel de ne pas laisser les stéréotypie se développer avec le matériel pédagogique. En effet cela peut devenir envahissant et ce matériel perdre de son intérêt. Si l’enfant a besoin de faire des stéréotypies pour être plus détendu, pour se concentrer, on essaie de gérer ça autrement, mais on ne fait pas de stéréotypie avec ce matériel.
2. Enseignement sans erreur : une guidance physique totale
Une fois qu’on a présenté les objets un à un à l’enfant, on va pouvoir poser les 3 objets à nouveau sur la table et on va lui demander de montrer les objets, mais cette fois, on va ajouter un enseignement sans erreur. Cela signifie qu’on va le guider et l’encourager, verbalement s’il en sensible à l’encouragement verbal, ou en lui mettant des jetons pour pouvoir l’encourager dans ses efforts. On le met en réussite.
Dans ce 2e temps, on va donc lui demander : “Montre-moi la règle” et avec notre main guider la sienne vers la règle. Et le féliciter : “Wahou, génial !” et ainsi de suite avec les autres objets. On va l’aider à fournir la bonne réponse.
Cet enseignement sans erreur va être pertinent avec des enfants qui ont vraiment beaucoup de difficultés en termes de communication, qui ont du mal à acquérir leur langue maternelle, qui ont eu beaucoup d’échecs d’apprentissage et sont donc sont extrêmement stressés avec tout nouvel apprentissage. Cela va permettre de les détendre, d’être en réussite.
Pour ces enfants le plaisir naturel de l’apprentissage n’existe pas et s’il n’y a pas de plaisir, il n’y a pas d’apprentissage.
C’est d’ailleurs la même chose que la formation classique Montessori : on ajoute des encouragements, car pour ces enfants, le plaisir naturel de l’apprentissage n’existe pas et s’il n’y a pas de plaisir, il n’y a pas d’apprentissage, donc, si nos encouragements notre voix ou des jetons les aident, on va les encourager de cette façon-là. On verra ensuite comment estomper toutes les guidances que l’on aura mises en place. On fera en sorte de revenir à quelque chose de naturel in fine, car évidemment, notre objectif est qu’il trouve du plaisir comme tout le monde dans les apprentissages.
Le jour où l’enfant aura envie d’utiliser les ciseaux pour faire un joli découpage, il sera capable de le demander, car il aura acquis ce vocabulaire.
Cette manière de provoquer du plaisir artificiel est ce que l’on appelle le renforcement en analyse appliquée du comportement.
3. Réutilisation accompagnée du vocabulaire
On va demander à l’enfant de réutiliser le vocabulaire, mais on va continuer à le guider en lui donnant la réponse. On pointe donc un objet en demandant :
– “Qu’est-ce que c’est ? Des ciseaux.” (On lui donne la réponse.)
– Des ciseaux,” va t-il répéter
– Yesss ! (On le félicite)
Attention, dans certains enfants peuvent répéter la question et la réponse. Avec ces enfants, mieux vaudra ne pas poser la question, leur permettre de n’être que dans l’imitation, on dira seulement “un stylo”. Mais parce qu’à l’école, on doit apprendre à répondre à des questions, on introduira ensuite, une fois que l’enfant saura dire “stylo”, la question, mais d’abord en la chuchotant.
Si l’enfant a peu plus de compétences, on mettra en place une guidance moins intrusive.
Avec un enfant non verbal, on s’arrêtera à ce temps 2.
Comment procéder pour estomper les guidances ?
Pour permettre à l’enfant de gagner en autonomie, de devenir plus libre, il faut estomper les guidances. Voici comment procéder sur le temps 2 et le temps 3 :
Dans le temps 2, on a vu qu’on guidait la main de l’enfant vers l’objet à pointer en dirigeant vraiment sa main. Une technique pour estomper cette guidance va consister à changer la position de notre main sur la sienne : on pourra le guider juste au niveau du poignet, puis de l’avant bras, pour finir par un petit coup de pouce derrière le coude,
A quel rythme estomper ces aides ?
Avec un enfant qui a beaucoup de difficultés, on va travailler 3 jours consécutifs avec l’aide la plus forte, jusqu’à ce qu’on le sente détendu et à l’aise, puis on estompera petit à petit vers une guidance moins intrusive.
Si un enfant a un meilleur niveau, on peut l’échauffer avec une guidance totale assez forte et, très vite, essayer d’estomper les guidances.
On valide que l’enfant a appris en vérifiant qu’il est capable de montrer les objets sans aucune aide après une nuit de sommeil ; il doit être capable de montrer les objets sans aucune aide ni guidance.
A cette étape, quand on interroge l’enfant après une nuit de sommeil, quand il n’y a pratiquement plus de guidance, il sera important de l’interroger d’abord en lui demandant, lui, d’utiliser le vocabulaire. On va donc faire le “Qu’est-ce que c’est ?” en premier. Pourquoi ? Parce que l’on veut vérifier que le vocabulaire entre dans la mémoire à long terme de l’enfant ; c’est lui qui doit le premier renommer les choses. Et on n’oubliera pas de le féliciter.
Lorsqu’il aura réussi pendant 3 jours consécutifs à réexploiter ce vocabulaire sans aide, on pourra considérer que celui-ci est acquis.
On travaillera ensuite à l’utilisation de ce vocabulaire dans la vie quotidienne pour permettre à l’enfant de gagner en autonomie. On créera des opportunités pour que l’enfant ait besoin de se servir de ce mot là dans la vie quotidienne. En lui demandant par exemple de faire un dessin. On lui donnera alors une feuille, mais pas de stylo, mais on le lui montrera, pour l’inciter à le demander. Puis, l’enfant sera capable de demander un stylo sans qu’on le mette devant lui. Une forme de renforcement plus naturelle.
Lorsqu’on aura observé, dans 2 ou 3 situations de la vie quotidienne, que l’enfant se sert de ce qu’il a appris avec le parent en entraînement, cela veut dire que ces mots sont acquis, que le plaisir naturel est de retour et que c’est gagné !
Pour résumer :
- Pour stimuler l’enfant on apporte des guidances qui permettent d’être en réussite, de se sentir plus détendu et on estompe ensuite petit à petit ces guidances de manière très stratégique.
- On rajoute du plaisir, un peu artificiel, dans l’enseignement. Tant que l’enfant est en apprentissage et que c’est difficile, on déclenche son plaisir par des félicitations, des jetons, ses stimulations visuelles… Il s’agit de déclencher dans son cerveau le circuit de la récompense, c’est ce qui fait que son cerveau va enregistrer les bonnes informations. Ensuite on estompera en manifestant un “bravo” en moyenne 1 fois sur 2, puis 1 fois sur 3, jusqu’à arriver à 1 fois sur 10 ou on va retrouver une attitude plus naturelle.
Les aides
À la suite de cette présentation, Lydie Laurent a répondu aux nombreuses questions des participants. Dans ces échanges, comme parmi les réponses que s’apportaient les internautes entre eux, plusieurs produits pouvant améliorer le travail à la maison – et particulièrement la concentration – des enfants ayant des besoins spécifiques ont été conseillés.
Coussins Dynair : Ce coussin ergonomique se place sur une chaise pour créer une assise dynamique et confortable. Une face est munie de picots pour une stimulation tactile, l’autre face est lisse. Il peut s’utiliser pour favoriser la concentration grâce aux mouvements qu’il permet de faire. Mais vous pouvez également le poser sous les pieds, face avec picots sur le dessus pour stimuler la voûte plantaire.
Casque anti-bruit enfant : Ce casque antibruit est spécialement conçu pour les enfants et atténue jusqu’à 25 dB du bruit ambiant. Idéal pour les enfants hypersensibles aux bruits et les enfants avec hyperacousie, car il atténue les bruits parasites du quotidien. Léger et pliable, vous pouvez l’emporter facilement partout dans le petit sac de rangement personnalisable inclus.
Grands sabliers par 3 : 3 grands et beaux sabliers avec 3 temps différents : un de 1 minute, un de 3 minutes et le dernier de 5 minutes. On se laisse facilement absorber par les belles couleurs du sable… et du temps qui passe.
Lot regle + petite poignee : Ce lot est LA solution ergonomique et ultrapratique pour faire des tracés sans ratures. Il est composé d’une règle graduée de 30 cm et d’une petite poignée bouton ventouse de 3.8 cm de diamètre.
Ecran de concentration amovible study buddy : Cet écran pliable permet de créer de manière temporaire un espace de travail au calme, minimisant les distractions sonores et visuelles pour faciliter la concentration. Il se pose sur une table ou un bureau lorsque le besoin se fait sentir, pour aider un élève en particulier.
Lettres rugueuses éco : 26 lettres rugueuses sur des petites planches cartonnées s’inspirant de la pédagogie Montessori et offrant une approche multi sensorielle de l’apprentissage de l’alphabet. Elles s’utilisent aussi en accompagnement d’un travail d’écriture ou dans un cadre plus ludique. Existent en 2 versions.
L’atelier en replay
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Publié le 4 juin 2020. Mis à jour le 24 janvier 2022.