L’ergothérapie, une aide précieuse
Quelques mots sur les intervenantes
Juliette Lequino est ergothérapeute spécialisée en pédiatrie. Elle intervient en appui à l’équipe départementale TSA.
Gwendoline Janot est ergothérapeute en pédiatrie et travaille en milieu scolaire ordinaire et spécialisé en Angleterre.
Qu’est-ce que l’ergothérapie ?
L’objectif de l’ergothérapeute, quel que soit l’âge des personnes suivies (de la naissance au grand âge) et quels que soient leurs besoins spécifiques, consiste à aider les personnes à participer pleinement et à être satisfaites de leurs réalisations lors d’occupations quotidiennes ou ponctuelles.
Au sein des occupations humaines, on retrouve :
- le domaine de productivité : apprendre, travailler (travail scolaire inclus) et le jeu ;
- prendre soin de soi (se brosser les dents, dormir, manger, s’habiller, etc.) ;
- avoir des interactions avec les autres et avoir des loisirs, calmes (lire des histoires, jouer aux jeux vidéos, etc.) ou actifs (faire du vélo, du sport, etc.) ;
- vivre en société (se déplacer dans la rue, prendre les transports en commun, aller faire ses courses, aller au restaurant, etc.).
L’ergothérapeute va intervenir lorsqu’une personne rencontre des difficultés dans un ou plusieurs de ces domaines. C’est un allié face aux changements dans ses habitudes de vie, lors de la transition des âges, après un accident, et, en ce moment face au Covid.
Pour cela, le/la professionnel·le va observer et analyser :
- les compétences de la personne aux niveaux sensori-moteur, psychosocial et cognitif,
- le contexte environnemental (physique, social, culturel),
- l’occupation en elle-même. Et les liens entre ces 3 sphères.
>> À télécharger : la profession d’ergothérapeute en une infographie
Deux cas cliniques et les solutions mises en place
Juliette et Gwendoline ont appuyé leur présentation sur deux cas cliniques d’enfants TSA qu’elles ont accompagnés face à tous les changements que le Covid a introduit dans nos vies. Ces deux cas fictifs ont été créés à partir d’une synthèse de différents cas qu’elles ont pu rencontrer depuis le début de la crise sanitaire.
1er cas : Elliot, 5 ans
Présentation
Elliot a un trouble du spectre autistique. Il est hypersensible au toucher. Il a également des difficultés au niveau de sa motricité fine. De plus, il présente des rigidités face aux transitions et a des difficultés à se réguler émotionnellement. Il est scolarisé en grande section de maternelle et bénéficie de l’aide d’une AESH (Accompagnant d’Enfants en Situation de Handicap).
Occupation
Elliot présente des difficultés lors des occupations suivantes :
- se laver les mains en particulier à l’école,
- après le confinement, le départ à l’école est devenu difficile,
- rester assis à l’école,
- participer aux activités sportives,
- jouer avec ses pairs en groupe.
Environnement
Elliot a eu école à la maison pendant le confinement. Il y a eu un changement de protocole sanitaire à l’école après le confinement. Il a des parents soutenants.
Difficulté abordée : se laver les mains. Quelles solutions ont été mises en place ?
Contexte général
Il refuse systématiquement de se laver les mains à l’école. À la maison, c’est son parent qui lui lave les mains et Elliot se laisse faire. Le lavage des mains se réalise toujours dans un moment de transition, lors de moments qui sont forts au niveau sensoriel.
À la récréation, Elliot court, saute, grimpe… Il est très excité et a tendance à rentrer en classe en sueur, avec un haut niveau d’excitation et une vigilance peu élevée. Il prend donc un long moment à redescendre et à être à nouveau disponible pour les apprentissages. Au moment de la transition, pour rassembler les enfants, l’enseignante d’Elliot tape dans ses mains et tous les enfants de la classe arrivent en courant et en se bousculant un peu pour se mettre en rang.
1re action mise en place :
Quelques minutes avant la fin de la récréation, l’AESH vient chercher Elliot. Ils s’installent ensemble dans le hall sur un banc pour lire un livre autour des centres d’intérêt d’Elliot. Ce moment lui permet de redescendre et de se calmer. Pendant ce temps, ses camarades se rassemblent et vont se laver les mains. Lorsque c’est son tour d’aller se laver les mains, il y a donc beaucoup moins d’enfants et d’agitation. C’est plus facile pour Elliot sensoriellement.
2e action mise en place :
Comme nous l’avons vu précédemment, Elliot présente également une rigidité face aux changements. Il a donc de la difficulté avec les nouvelles routines imposées par le contexte sanitaire. L’ergothérapeute sait que les emplois du temps visuels fonctionnent bien pour lui, mais le problème est que son emploi du temps est en classe. La solution a été de créer une petite bande avec 3 images représentant manteau / lavage des mains / classe. Ainsi, au moment de la transition, l’AESH lui présente cette petite bande et lui pointe ce qu’on attend de lui lors de cette séquence d’activités.
3e action mise en place :
Grâce à la mise en place de ces deux stratégies, Elliot coopère désormais lors du lavage des mains. Néanmoins, l’équipe s’est rendu compte qu’il n’était pas capable de le faire seul. En effet, il n’a pas acquis les gestes nécessaires. On va donc mettre en place une nouvelle stratégie d’apprentissage de cette tâche en faisant toujours en sorte qu’Elliot soit en réussite sur la fin de la tâche. On va donc travailler en étapes en commençant par lui demander seulement de se sécher les mains, puis d’éteindre le robinet et de se sécher les mains, et ainsi de suite jusqu’à l’acquisition complète de la tâche.
De plus, pour faciliter la tâche pour tous les enfants, l’enseignante a également mis en place :
- une affiche avec les différentes étapes pour se laver les mains,
- un Timer pour se repérer dans le temps et respecter les 30 secondes préconisées par l’OMS,
- ainsi qu’un espace attente dans le couloir pour éviter les bousculades.
>> À télécharger : « Je me lave les mains tout seul » ou « Je me lave les mains en images »
Difficulté abordée : difficultés d’organisation et de concentration pendant le confinement. Quelles solutions ont été mises en place ?
La période du confinement a été compliquée pour Elliot. Il papillonnait beaucoup d’une activité à l’autre. Il avait soit de la difficulté à se poser, soit à quitter une activité lorsque celle-ci lui était plaisante.
L’objectif de l’ergothérapeute a donc été de rétablir l’équilibre occupationnel d’Elliot. Pour cela, elle a dans un premier temps fait le point avec les parents d’Elliot sur ses différentes occupations. Puis, dans un second temps, ils ont listé tout ce qu’il devait et pourrait faire dans la journée. Ils ont réfléchi ensemble à une nouvelle organisation de la journée d’Elliot. Enfin, ils ont créé un emploi du temps visuel par demi-journée pour faciliter les transitions et permettre à Elliot de se repérer dans le temps.
Les parents d’Elliot avaient mentionné à l’ergothérapeute que le temps de l’habillage était difficile pour Elliot. Il refusait de s’habiller et courait partout dans la maison, suivi de ses parents qui tentaient de l’habiller. L’ergothérapeute a donc conseillé de mettre une chaise pour s’habiller dans sa chambre. Ainsi, en jumelant l’utilisation de la chaise et de l’emploi du temps visuel, Elliot est structuré dans le temps et dans l’espace pour s’habiller.
>> À télécharger : « L’autonomie petit à petit : l’habillement »
2e cas : Léa, 12 ans
Présentation
Léa est une jeune fille avec des troubles du spectre autistique qui est scolarisée au collège en classe de 6e. Elle présente une attention fluctuante et a développé plein de petites stratégies d’évitement. Elle a aussi des difficultés de coordination. C’est une jeune fille très sociable et volontaire.
Occupation
Léa a des difficultés avec :
- le port du masque,
- se faire des amis,
- manger à la cantine,
- gérer ses affaires,
- faire ses devoirs.
Environnement
Comme tous les adolescents en ce moment, Léa va l’école à la maison de manière ponctuelle. Elle vit également une transition entre le primaire et le collège, car elle vient de rentrer en 6e . Elle a des parents soutenants.
Difficulté abordée : se laver les mains. Quelles solutions ont été mises en place ?
Tout comme Elliot, Léa a des difficultés à se laver les mains. Due à ses problèmes de coordination notamment, elle n’arrive pas à bien faire les gestes du lavage des mains. De plus, elle oublie des étapes. Elle se sent frustrée et évite donc au maximum de se laver les mains.
L’ergothérapeute lui a donc proposé dans un premier temps de regarder des vidéos de personnes se lavant les mains. Léa a donc pu observer les différentes étapes et comprendre où elle avait des difficultés. Elle a ensuite créé avec l’aide de l’ergothérapeute un petit aide-mémoire plastifié qu’elle peut consulter au collège avant de se laver les mains.
Difficulté abordée : le port du masque. Quelles solutions ont été mises en place ?
Lorsque Léa doit porter son masque au collège, elle se sent irritée et anxieuse et ne parvient pas à penser à autre chose que son masque. Elle a des difficultés à s’autoréguler. Le travail de l’ergothérapeute a donc été de trouver une manière pour Léa de s’autoréguler, de redescendre émotionnellement.
Ses enseignants ont été informés, ont tous coopéré et permis à Léa de sortir de la classe lorsqu’elle en ressentait le besoin. Avec l’ergothérapeute, elles ont mis en place des stratégies de relaxation et de régulation sensorielle avec l’utilisation notamment d’un fidget. Ces stratégies ont permis à Léa de diminuer ses crises et de pouvoir supporter le masque plus facilement.
Revoir le live en vidéo
Les solutions Hop’Toys
Voici quelques-uns des outils conseillés par Juliette et Gwendoline qui pourront aider les enfants à s’adapter aux changements dans le contexte actuel :
– des fidgets pour s’autoréguler
– le Time Timer Wash spécial lavage des mains et des sabliers pour matérialiser le temps
– des supports de séquençages et routines
Et retrouvez les 50 outils indispensables pour l’ergothérapie à -20 % jusqu’au 30 octobre
Et vous ? Vous connaissiez les bienfaits de l’ergothérapie ? Partagez nous votre expérience en commentaire !
Article publié le 29 octobre 2020 et mis à jour le 27 octobre 2023
Pour rester en contact avec Juliette Lequinio, rendez-vous sur son site internet Juliette Lequinio – Ergothérapeute et sur sa page Facebook @juliettelequinio.ergo.
Vous pourrez également retrouver Gwendoline Janot sur Twitter @MaMamanErgo, Facebook @mamamanergo et sur son site internet Ma Maman Ergo.