Parce que la rentrée 2020 devait être celle du « zéro enfant sans solution de scolarisation », parce que derrière les chiffres et les annonces sur la scolarisation des enfants avec handicap, se pose, doit se poser la question de sa qualité, parce que sa réussite dépend encore et toujours trop de bonnes volontés, parce que la question de l’école inclusive ne doit pas être le marronnier de rentrée, dont on ne parle plus le reste de l’année, Hop’Toys invite des acteurs de l’inclusion scolaire à échanger dans le cadre d’une table ronde proposée en live sur Facebook, le mercredi 2 décembre à 20h30. Ou comment des initiatives locales portées à bout de bras pourraient représenter des modèles répliquables, inspirer des solutions institutionnelles de socialisation et de scolarisation de ces enfants qui ont, rappelons-le, les mêmes droits que les autres !
S’inscrire gratuitement au live
2020, l’année de la scolarisation pour tous ?
Où en est, en 2020, la scolarisation des élèves porteurs de handicap en France ? En progression ? Oui, c’est vrai. Mais néanmoins toujours très largement insatisfaisante. Pourtant la Loi du 11 février 2005, celle de 2013 pour la refondation de l’École de la République, la Convention des Nations unies affirment, sans équivoque, le droit de chaque enfant à la scolarité. Alors que le Président de la République Emmanuel Macron fixait en février dernier l’objectif d’ « aucun enfant sans solution de scolarisation au mois de septembre prochain », on est encore très loin du compte. La crise sanitaire aura, au contraire cette année, éloigné encore plus (et plus que les autres) les enfants porteurs de handicap de l’école. Mais la pandémie n’est bien sûr pas la cause de ce retard, inlassablement dénoncé par les familles et les associations.
Alors qu’est-ce qui bloque ? Comment plus de 10 000 enfants (d’après les chiffres approximatifs dont on dispose) peuvent-ils encore se trouver sans aucune solution de scolarisation, privés de vie sociale, privés d’un socle commun de connaissances indispensable à leur avenir et au développement de leur autonomie ?
En attendant que l’État assure à tous ce droit fondamental, des acteurs associatifs et des enseignants se mobilisent, inventent de nouvelles formes pour permettre à ces enfants de progresser et d’apprendre, parmi les autres, pour permettre à l’école de réussir sa transition inclusive. Elles nous présenteront leurs projets et ce que chacun d’entre eux dit des besoins actuels des familles, du corps enseignant, des enfants. Car l’école inclusive, c’est bien celle-là : celle qui répond aux besoins de tous les enfants.
Tout le monde a sa place à l’école, à l’école de faire sa place à chacun.
(Laure Sautreau).
Derrière des initiatives locales : des (pistes de) solutions
Elles sont directrices ou membres d’associations, enseignantes, professeure référente, mères d’enfants en situation de polyhandicap, d’autisme… Elles ont élaboré ou sont en train de mettre en place des structures, des outils pour permettre à des enfants avec handicap de progresser dans leur socialisation, leur autonomie et leurs apprentissages… quatre actrices de l’inclusion échangeront sur les enjeux, les difficultés et les formes nouvelles de scolarisation pour que chaque enfant puisse en bénéficier.
Etat des lieux de la scolarisation, qualité de l’inclusion impact sur les familles et nécessité de la cohésion
L’été dernier, l’Unapei, fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées et de leurs familles a dû relancer la campagne #jaipasécole, invitant les familles dont les enfants n’étaient pas scolarisés à témoigner, dénonçant aussi les situations souvent inadaptées et insatisfaisantes de bien des enfants porteurs de troubles ou de handicap à l’école. Sonia Ahehehinnou, est Vice-Présidente de l’Unapei sur la mission Éducation – Scolarisation. Elle nous présentera les dispositifs de scolarisation existant pour les élèves en situation de handicap aujourd’hui et les adaptations pour les élèves à besoins éducatifs particuliers.
Derrière les chiffres (à considérer avec prudence, puisqu’il n’en existe pas d’officiels sur le nombre d’élèves sans solution de scolarisation), Sonia Ahehehinnou nous invitera à réfléchir à la question de la qualité de l’inclusion, aux nécessaires aménagements matériels, aux formations et nouvelles postures d’enseignement à mettre en place. Maman de deux enfants, dont une adolescente avec autisme, aujourd’hui âgée de 16 ans, Sonia partagera son expérience familiale face à la déscolarisation de sa fille entre l’âge de 4 et 8 ans. Elle soulignera les dommages collatéraux très importants de toute situation de déscolarisation, à la fois sur le développement de l’enfant lui-même et sur sa famille.
>> Voir aussi : Unapei, on est #aveceux pour l’éducation inclusive
Quand le médico-social et l’Éducation nationale s’allient pour proposer des outils
L’accompagnement des acteurs au croisement de deux cultures, (le médico-social et l’enseignement) est un enjeu fondamental de l’inclusion. Pour Sonia Ahehehinnou, l’inclusion fonctionne en effet quand tous les acteurs sont autour de la table, quand une véritable cohésion pluridisciplinaire se met en place entre l’École, le secteur médico-social, mais aussi les parents et les collectivités.
Le projet porté par Stéphanie Chanier, professeure ressources TSA au sein du Service départemental de l’École Inclusive (SDEI) du Puy-de-Dôme et le CRA Auvergne sera un parfait exemple de ces ponts indispensables à mettre en place pour accompagner au mieux les enseignants qui accueillent dans leur classe des élèves à besoins spécifiques . Car, sur le terrain, les conseils ne suffisent pas. Les enseignants ont besoin de ressources concrètes pour mieux accueillir et accompagner les élèves avec TSA sur les plans cognitif, sensoriel, langagier. Stéphanie nous présentera ainsi le projets de mallettes pédagogiques développé en partenariat avec le CRA.
Apporter un renfort sur le plan pédagogique
Ces référents et centres de ressources qui existent actuellement pour l’autisme, Laura Cobigo voudrait les voir créer également autour du polyhandicap. Professeure des écoles, présidente de l’association Des carrés dans des ronds et directrice du projet de « Le centre des possibles », Laura est en train de déplacer ciel et terre pour ouvrir début 2021 dans le Morbihan une unité d’enseignement expérimentale pour des enfants et adolescents porteurs de polyhandicap. Pour Laura, il y a en France une volonté de faire avec les modèles existants, alors que l’inclusion n’a pas pu se faire depuis tant d’années avec ces modèles-là. Elle a donc décidé d’en créer de nouveaux !
Laura nous expliquera comment elle souhaite établir des ponts avec l’Éducation nationale, comment se dérouleraient les formations proposées au Centre des possibles, quels outils et ressources la structure proposera, notamment sur l’aménagement de l’espace, un axe d’apprentissage en soi à ses yeux. Car au-delà de la socialisation, au-delà de l’impératif de mettre ces enfants au contact d’autres enfants, l’enjeu est aussi celui de leurs apprentissages !
L’indispensable socialisation
Faut-il arrêter de faire avec les modèles existants, insuffisants et en inventer de nouveaux ? C’est en tous cas, ce que Laure Sautreau, enseignante et présidente de l’association Isaé s’est dit quand elle a créé en 2017 l’école Terre et crayons, une école inclusive mixte. C’est parce qu’elle s’inquiétait de l’avenir scolaire de sa fille Manon porteuse de troubles du spectre de l’autisme que Laure a créé cette structure. Prendre soin de chaque enfant, faire progresser chacun, ne laisser personne en souffrance, telles sont les missions de cette école. Manon y a passé de beaux moments, avant que son âge ne la conduise en Ulis collège. Les choses ne se sont alors pas bien passées pour elle et l’adolescente s’est finalement retrouvée déscolarisée à l’âge de 14 ans et demi. Sans perspective de place en IME bien sûr étant donné son âge. À la maison, Manon a régressé, perdant le moral en même temps que toute vie sociale.
Sur le modèle des Relais d’assisant·e·s maternel·le·s (RAM) et avec le souci que cela n’implique aucune nouvelle dépense pour les parents, Laure a ainsi à nouveau décidé de créer ce qui n’existait pas mais pourtant serait utile : un Service d’Aide à la Socialisation (SAS). C’est la mise en place de ce projet à la fois tout simple et ultra innovant qu’elle présentera dans le cadre de ce live. Au-delà, c’est son incroyable capacité à rebondir, à innover et à « bidouiller pour que ça devienne possible » qui pourrait bien faire naître de nouveaux projets d’inclusion.
Vous le voyez, ces échanges promettent d’être riches, inspirants et nous l’espérons d’apporter des perspectives nouvelles aux familles dont les enfants n’ont pas de solution (satisfaisante) de scolarisation.
Que vous soyez directement concerné ou non, n’ayez pas de doute sur le fait que l’inclusion est l’affaire de tous. Parce que ce qu’elle peut amener est bénéfique à tous les enfants, parce que c’est ce type de société, capable de prendre en charge toute sa diversité que nous voulons construire.
Parents, enseignants, professionnels, membres d’associations et de collectivités locales, inscrivez-vous d’ores et déjà à ce live (pour ne pas risquer de rater ce rdv), et posez dès à présent vos questions à nos intervenantes.
Marianne, bonjour. Je m’appelle Chantal, AESH dans une école primaire d’Aix en Provence mais également AES (accompagnant éducatif et social). Avec d’autres AESH de mon établissement, j’ai monté un projet (qui à lieu la semaine prochaine) visant à sensibiliser les élèves au handicap. Dans ce cadre-là, pensez-vous qu’il me serait possible d’utiliser les 2 affiches rouge et bleue, avec l’inscription « demain, je…. « ? Merci d’avance. Je vous souhaite une excellente soirée. À bientôt, Chantal.