Le harcèlement à l’école est une réalité complexe, parfois déstabilisante pour les adultes qui veulent protéger leurs élèves ou leurs enfants. Sans oublier certains camarades de classe qui peuvent agir comme écoute et soutien. Il n’existe pas de solution miracle, et chacun, enseignant comme parent, se sent parfois démuni face à l’ampleur de la tâche. Mais et si, sans prétendre tout résoudre, on pouvait essayer des approches simples et accessibles, qui aideraient à apaiser le climat en classe et à accompagner les élèves qui ont besoin de soutien ?
En effet, pour les enfants ayant des besoins spécifiques, souvent plus exposés, la création d’un environnement bienveillant et inclusif peut changer les choses – même si c’est par petits pas. Cet article ne propose pas de recette parfaite, mais des pistes de réflexion et des actions concrètes, basées sur des principes d’inclusion, pour offrir aux élèves un espace où chacun peut se sentir à sa place, à son rythme.
Zoom sur la campagne 2024/2025 : « Ton problème, c’est mon problème »
Cette campagne, lancée en novembre lors de la Journée nationale contre le harcèlement, utilise un clip de sensibilisation créé avec des élèves du collège Emile Guillaumin, lauréats du prix Non au harcèlement. Diffusé en format court sur les réseaux sociaux et les médias, le clip vise à sensibiliser le public à l’importance de se mobiliser collectivement contre le harcèlement. Dans son format long, il est accompagné d’un livret pédagogique pour être utilisé dans les établissements scolaires, facilitant ainsi le dialogue et l’éducation autour de ce fléau.
Cette initiative s’inscrit dans le programme Phare, un dispositif qui vise à généraliser les efforts de prévention dans toutes les écoles et lycées français. Ce programme inclut la formation d’ambassadeurs parmi les élèves, et engage des équipes éducatives à intervenir efficacement tout en mobilisant la communauté scolaire dans sa globalité pour créer un environnement protecteur.
>> À télécharger aussi : » 10 conseils contre le harcèlement ».
Les sources du harcèlement scolaire : différences et stigmatisation
Le harcèlement scolaire n’est jamais simple, ni pour pour les élèves, ni pour les enseignants, ni pour les parents. Il se fonde généralement sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques :
- L’apparence physique (poids, taille, couleur ou type de cheveux)
- Le sexe, l’identité de genre (garçon jugé trop efféminé, fille jugée trop masculine, sexisme), orientation sexuelle réelle ou supposée
- Un handicap (physique, psychique ou mental)
- Un trouble de la communication qui affecte la parole (bégaiement/bredouillement)
- L’appartenance à un groupe social ou culturel particulier
- Des centres d’intérêts différents.
Le harcèlement revêt des aspects différents en fonction de l’âge et du sexe.
Et le cyberharcèlement ?
Avec la multitude de réseaux sociaux (Youtube, X, Instagram, Tik Tok, Whatsapp, etc.), le cyberharcèlement est de plus en plus présent dans notre société. Il touche les jeunes à un âge de plus en plus précoce. Il se définit comme « un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ».
Cela peut être :
- Les intimidations, insultes, moqueries ou menaces en ligne
- La propagation de rumeurs
- Le piratage de comptes et l’usurpation d’identité digitale
- La création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’une camarade de classe
- La publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture
- Le sexting non consenti (échange de contenus à caractère sexuel par SMS ou messagerie) et la vengeance pornographique.
Quelques pistes de réflexion pour apaiser le climat à l’école
Créer un environnement sécurisant et bienveillant
Pour certains enfants, l’école est un lieu source d’angoisse, où ils peuvent craindre d’être rejeté ou incompris. Cette peur peut être plus présente chez les enfants aux besoins éducatifs particuliers. Créer un environnement sécurisant est donc l’un des premiers pas pour offrir à tous les élèves un cadre ou ils peuvent s’épanouir sans crainte d’être jugés.
Afficher des règles de vie positives – « Ecoute ton camarade », « Respecte les différences » – peut aider à instaurer un cadre bienveillant. En encourageant les élèves à formuler eux-mêmes des règles et à les illustrer, ils se sentent davantage impliqués et responsabilisés. Cela renforce aussi l’idée que chacun a un rôle à jouer dans le respect et la sécurité collective. De plus, on peut utiliser un langage encourageant et valoriser les réussites, même petites. Cela peut renforcer l’estime de soi des élèves, et les encourager à adopter eux-mêmes un langage bienveillant.
Une affiche toute prête à imprimer :
Infographie : affiches bienveillantes pour la classe
Affiches au format A3 adaptables en A4. À imprimer et à afficher en classe !
Réfléchir à de nouvelles façons de faire
Voici quelques réflexions pour réinventer les pratiques scolaires et mieux protéger les élèves.
Que signifie vraiment la diversité ?
Plutôt que de voir la différence comme un obstacle, et si on l’explorait comme une richesse ? En célébrant les singularités de chaque élève à travers des activités de découverte de leurs passions, on pourrait renforcer leur estime et leur sens d’appartenance.
Vous pouvez par exemple proposer dans votre classe un mur des différences. Il s’agit d’un espace où les élèves peuvent afficher des images d’objets symboliques représentant leurs intérêts, pour mieux se connaître. Vous pouvez également afficher sur ce mur des infographies sur les handicaps pour sensibiliser les élèves de la classe à la différence. On peut aussi proposer des jeux de rôle pour encourager la compréhension des différences et le développement de l’empathie.
Les émotions ont-elles leur place en classe ?
Les émotions sont au coeur des relations entre élèves. En créant des espaces où ils peuvent exprimer leurs ressentis – comme un coin des émotions avec des pictogrammes pour illustrer leur humeur – on leur permettrait d’apprendre à gérer leurs sentiments, tout en encourageant l’empathie. On peut également proposer des activités pour aider les élèves à mieux comprendre les émotions des autres. Par exemple, cela peut être des jeux de rôles ou des discussions autour de scénarios fictifs liés au respect, à la différence, et au harcèlement.
Introduisez des moments réguliers où les élèves peuvent parler de leur ressenti dans un cadre sécurisant, ce qui peut les aider à reconnaître leurs propres émotions et celles des autres.
Encourager la collaboration et l’entraide
L’inclusion passe aussi par des activités de coopération, où chacun a un rôle qui valorise ses compétences. Dans des projets collaboratifs, chaque élève peut découvrir que ses talents uniques apportent au groupe.
C’est aussi l’occasion d’accompagner vos élèves à la gestion des conflits et à la résolution de problèmes. Vous pouvez alors enseigner aux élèves des techniques pour exprimer leurs sentiments et résoudre les désaccords de manière respectueuse.
Observer activement les dynamiques de groupe
Surveillez les changements de comportement (isolement soudain, absences fréquentes, baisse des notes). Observez aussi les interactions entre élèves pour repérer d’éventuels conflits ou exclusions. Vous pouvez aussi noter les incidents mineurs pour détecter d’éventuels comportements répétitifs ou des dynamiques de groupe préoccupantes qui pourraient indiquer des situations de harcèlement.
Sensibiliser les élèves aux impacts de harcèlement
Organisez des moments de sensibilisation (par des discussions, des vidéos, ou des témoignages) pour rappeler les conséquences du harcèlement sur la santé mentale et le bien-être. Encouragez également les élèves à devenir des « témoins actifs ». Vous pouvez inclure des sessions spécifiques sur le respect en ligne et les comportements appropriés sur les réseaux sociaux, en soulignant l’importance de la responsabilité numérique.
>> À télécharger aussi : « Réseaux sociaux : 8 bonnes pratiques pour se protéger ».
Apprendre aux enfants témoins de harcèlement qu’il est important d’agir
Rappelez toujours aux enfants qu’il est important d’agir en cas de situation de harcèlement. Que ce soit pour réconforter la victime ou prévenir un adulte, il est important de ne pas rester sans intervenir. Ne rien dire ou ne rien faire revient à enfoncer la victime dans sa situation.
Vous pouvez également montrer aux élèves qu’ils peuvent vous parler en cas de problème, sans crainte de jugement ou de représailles, et prendre le temps de les écouter lorsqu’ils viennent vous voir. Dans votre classe, vous pouvez par exemple installer une boîte à mots. Les élèves peuvent y glisser des messages anonymes s’ils ne se sentent pas à l’aise pour parler directement. Cela peut vous aider à repérer des situations difficiles.
Lutter contre le harcèlement scolaire est une tâche complexe, mais même de petites actions inclusives peuvent contribuer à transformer l’école en un lieu plus sûr et plus accueillant pour chaque enfant. En cultivant un environnement bienveillant et en favorisant l’expression de soi, les enseignants et les parents peuvent aider les élèves à se sentir soutenus et respectés dans leur diversité. Ensemble, et sans prétendre tout résoudre, faisons des petits gestes qui, peu à peu, créent de grands impacts pour les élèves.
sources :
Ministère de l’Éducation Nationale : Qu’est-ce que le harcèlement ?, Novembre 2024