Les recommandations sont sans équivoque : pas d’écran à la maison pour les enfants de moins de trois ans. Les écrans sous toutes leurs formes, y compris la télévision, les ordinateurs et les smartphones, peuvent influer sur la façon dont les enfants se sentent, apprennent, pensent et se comportent. Cependant, ce sont ses parents qui auront toujours l’influence la plus importante.
Les applications dites éducatives et les livres numériques
La plupart des applications annoncées comme « éducatives » ne sont pas prouvées efficaces. Tout d’abord, ils n’encouragent pas le co-visionnement ou le co-jeu qui aident les jeunes enfants à apprendre. En outre, la plupart des applications éducatives ciblent les compétences de par cœur, telles que les ABC, les suites de chiffres ou les formes. Ces compétences ne sont qu’une partie de la préparation à l’école. Les compétences que les jeunes enfants doivent acquérir pour réussir à l’école (et dans la vie), comme le contrôle des impulsions, la gestion des émotions et la créativité, sont bien mieux apprises par le jeu social avec la famille et les amis dans le monde réel.
Les livres numériques (ou livre électronique) qui ont beaucoup d’effets sonores et visuels peuvent parfois distraire les enfants, qui « ratent l’histoire » et n’apprennent pas aussi bien que dans un livre imprimé, où il faut tourner les pages avec l’aide de papa ou maman.
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Il faut environ 18 mois pour que le cerveau d’un bébé se développe au point d’associer les symboles sur un écran à leur représentation équivalente dans le monde réel. Un tout-petit verra une pomme à l’écran, mais ne saura pas l’identifier au côté d’une banane ou d’une poire. Ce que les nourrissons et les tout-petits ont le plus besoin d’apprendre, c’est l’interaction avec leur famille et leur entourage.
Cela ne veut pas dire qu’ils ne devraient pas parler sur Facetime avec Mamie Yvonne qui est à l’autre bout de la France, ou avec maman qui est en déplacement professionnel. Mais quand il s’agit d’apprendre au jour le jour, ils doivent toucher les choses, les secouer, les jeter, et surtout voir les visages et entendre les voix de ceux qu’ils aiment le plus. Les applications peuvent apprendre aux tout-petits à appuyer sur un écran et à le balayer d’un simple revers de doigts, mais les multiples études réalisées sur la question nous indiquent que ces compétences ne se traduisent pas par un apprentissage dans le monde réel.
Pourquoi limiter l’utilisation des écrans ?
La surexposition aux écrans peut exposer votre enfant à :
Un manque de sommeil
Les jeunes enfants qui sont les plus exposés aux écrans, qui ont un téléviseur, un ordinateur ou un appareil mobile dans leur chambre, dorment moins et s’endorment bien plus tard dans la nuit. Les bébés peuvent être surexcités par les écrans indirects, le bruit de fond, et peuvent avoir un sommeil plus perturbé alors que celui-ci est essentiel pour qu’ils puissent bien grandir.
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Des retards dans l’apprentissage et les compétences sociales
Les enfants qui regardent trop la télévision pendant la petite enfance et les années préscolaires peuvent montrer des retards dans l’attention, la réflexion, le langage et les compétences sociales. Une des raisons de ces retards pourrait être qu’ils interagissent moins avec les parents et la famille. Les parents qui regardent la télé ou se concentrent sur leurs propres écrans (smartphone, tablettes, ordinateurs…) ratent des occasions précieuses d’interagir avec leurs enfants et de les aider à apprendre.
Donner des ressources à votre enfant pour une utilisation raisonnée
Déterminer ensemble des zones sans écrans dans votre maison
Que ce soit dans la cuisine ou dans la salle à manger, gardez les repas familiaux et autres rassemblements familiaux et sociaux sans écrans à proximité.
Rechargez les appareils mobiles pendant la nuit à l’extérieur de la chambre de vos enfants. Cela permettra à l’enfant de dormir sans être dérangé dans son sommeil par des messages ou des appels qui pourraient interférer avec son sommeil. Non seulement la lumière émise par les téléphones peut affecter son sommeil, mais ils seront ainsi moins tentés d’utiliser ou de vérifier leurs téléphones alors qu’ils devraient dormir…
Déterminer des temps sans écrans
Au quotidien, désactivez les écrans à des moments précis. Que ce soit lors des temps de repas, avant d’aller se coucher, au réveil le matin, durant les trajets en voiture, avec une exception pour les longs trajets par exemple, déterminez quels seront vos moments à vous sans écrans. La politesse est tout aussi importante qu’elle l’a toujours été. Avoir un téléphone portable ou un appareil mobile n’est pas une excuse pour oublier nos bonnes manières. On ne regarde pas le téléphone, ou on n’envoie pas de SMS tout en parlant avec quelqu’un, ou durant les repas. D’ailleurs, ceux-ci ne devraient pas être pris au moment du repas.
>> À lire : Les conseils d’Isabelle Filliozat pour des écrans sans dépendance
Un couvre-feu pour les smartphones
Chaque famille est différente, mais pourquoi ne pas instaurer un couvre-feu spécial mobile durant la nuit ? D’ailleurs, vous pouvez prévoir une boite à téléphone dans la maison, dans laquelle seront déposés vos smartphones en charge, et éteints.
>> À lire : La boite à téléphone pour l’aider à se concentrer !
Diversifier les écrans
Les écrans font partie de notre quotidien. Pourquoi ne pas les utiliser d’une manière qui favorise l’interaction, la connexion et la créativité ? Co-visionner des médias ensemble va favoriser l’interaction et la discussion. Cela va également empêcher l’enfant de tomber dans l’hypnose télévisuelle. Votre ado adore jouer en ligne ? Et si vous jouiez avec lui ? Dans ces conditions, les jeux vidéos ont même des avantages lorsqu’ils sont partagés avec un parent à ses côtés. Cela crée des liens parents-enfants et vous aide à rentrer dans l’univers parfois fermé de votre ado, tout en contrôlant les jeux vidéos auxquels il joue.
Quand du temps d’écran récréatif est donné, privilégiez plutôt…
- Des appels vidéos avec la famille lointaine
- Regarder des reportages qui vont approfondir ses connaissances éducatives
- Utiliser des médias pour être créatif : coder, faire des films, du graphisme, améliorer des projets personnels ou scolaires…
- Utiliser les médias pour se connecter aux autres : appels vidéos avec des amis, utiliser les médias sociaux pour renforcer les liens avec les autres…
- Visiter des sites web ou regarder des vidéos qui sont établis par la famille
Équilibrer le temps en ligne et hors ligne
Les médias et les appareils numériques font partie intégrante de notre monde aujourd’hui. Les avantages de ces appareils, s’ils sont utilisés de manière modérée et appropriée, peuvent être géniaux. En revanche, la recherche a montré que le temps passé en tête-à-tête avec la famille, les amis et les enseignants joue un rôle central dans le développement. C’est en particulier primordial lorsqu’il s’agit de l’apprentissage et le développement sain des enfants. Tout d’abord, équilibrez le temps passé sur les écrans et en famille. De même, ne laissez pas votre enfant se perdre derrière un flux de médias et de technologie. Aussi, accompagnez votre enfant dans la lecture, dans des ateliers créatifs, pour faire du sport, grimper sur les arbres, faire du vélo, être dehors…
>> À lire : Avez-vous déjà entendu parler du déficit de nature ?
Être un bon citoyen numérique
Parlez avec vos enfants sur ce que c’est d’être de bons « citoyens numériques ». Sensibilisez aux graves conséquences du cyberharcèlement : ne pas être impoli ou intimider quelqu’un, respecter la vie privée des autres en ne diffusant rien à leur sujet sans en avoir demandé leur permission, faire appel à un parent ou un adulte de confiance s’ils sont victimes d’intimidation, ou s’ils reçoivent des messages et photos qui les mettent mal à l’aise. Si votre enfant est victime de cyber harcèlement, il est important d’agir. Répondre immédiatement aux besoins de santé psychologique des enfants et des adolescents s’ils sont intimidés en ligne est primordial. Il faudra sans doute envisager de les séparer des plateformes de médias sociaux où l’intimidation se produit.
>> À lire : 10 conseils contre le harcèlement
Des conseils pour vous, parents
Ne vous sentez pas obligé d’introduire les technologies dès le plus jeune âge. Les interfaces médias sont intuitives et les enfants apprennent très facilement à les manipuler.
Surveiller ce que regardent vos enfants. Sachez quelles applications sont utilisées ou téléchargées. Testez les applications avant que votre enfant ne les utilise. Jouez ensemble et demandez à votre enfant ce qu’il pense de l’application.
Éteignez les téléviseurs et autres appareils lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Les écrans et le bruit de fond peuvent détourner l’attention de l’interaction parent-enfant et du jeu de l’enfant. Ce sont pourtant des points très importants dans le développement du langage et du développement socio-affectif.
Évitez l’exposition aux appareils ou écrans 1 heure avant le coucher.
Évitez d’utiliser les écrans comme seul moyen de calmer vos enfants. Bien qu’ils puissent être utilisés pour soulager les enfants, comme au cours d’une intervention médicale ou d’un vol d’avion, utiliser les médias comme une stratégie pour calmer l’enfant pourrait créer un lien affectif avec ceux-ci et induire une dépendance dans la gestion de ses émotions et son autorégulation.
Quels outils pour gérer le temps d’écran ?
Le Time Timer et la montre Time Timer permettent à l’enfant de prendre conscience du temps qui passe. Très simple d’utilisation, cet outil permet de matérialiser le temps par une représentation visuelle. En effet vous tournerez le disque rouge jusqu’à l’intervalle de temps désiré. La partie visible du disque diminue au fur et à mesure que le temps s’écoule jusqu’à disparaître ! On peut activer ou non un bip sonore, et sur certains modèles, on peut même en régler l’intensité.
>> À lire : Le Time Timer expliqué en une infographie
Alors, quels écrans pour quel âge ?
Toutes les réponses se trouvent dans notre infographie ! N’hésitez pas à la partager, à l’imprimer et à la diffuser.
Cette affichette est au format A3.
Sources :
Cet article s’inspire des recommandations de l’AAP (American Academy of Pediatry) depuis 2000.
LANDHUIS C.E et al, « Does chilhoood television viewving lead to attention problems in adolescence ? Results from a prospective longitdudinal study.”Pediatrics, n°120, 2007, p.532 et passim; n°104, 199, p.E27
CHONCHAYA W. et al, « Television viewing, associates with delayed langage development.” Acta Paediatr., n°97, 2008, pp 977 et passim
OWENS J. et al., « Television-viewing habits ans sleep disturbance in school children », Pediatrics, n°104, 1999, p.e 27
Article publié le 23 mars 2020, mis à jour le 19 novembre 2021
Il n’y a pas à gérer les écrans. Ces sal****** qui, de plus, polluent la planète plus que les avions, sont tout bonnement à proscrire. Nous le faisons à SCHOLA NOVA en Belgique; Les enfants y parlent le latin… La meilleure façon de résister aux tentations est de les éloigner de nous. Quand je pense que ce sont ces mêmes enfants qu’on envoie manifester (pendant les heures scolaires !) contre le réchauffement climatique ! Ils n’ont certainement pas besoin de cela pour être heureux.