Claire Perol est Kinésithérapeute Pédiatrique spécialisée pour les nouveaux-nés, les nourrissons et les enfants. Selon Claire : « La prise en charge en kinésithérapie doit s’adapter à chaque enfant. La relation entre le patient, ses parents, et le thérapeute garantit une rééducation dans de bonnes conditions. Le thérapeute spécialisé en pédiatrie est à l’écoute de l’enfant et de ses parents. L’enfant doit vivre la rééducation avec le kinésithérapeute comme un jeu. Alors il va progresser avec plaisir dans les différentes étapes de son développement moteur. » Dans cet article nous avons voulu interroger Claire sur son expérience de Kinésithérapeute en intégration sensorielle. Voici ces réponses sur le sujet.
Comment et pourquoi vous vous y êtes intéressés ?
Le terme et la notion d’intégration sensorielle est malheureusement absent lors du cursus principal de Kiné. Il est également absent de la plupart des formations complémentaires adressées aux Kinés pédiatriques. J’ai eu la chance lors de mon travail en institution de côtoyer une ergothérapeute formée à cette méthode. Lors de nos échanges sur les patients que nous avions en commun, son approche m’a permis de mieux comprendre certaines problématiques que je rencontrais. Ça m’a donc poussée à m’intéresser de beaucoup plus près à cette méthode et à essayer d’en tenir compte lors de mes séances. La compréhension de mes petits patients et le contenu de mes séances se sont donc peu à peu modifiés an tenant compte de leurs particularités sensorielles. Le résultat s’est rapidement vu sur leur développement moteur et leur participation.
Comment vous vous êtes formés ?
J’ai d’abord beaucoup échangé avec plusieurs thérapeutes (ergo) qui pratiquent cette méthode, et j’ai assisté à différentes séances. J’ai ensuite rencontré une ergothérapeute en particulier qui s’est formée aux États Unis et qui forme maintenant en France. Ayant besoin d’avoir plus de théorie et de pratique pour mieux intégrer la notion sensorielle à mes séances, il était naturel pour moi de suivre sa formation, sur 1 semaine. J’aurais aimé pouvoir suivre la suite de la formation (plusieurs modules), mais pour le moment les modules supplémentaires sont réservés aux ergothérapeutes.
En quoi consistait la formation ?
La formation durait une semaine. Le contenu était riche. Il y avait des notions théoriques sur les différents sens, les différentes particularités sensorielles, des idées/astuces du quotidien pour aider les personnes aux besoins spécifiques, et des notions sur la rééducation des troubles. Il y avait aussi pas mal de pratique, entre nous, pour nous permettre de ressentir par nous même certains sens et certaines difficultés sensorielles, et aussi essayer certaines manières de les “travailler”.
A quel patient proposez-vous la thérapie ?
D’abord, j’ai maintenant intégré les notions sensorielles à ma pratique. Certains patients n’en ont pas du tout besoin, pour d’autres cela permet d’avoir une séance mieux acceptée, et bien sûr pour certains c’est la base de ma pratique. À chaque 1er RDV, je pose donc systématiquement quelques questions aux parents (et à l’enfant si possible) qui me permettent de détecter un éventuel trouble sensoriel. Lorsque c’est le cas, J’effectue systématiquement un bilan sensoriel plus poussé et me sert de mes conclusions pour adapter ma rééducation.
Dans quel contexte ?
J’intègre la thérapie à ma rééducation. Souvent les patients me sont adresses pour un “retard moteur”, j’associe donc intégration sensorielle (quand il y en a besoin) et rééducation neuro motrice active.
Quel est le matériel de base pour l’intégration sensorielle ? Et comment vous êtes vous équipés ?
Pas forcément besoin de beaucoup de matériel au départ. Le plus important est de comprendre l’enfant et de s’adapter à ses particularités. Par exemple un enfant présentant une hypersensibilité au toucher, je vais l’aborder par autre chose que le toucher au début, puis lui proposer des interactions tactiles adaptées à sa tolérance, avec une évolution progressive. Bien sûr, il est toujours plus pratique d’avoir du matériel à disposition. Je me suis équipée au fur et à mesure. Aujourd’hui j’ai du petit matériel pour les stimulations tactiles, visuelles et auditives (balles, jouets, etc), et du matériel pour travailler le vestibulaire et le proprioceptif (bascules, coussins, balançoires,…)