C’était quelques jours avant la rentrée de septembre 2020, où la question du port du masque et du respect des gestes barrières semblait devoir occuper tous les esprits. L’Unapei et ses partenaires étaient contraints de (re)lancer son opération #jaipasecole : un cri d’alarme ! À quelques jours d’une rentrée dont Emmanuel Macron avait pourtant annoncé en février qu’elle ne laisserait « aucun enfant sans solution de scolarisation », la fédération nationale appelait les familles d’enfants porteurs de handicap non scolarisés ou de manière inadaptée et insuffisante à témoigner sur un site dédié de la non-effectivité de la Loi.
Sonia Ahehehinnou, est Vice-Présidente de l’Unapei sur la mission Éducation – Scolarisation. Mercredi 2 décembre, dans le cadre de la table ronde online consacrée à la scolarisation des enfants porteurs de handicap proposée par Hop’Toys, elle reviendra pour nous sur cette opération lancée par l’Unapei, sur les préconisations de la fédération.(1)
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>> Lire aussi : Unapei, on est #aveceux pour une éducation inclusive
2020, une année pire que jamais ?
Si la crise sanitaire a été révélatrice de nombreux dysfonctionnements et injustices à l’égard d’élèves en situation de handicap, elle doit aujourd’hui être un accélérateur pour installer durablement l’école de demain, une école réellement inclusive, ouverte et adaptée à tous.
Une rentrée comme les autres
Un des aspects sur lesquels l’Unapei a voulu insister était le fait que cette rentrée dont on disait et répétait qu’elle serait « différente » ne le serait pas pour des milliers d’enfants et leur famille. Eux, comme chaque année ne savaient pas encore fin août si une AVS/AESH leur serait attribuée, si celle qu’ils avaient continuerait à les suivre et à ne suivre qu’eux. Ils s’inquiétait de savoir, si dans les faits, elle serait bien individualisée, s’ils auraient une place en dispositif Ulis ou en IME, si les adaptations pédagogiques et matérielles nécessaires à leurs apprentissages seraient mis en place, etc, etc. Ainsi que le Premier ministre l’a reconnu lui-même en juillet, la crise sanitaire a par ailleurs plus fortement impacté ces enfants-là que les autres. Pour l’Unapei, « elle a encore aggravé des conditions de scolarisation déjà difficiles engendrant perte de chances, fatigue, isolement, et lassitude ».
Un confinement habituel
Cette année, l’ensemble de la population découvrait au mois de mars la difficulté à vivre confiné, à ne plus avoir accès à des loisirs, une vie sociale et, plus encore à poursuivre son activité, sa carrière professionnelle en faisant travailler ses enfants à la maison ! Mais il est temps de prendre conscience que cette situation exceptionnelle – et dont nous avons tous pu mesurer la difficulté – est celle que vivent des milliers de famille chaque année. Aussi au-delà des chiffres et des annonces, l’Unapei et les associations appellent à considérer les conséquences de la déscolarisation d’un enfant sur l’ensemble de sa famille : sur ses parents et notamment sa mère si souvent obligée de mettre sa carrière entre parenthèses, sur la fratrie.
Cette année, l’ensemble de la population découvrait au mois de mars la difficulté à vivre confiné, à ne plus avoir accès à des loisirs, une vie sociale et, plus encore à poursuivre son activité, sa carrière professionnelle en faisant travailler ses enfants à la maison ! Mais il est temps de prendre conscience que cette situation exceptionnelle – et dont nous avons tous pu mesurer la difficulté – est celle que vivent des milliers de famille chaque année. Aussi, au-delà des chiffres et des annonces, l’Unapei et les associations appellent à considérer les conséquences de la déscolarisation d’un enfant sur l’ensemble de sa famille : sur ses parents et notamment sa mère si souvent obligée de mettre sa carrière entre parenthèses, sur la fratrie.
Ne plus continuer comme avant
« Cette situation prolonge comme un puits sans fonds un confinement imposé depuis des années. Or, aujourd’hui, avec la crise Covid, nous avons tous compris la difficulté de « faire école à la maison », la difficulté de travailler avec des enfants à nos côtés… Après cette période éreintante, les aidants familiaux sont, plus que jamais, épuisés. Les enfants sont isolés et se sentent en rupture totale avec le reste de la société. Ce n’est plus acceptable. »
Les enfants en situation de handicap et leurs familles sont contraints depuis des années de se battre pour faire valoir leur droit à l’éducation. Entre solutions inadaptées aux besoins de chacun ou absence totale de solution de scolarisation, les familles sont épuisées, abandonnées, et surtout, elles ne se sentent pas entendues. D’où la mobilisation de l’Unapei pour leur offrir une possibilité et un espace d’expression.
Mesurer les difficultés de manière qualitative
Les derniers chiffres dont on dispose sur la non-scolarisation des enfants avec handicap datent de 2016. Ils font état de 13 000 enfants. De l’autre côté le nombre d’élèves porteurs de handicap scolarisés chaque année augmente. C’est une avancée et nul ne le nie. Mais ce n’est pas suffisant. « Des milliers d’enfants en situation de handicap restent exclus de l’école », dénonce Luc Gateau.
Par ailleurs, derrière les chiffres quels qu’ils soient, la qualité de cette transition inclusive engagée par l’Etat doit aussi pouvoir être mesurée. Certes, de plus en plus d’enfants en situation de handicap sont scolarisés chaque année. Mais combien d’heures ? De quelle manière ? Dans quel dispositif ? Avec quelles adaptations ? L’Unapei le rappelle : « une solution de scolarisation, ce n’est pas une solution « à temps partiel » ou une place par défaut. »
#jaipasecole
C’est pour dresser un état des lieux au plus proche de la réalité vécue par les familles, que l’Unapei, soutenue par une vingtaine d’associations(1) les a donc invitées depuis la rentrée à témoigner sur le site internet www.marentree.org.
Depuis, ce sont des centaines de situations d’enfants isolés, prenant du retard dans leurs apprentissages et leur intégration sociale qui ont été mises au jour. Et pour Luc Gateau, « ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg ».
Chaque enfant exclu du système éducatif est un citoyen qui ne pourra s’accomplir totalement.
4 axes d’actions
Loin de « seulement » dénoncer cette non-effectivité de la Loi, l’Unapei proposait dès le mois d’août 4 axes d’actions concrètes pour rendre l’école accessible à tous, accompagner les familles sans discontinuité et optimiser les relations entre l’Éducation nationale et les professionnels du médico-social.
Axe 1 : un environnement scolaire et éducatif adapté et accessible
- Des locaux accessibles à tous types de handicaps : accessibilité physique, mais également une attention apportée à l’environnement sonore et visuel, une signalétique accessible en FALC (Facile à lire et à comprendre)
- Un aménagement d’espaces de répit pour les élèves et d’espaces dédiés pour les interventions des professionnels auprès des élèves (professionnels du médico-social, du médical et du paramédical, etc.)
- Une mise à disposition d’AESH qualifiés à la hauteur des besoins des élèves
- Des modules de formation effectifs pour les enseignants et l’ensemble de la communauté éducative
- Des programmes scolaires et éducatifs aménagés, y compris pour les examens, avec des méthodes d’enseignement et pédagogie adaptées ?
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Axe 2 : un accompagnement sans rupture des élèves et de leurs familles
- Une mise en œuvre effective des notifications MDPH (réponse éducative effective pour chaque enfant) conformément aux souhaits des familles
- Une mise à disposition d’AESH qualifiés qui répondent aux besoins des élèves : modalité (AESH individuel ou mutualisé) et quantité horaire
- Un interlocuteur identifié pour répondre aux familles en cas d’absence de solution ou de solution inadaptée en accord avec les souhaits des familles
- Une continuité dans l’accompagnement lors des temps périscolaires
- La création de dispositifs au-delà de 16 ans pour respecter le droit à la formation telle qu’affirmée dans la loi « Pour l’École de la confiance »
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Axe 3 : Une collaboration renforcée entre l’Éducation nationale, le secteur médico-social et les intervenants libéraux
- Une évaluation qualitative et quantitative des équipes mobiles d’appui médico-social et des PIAL renforcés (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) pour avoir une idée de leur impact sur la scolarisation ainsi que l’élaboration de cahiers des charges en précisant les moyens alloués. Le fonctionnement de ces dispositifs doit se faire dans le respect du choix des familles.
- Une participation pleine et entière des Unités d’Enseignement au sein de l’école et leur généralisation sur le territoire national
- Une cartographie des dispositifs existants par territoire
- Un bilan des comités départementaux de suivi de l’école inclusive et une évaluation post-rentrée 2020 des nouveaux dispositifs (livret de parcours inclusif, commissions d’affectation)
Axe 4 : une sensibilisation à grande échelle aux handicap
- Sensibilisation des élèves (handicap et vivre ensemble)
- Sensibilisation des parents d’élèves (bénéfice de l’éducation inclusive pour tous)
- Sensibilisation de l’ensemble des professionnels de la communauté éducative, y compris les intervenants lors des temps périscolaires et les responsables de petite enfance de la commune (outils pédagogiques)
- Des actions de sensibilisation impliquant systématiquement la participation des familles.
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Marcredi 2 décembre, à 20h30, lors de notre table ronde, Sonia Ahehehinnou reviendra sur cette campagne et sur les pistes proposées par l’Unapei pour que tous les enfants puissent enfin avoir une solution de scolarisation adaptées ! N’hésitez pas à lui transmettre vos questions et témoignages d’ici-là en vous inscrivant gratuitement à ce live.
(1) L’Unapei est la première fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles. Mouvement citoyen, elle œuvre, depuis 60 ans, pour que les personnes, quelle que soit la singularité de leur handicap, accèdent aux mêmes droits que tous. L’Unapei s’engage pour une société solidaire, inclusive et respectueuse des différences et du libre-choix des personnes handicapées. Son réseau de 550 associations membres innove sur tous les territoires et construit des solutions d’accompagnement évolutives et adaptées à chaque étape de la vie des personnes handicapées pour agir contre l’isolement et l’exclusion sociale.
(2) Tous les partenaires de l’opération #jaipasecole sur marentree.org