Spécialisée en gériatrie depuis plusieurs années, Eléonore Durand est kinésithérapeute dans une polyclinique. Elle travaille au quotidien en binôme avec Manon Salabert, Enseignante d’Activité Physique Adaptée autour du maintien de l’autonomie et de la prévention des chutes chez la personne âgée. En collaboration avec tous les soignants et les aidants, elles mettent le patient âgé au centre de sa prise en charge. Retrouvez dans cet article son éclairage sur la rééducation des seniors.
Quelles activités sont proposées aux personnes âgées pour regagner de l’autonomie ?
Au sein de la polyclinique, nous avons deux types de patients :
• Ceux qui se déplacent souvent en fauteuil. Dans ce cas, notre travail va se concentrer sur le transfert, l’équilibre assis, la stimulation par le jeu (pédalier, bâton, ballon) et la verticalisation (voir reprise de la marche entre les barres parallèles, très sécurisantes pour marcher).
• Ceux qui sont encore mobiles : ici, il va s’agir de se concentrer sur l’équilibre (transfert du poids de corps, l’endurance (périmètre de marche), l’augmentation du temps unipodal, ainsi que la marche sur terrain stable.
Pour ce faire, nous allons réaliser des parcours spécifiques. Le matériel utilisé pour ce travail-là sera composé de : plots, d’obstacles, de coussins de proprioception, du marquage au sol et de ballons et de pierres de rivières.
Les objectifs de ces prises en charge de rééducation des seniors sont en priorité de leur montrer qu’ils sont capables de faire ! Même un simple geste comme mettre la main sur le front (pour pouvoir se coiffer ou manger). Puis, leur redonner goût aux mouvements et leur redonner confiance en soi. Et pour ceux qui marchent, un travail sur l’équilibre et l’autonomie à la marche.
Quels sont les bienfaits observés chez vos patients ?
Le côté régressif des exercices sur le mode du jeu (ex: jeu de ballon) est ludique et valorisant. À terme, ces exercices seront également réalisés en extérieur. Notre démarche repose également sur le côté « parcours personnalisé » via un bilan physique, physiologique et psychologique, à l’entrée pour préparer un objectif de prise en charge en accord avec les capacités et les volontés des patients.
Nous prenons en charge la personne dans son entièreté, tant dans sa dimension physique que psychologique. Cela va permettre de sortir de sa zone de confort en toute sécurité grâce à l’accompagnement de professionnels qualifiés.
Quelle routine du mouvement proposez-vous à votre patientèle ?
On a créé la « routine du mouvement » via des affiches dans la salle d’activité physique adaptée.
Les exercices proposés portent essentiellement sur les cervicales et les membres inférieurs pour ne pas être trop long. La « routine » apprise à la clinique lors du séjour dans notre établissement, se fait dans l’optique d’un retour au domicile serein. L’objectif étant de prôner le mouvement au domicile en respectant les consignes préventives de sécurité afin d’éviter les chutes et de préserver l’autonomie du patient le plus longtemps possible.
Au total, ce sont 8 exercices qui peuvent être répétés au domicile dans l’ordre suivant : cervicales, tronc, membres inférieurs.
Hop’Toys et vous
Quels outils privilégiez-vous pour votre accompagnement ?
Sur notre plateau technique, nous utilisons principalement des pierres de rivière, des disques d’équilibre, des plaques tactiles et le marquage au sol. L’autonomie passe aussi par l’aide au repas pris seul. C’est pourquoi, nous utilisons des couverts adaptés pour retrouver le plaisir du goût et de l’assiette. Pour stimuler les personnes atteintes de pathologies neurodégénératives, nous nous aidons d’un Chariot snoezelen, concentré de stimulations sensorielles, pour travailler sur la détente via des jouets sensoriels (sacs sensoriels, lumières…).
>> À découvrir : 10 activités pour les personnes avec des troubles neurocognitifs
Avez-vous des témoignages des personnes âgées sur ce que ça leur apporte ?
On entend souvent : « C’est rigolo à faire », « Je ne pensais que j’étais capable de faire autant ». Une patiente de 85 ans qui nous disait que ça lui rappelait son travail, elle était ATSEM en maternelle. Elle trouvait donc que c’était un peu infantilisant et régressif. Finalement, quand elle a testé, elle a trouvé cela drôlement difficile, mais était satisfaite d’avoir réussi à le faire !
Nous avons aussi l’exemple d’un patient atteint de démence, quasi grabataire, très renfermé sur lui-même qui, après un peu de travail en salle entre le pédalier, les jeux de ballons (lancer avec les mains, mais aussi des tir assis au fauteuil roulant avec les pieds), s’est ouvert, a recommencé à parler, mais aussi à marcher et à interagir avec le monde extérieur. ».
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Eléonore Durand est kinésithérapeute dans une polyclinique en Occitanie.
Elle s’est spécialisée en gériatrie pour aider au quotidien les personnes âgées dans leur rééducation.
Ses Réseaux sociaux sont : Eléonore Durand sur LinkedIn et Geria_team sur Instagram
Et vous, dans votre activité professionnelle, utilisez-vous les parcours moteurs pour la rééducation des seniors ? Parlez-nous de vos pratiques en commentaires !