CAA est l’abréviation de Communication Alternative et Améliorée/Augmentée. La CAA met à disposition de toute personne ayant des difficultés de communication, des solutions pour s’exprimer, comprendre et se faire comprendre. Dans cet article, retrouvez le témoignage de Mélanie, maman de deux enfants, dont un avec le syndrome de MED13L. Pour son fils ayant des besoins spécifiques, Mélanie a mis en place la CAA pour l’aider à gagner en autonomie et communiquer plus facilement avec lui.
Présentation de la CAA
La CAA est un réel levier pour démarrer des apprentissages souvent considérés comme inaccessibles (mathématiques, littérature…). La mise en place de la CAA permet de développer la compréhension et de faire émerger des compétences parfois surprenantes. En questionnant l’idée initiale de déficience intellectuelle et en amenant à toujours présumer du potentiel. Au-delà des apprentissages, la CAA permet des relations plus profondes avec l’entourage, ainsi qu’une place affirmée au sein de la société.
La CAA : Pour qui ? Pour quoi faire ?
La CAA est utilisée pour toutes les situations et à tous les âges de la vie ! Les difficultés peuvent être déjà présentes chez le très jeune enfant (paralysie cérébrale, polyhandicap, maladie génétique, TSA (troubles du spectre autistique), surdité, déficit visuel…) ou survenir au cours de la vie, conséquence d’une maladie ou d’un accident. Elle est aussi utilisée pour les personnes qui parlent une langue étrangère.
Maël utilise sa tablette pour communiquer avec son logiciel de CAA, Proloquo2Go.
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La CAA pour pallier l’absence de communication orale
Je m’appelle Mélanie et avec mon conjoint, Loïc, nous sommes les heureux parents de deux garçons : Erwan 11 ans et Maël 8 ans et demi. Notre fils Maël est porteur d’une anomalie génétique rare : le syndrome MED13L. Cela occasionne différents troubles, dont une absence de langage oral.
Pour pallier cette absence de communication orale, je me suis formée début 2019 au programme MAKATON pour commencer à inclure des pictogrammes et des signes. Maël, qui avait alors 4 ans et demi, s’est très rapidement saisi des pictogrammes qui lui ont permis de faire ses premières demandes. Les signes ont commencé à apparaître environ 12 et 18 mois plus tard, après avoir moi-même modélisé au quotidien.
Maël et Mélanie, sa maman utilisant la CAA pour interagir entre eux.
Comment la CAA s’est installée dans votre quotidien ?
En 2020, pendant le confinement, j’ai souhaité que nous aidions Maël à aller encore plus loin dans sa communication. L’essentiel de la communication de Maël restait des demandes. Il allait avoir 6 ans. Pour cela, je me suis énormément documentée sur Internet pour mettre en place un outil de CAA robuste, électronique, avec synthèse vocale.
La chambre et le lit de Maël spécialement adaptée, grâce à la CAA avec les pictogrammes.
Et le Makaton ?
Le Makaton est le nom d’un système de communication multimodal. Il a été mis au point dans les années 1973-74, par trois Britanniques, pour répondre aux besoins d’un public d’enfants et d’adultes ayant des troubles d’apprentissages et de la communication. Il est constitué d’un vocabulaire fonctionnel qui utilise, à la fois la parole, les signes et/ou les pictogrammes. Les pictogrammes offrent une représentation visuelle du langage, qui améliore la compréhension et facilite l’expression. Le nom de la méthode vient des noms de ses trois créateurs, Margaret Walker, Kathy Johnston et Tony Cornforth.
Makaton a été une révolution dans notre quotidien, car ce programme a été un vrai tremplin pour que Maël entre enfin en communication avec nous. L’application Proloquo2Go a révolutionné encore un peu plus nos échanges avec notre fils et entre Maël et son grand frère. Sa communication s’en est trouvée enrichie. Il s’est très rapidement saisi de son outil, et en a très vite compris son utilité. Enfin, il a rapidement été capable de se rappeler des chemins pour trouver les mots qu’il souhaitait dire. Environ 6 mois après avoir mis en place cette application, et après avoir modélisé au quotidien le plus souvent possible, Maël a été capable de nous faire ses premières phrases conjuguées « Je veux ballon jaune ».
>> À lire : Nos outils et conseils pour la communication alternative et augmentée
La CAA avec un cahier de vie, (celui de Maël), adaptée et facile d’utilisation.
>> À lire aussi : Le Makaton en pratique
Et les signes ?
En parallèle de cela, les signes ont explosé. Je dirai qu’aujourd’hui, Maël en a environ une cinquantaine de signes dans son répertoire. Maël est donc un communicant multimodale. Il utilise aussi bien les signes, que les pictogrammes Makaton (que nous avons conservé pour ses plannings et routines visuelles) ainsi que les pictogrammes de son application Proloquo2Go.
La mise en place d’un cahier de vie
Pour l’aider à raconter ce qui arrive dans sa vie, nous avons également mis en place un cahier de vie. D’abord, un cahier de vie papier, dans lequel nous avons collé des photos d’événements plus ou moins importants qui se sont déroulés dans la vie de Maël. Cela l’aide à raconter et à se souvenir aussi. Nous y ajoutions des petites phrases pour donner une légende aux photos ainsi que des pictogrammes pour aider Maël dans sa compréhension.
Puis nous avons également mis en place un cahier de vie électronique dans sa tablette de communication. Ce support permet à Maël d’être plus autonome pour raconter, car il n’a qu’à appuyer sur les boutons de son outil pour qu’à l’aide de sa synthèse vocale, il puisse raconter lui-même les événements décrits. Maël adore ses cahiers de vie, et les consulte très souvent. C’est un super support aussi pour qu’il puisse raconter à l’école, à sa maîtresse et à ses copains ce qu’il a fait durant ses week-ends et ainsi faire comme les autres.
Cuisiner avec la CAA, c’est possible !
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Qu’est-ce que la CAA a apporté à Maël ?
La CAA a permis à Maël de pouvoir enfin dire tout ce qu’il avait à dire. Cela lui a également permis de nous montrer toute l’étendue de ses capacités, qu’il n’était pas capable de nous montrer avant. Grâce à la CAA, nous nous sommes aperçu qu’en fait, Maël comprenait énormément de choses, qu’il avait énormément à nous dire, qu’il avait une excellente mémoire, qu’il était capable d’entrer dans les apprentissages, qu’il pouvait développer ses compétences en littératie (il est actuellement en classe de CP et apprend comme les copains à lire et à écrire grâce à son outil de communication).
Son outil, aujourd’hui, a toute sa place à l’école, car cela l’aide à exprimer ses besoins, à faire des choix, à participer en classe comme les autres, à donner les bonnes réponses, à se tromper aussi et à corriger ses erreurs, à réciter sa poésie au tableau comme les copains, à faire des dictées, à apprendre à compter, ou encore à raconter…
Et à son entourage ?
La CAA l’a ouvert à nous, au monde, aux autres. Il n’est plus ce petit garçon, un peu isolé des autres. Plus dans sa bulle. Il n’est plus celui qui ne semble pas comprendre quand nous lui parlons, avec lequel nous avions si peu d’interactions, si peu d’échanges, si peu de regards. Aujourd’hui, nous avons un petit garçon qui a grandi en même temps que sa communication. Nous pouvons enfin avoir de vrais échanges. Il peut exprimer ses choix, son refus, ses protestations, ses joies et ses peines. Enfin, grâce à son outil, et à ses différentes prises en charge hebdomadaire, Maël est aujourd’hui capable de sortir de plus en plus de sons. Aussi, depuis peu, quelques mots ont également fait leur apparition comme « papa », « papi », « où » … de tous petits mots simples pour l’instant, mais qui nous donne tellement d’espoirs pour la suite.
Maël à la piscine, profite de son activité dans l’eau avec la CAA.
Nous avons également créé une version papier de son outil de communication au cas où sa tablette viendrait à ne plus fonctionner, évitant ainsi que Maël n’ait plus de moyen de communiquer. Son outil est devenu sa voix, et est vital dans sa vie. Nous savons que son outil sera présent sur le long terme, voire peut être toute sa vie et lui permet d’être acteur à part entière dans tous les aspects de sa vie, maintenant et à l’avenir.
Le mot de la fin
La CAA est devenue essentielle dans notre quotidien et dans le quotidien de notre fils. Il est impossible pour nous aujourd’hui de sortir sans son outil, que ce soit son outil numérique, ou un outil papier. À la maison, nous avons des tableaux de communication accrochés un peu partout sur les murs des pièces. Nous en avons également dans la voiture, pour que Maël puisse communiquer tout le temps et partout avec nous (et que nous-même puissions modéliser partout et tout le temps avec lui).
Retrouvez Maël et Mélanie sur leurs réseaux : Facebook, Instagram et YouTube.
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