Dans un monde où l’inclusion devient de plus en plus cruciale, « La classe des coccinelles » nous plonge dans le quotidien d’une classe UEMA à Grigny-sur-Rhône. Ce documentaire, réalisé par Benjamin Laurent et Cortex Studio, nous offre un regard authentique sur l’engagement des professionnels. Mais aussi sur la détermination des enfants sur le spectre de l’autisme (TSA). Il souligne à la fois les progrès accomplis et les défis restants en matière d’inclusion. Dans cet article, nous aurons l’opportunité d’explorer les coulisses du film et de découvrir les réflexions du réalisateur sur cette expérience enrichissante.
La classe des coccinelles : un besoin de sensibilisation
Dans un contexte où les handicaps invisibles, notamment le Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA), restent souvent mal compris, il est crucial de sensibiliser le grand public à ces réalités méconnues. Le film La classe des coccinelles offre un éclairage précieux sur cette problématique en suivant le parcours d’une classe UEMA (Unité d’Enseignement en Maternelle Autisme). À travers les défis et les contraintes auxquels sont confrontés les enfants autistes, ce documentaire met en avant les solutions et les approches inclusives qui favorisent leur épanouissement. Cette immersion dans le quotidien de la classe illustre de manière tangible que l’inclusion est non seulement réalisable, mais qu’elle apporte également des bénéfices tangibles à l’ensemble de la société.
Dans la tête d’un réalisateur porté sur l’inclusion
Dans sa dernière œuvre cinématographique, le réalisateur s’est attaché à mettre en lumière un dispositif souvent méconnu et parfois mal appréhendé : les classes UEMA (Unité d’Enseignement en Maternelle Autisme). Son objectif était double : démystifier cette initiative qui peut initialement susciter des appréhensions, tout en suscitant l’engagement d’autres acteurs politiques pour la création de telles classes. Au cœur de sa démarche artistique, il souhaitait avant tout instiller un sentiment d’affection envers ces enfants aux besoins spécifiques. Il est convaincu que l’affection envers ces enfants est le moteur essentiel pour leur bien-être et leur développement.
L’envie de sensibiliser
La genèse de ce projet découle de son expérience antérieure avec le documentaire « Ma chère famille », consacré aux aidants familiaux. Lorsque, en 2020, la municipalité de Grigny-sur-Rhône a entrepris d’ouvrir une classe UEMA sur son territoire, elle a sollicité le réalisateur pour documenter cette initiative visant à changer les mentalités. Animé par une volonté de sensibilisation et de plaidoyer, il a immédiatement adhéré à cette proposition, saisissant ainsi une opportunité unique d’explorer un sujet qui lui était jusqu’alors inconnu. Il souligne également l’importance du soutien des autorités locales pour mener à bien un tel projet cinématographique.
Un engagement personnel
L’engagement personnel du réalisateur dans le domaine de l’inclusion s’ancre profondément dans son parcours de vie. Vivant en colocation avec un trouble du neurodéveloppement (TDAH), il a traversé des défis scolaires et professionnels avant de trouver sa voie dans le journalisme et la réalisation. Inspiré par son vécu, il a choisi de consacrer ses talents à mettre en lumière les défis et les réussites des personnes vivant avec des troubles similaires. Son premier film sur le TDAH, réalisé grâce à l’association HyperSupers TDAH France, a été le point de départ d’une série de documentaires engagés sur ces sujets.
Lors du tournage de La classe des coccinelles, le réalisateur a été profondément marqué par l’engagement sans faille des professionnels travaillant au sein de la classe UEMA. Malgré les défis et les avancées parfois minimes, voire inexistantes, ils font preuve d’une détermination inébranlable à faire progresser chaque enfant.
Une séquence particulièrement émouvante pour lui fut celle où Médine, l’un des élèves, prononce ses premiers mots, un moment de tendresse et de réalisation de l’importance des petites avancées dans le développement de ces enfants. Il salue également l’attitude remarquable de ces enfants, dont la curiosité et la spontanéité surprennent toujours.
Quant aux aprioris qu’il pouvait avoir, ils ont été largement remis en question au fil du tournage. Les enfants qu’il a rencontrés ont souvent défié les attentes préétablies, démontrant une diversité de comportements et de réactions qui transcende les préjugés. Médine, par exemple, est devenu son assistant réalisateur malgré les prévisions de sa mère quant à ses interactions avec les inconnus, illustrant ainsi la richesse et la complexité de chaque individu.
Le message
À travers son film, le réalisateur nous invite à reconsidérer nos perceptions et nos attitudes envers les enfants avec autisme et ceux ayant des besoins particuliers. Il nous rappelle que, derrière chaque différence, se cache un potentiel à explorer et une humanité à célébrer.
Il nous pousse à réfléchir sur la manière dont nous pouvons mieux comprendre et soutenir ces enfants dans leur parcours éducatif et social. Comme le soutient Hop’Toys, l’inclusion est une responsabilité collective qui nécessite une ouverture d’esprit et un engagement continu de la part de toute la société.
La classe des coccinelles
Qu’est-ce que vous avez vu, entendu, retenu durant ce tournage ?
Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est l’intensité que mettent les professionnels qui œuvrent dans la classe. Le médico-social est un milieu professionnel souvent décrié, parfois à raison, mais il y a des gens d’un professionnalisme et d’un engagement impressionnants. Parfois, ces femmes, et oui, ce ne sont que des femmes, travaillent des mois pour faire progresser un enfant. Les résultats sont infimes, voir parfois nuls, mais elles ne lâchent rien. Elles se battent pour faire avancer les enfants. Ça demande un mental et une énergie hors du commun. Ça m’a beaucoup marqué de voir comment on pouvait s’occuper d’un enfant qui n’est pas le sien avec autant d’engagement.
Quelles sont les situations qui vous ont étonné ? Qui vous ont déçu ? Qui vous ont bouleversé ou remis en question ?
Il y en a plein, mais je crois que, le moment qui m’a le plus marqué, c’est la séance de travail avec Médine. On le voit avec son éducatrice qui lui fait travailler le langage. Il dit le nom des éducatrices. On sent que ce n’est pas encore totalement ça, mais c’est un début. J’étais très ému d’assister à ça. Je voyais ce petit bonhomme que je n’avais pas encore entendu parler… et là j’ai assisté au début du langage. Je l’ai revu quelque mois après et il m’a regardé en disant « Au revoir » ce sont des moments très forts. Il faut se rendre compte de l’effort qu’il lui faut pour arriver à dire ces simples mots. Il faut également rendre hommage aux éducateurs et à Odile, qui ont effectué un travail extraordinaire pour en arriver là.
Médine, c’est un enfant qui a été particulièrement marquant… Quand je suis arrivé, on m’a dit qu’il aurait peut-être peur de moi. Il est rentré dans la classe et, finalement, m’a foncé dessus pour regarder dans la caméra… il ne m’a pas lâché. Ces enfants sont toujours étonnants.
Un autre souvenir qui m’a marqué, c’est avec Zayim. Pendant pratiquement deux mois, je suis un meuble pour Zayim. Je suis là, je ne suis pas là, c’est la même chose. L’un des derniers jours de tournage, il s’approche de moi et je ne sais pas pourquoi, il me tend les bras pour que je le porte. Ce que ça dit ? C’est que l’on ne sait jamais ce qu’il y a dans la tête de ces enfants. Ils nous poussent à l’humilité.
Est-ce que vous avez des anecdotes à nous partager ?
Il y a une séquence dans le film que j’aime particulièrement. Elle représente bien la magie du documentaire. Il faut savoir que je ne fais pas jouer les personnes. Dans le film, rien n’est dirigé, tout est filmé sur le vif. Il y a un moment où je suis seul avec Liam et je le vois commencer à découper un ballon plein de lentilles. Je voyais venir la bêtise. Je lui pose la question si maitresse va être contente s’il fait une bêtise. Il répond « Non ». J’insiste un peu en lui demandant si découper le ballon plein de lentilles, c’est une bêtise. Il me répond « Non ».
On voit ensuite l’enseignante qui arrive et qui fait de gros yeux. C’est un moment que j’ai voulu mettre parce qu’il symbolise parfaitement la ressemblance de ces enfants avec tous les autres. Ce sont avant tout des enfants. Ils font les mêmes choses que les autres, c’est l’intensité qui change et le temps qu’ils mettent pour les apprentissages.
Est-ce que vous aviez des aprioris ? Ils ont été tous balayés ?
Les adultes, nous avons plein d’aprioris sur le comportement de ces enfants. Les professionnels me disaient «Tu verras, tel enfant se comporte comme ça, tel autre comme cela». Pour certains, cela s’est avéré. Pour d’autres, pas du tout. Je pense à Médine encore une fois, qui a été mon assistant réalisateur pendant tout le film alors que sa maman me disait qu’il ne rentrait pas en relation avec des inconnus. C’était une belle surprise.
Pour le regarder c’est ici : www.cortex-media.tv
Encore un grand merci à Benjamin Laurent pour cette interview ! Et pour tout vous dire, nous avons même eu la chance de voir son film en avant-première avec toute l’équipe Hop’Toys !
Et vous ? Vous avez déjà vu La classe des coccinelles ? D’autre film sur l’inclusivité à nous partager ?