Lors du congrès de l’AGEEM à Saint-Brieuc, nous avions assisté à la conférence du professeur Brahim Azaoui, enseignant chercheur à l’université de Montpellier. Nous lui avons posé quelques questions pour voir comment faire pour mettre le corps des enfants, et la gestuelle pour accompagner l’apprentissage. On vous dit tout !

Brahim Azaoui, c’est un chercheur spécialisé en didactique des langues étrangères et secondes à la faculté de Montpellier. Lors de l’AGEEM 2024 à Saint-Brieuc, il a présenté aux enseignantes et enseignants sur place, une conférence portée sur le rôle du corps et de l’étayage à l’école maternelle. Pour mener au mieux ses recherches, Brahim Azaoui a travaillé à de nombreuses reprises avec des enseignantes qui lui ont ouvert les portes de leurs classes. Lors de sa conférence à l’AGEEM, il a par ailleurs, tenu à remercier les professionnels de l’éducation qui permettent aux chercheurs de participer à leurs cours. Avoir de vrais sujets d’études, observer des professeurs dans leurs interactions avec les enfants, c’est ce qui enrichit la recherche. Il précise: « Nous ne sommes pas là pour juger, mais plutôt pour observer et pour apprendre. »

Quand le geste se mêle à la parole …

Aujourd’hui, le sujet qu’expose Brahim Azaoui c’est le rôle du corps dans l’apprentissage et les interactions sociales. Il débute en expliquant qu’une croyance populaire veut que, quand l’enfant commence à parler, il délaisse les gestes. Le chercheur tient à démentir cette théorie. En effet, nous-même en tant qu’adultes, nous parlons au quotidien en utilisant des gestes, afin de venir « compléter » ou apporter plus de détails à nos paroles. Ainsi, pour l’enfant tout comme pour les adultes, le geste vient simplement accompagner la parole afin d’apporter plus de détails. Il prend l’exemple d’un « gâteau rond ». Ses mains viennent instinctivement mimer  la forme ronde.

Il ajoute d’ailleurs, que chaque personne, chaque adulte parle avec les gestes, avec les mains et avec les mimiques. Il explique: « Notre manière de nous tenir, de nous asseoir, ça en dit beaucoup sur ce qu’on a en tête. » Donc, pourquoi est-ce que l’on chercherait à priver les enfants de la communication par le geste étant donné que l’on fait nous-même, ceci ?

Et surtout, comment on fait dans une classe pour favoriser l’apprentissage par le geste, sans que cela devienne trop complexe à gérer pour le reste des élèves ?

Apprendre à communiquer par le geste

Brahim Azaoui, explique que parfois, des enseignant·es, lui disent que lorsqu’ils lisent une histoire, ils demandent aux élèves de fermer les yeux afin de se concentrer sur ce qu’ils entendent. Hors, il explique que ce n’est pas comme ça que ça marche ! En effet, on ne se concentre jamais vraiment uniquement sur ce que l’on entend, et notamment pendant une histoire, on peut avoir besoin de tout ce qu’il y a autour du récit pour mieux le comprendre.

Brahim Azaoui se rappelle une fois, une institutrice lisait un texte et a réalisé un geste comme si elle portait un voile. Un petit garçon a immédiatement compris que le personnage avait changé, et qu’il s’agissait d’une grand-mère, grâce à cela. Il ne faut pas simplement savoir lire, il faut savoir rentrer dans la signalétique.

Comment faire ?

Il existe de nombreux exercices simples qui permettent à l’enfant de prendre conscience de son corps et qui peuvent l’aider à assimiler les gestes et le langage. De cette façon, on peut voir comment faire pour que la gestuelle accompagne l’apprentissage. On vous a concocté plusieurs idées d’exercices !

Jeux de rôles

Qui n’a jamais joué au marchand ou au chef cuistot lorsqu’il était enfant ? Même s’ils semblent insignifiants, ces petits jeux permettent en réalité aux enfants de comprendre le monde qui les entoure. Par exemple, en jouant à l’épicier·e, ils peuvent également travailler leur imagination. L’enseignant·e peut également intervenir pour poser des questions, encourager les enfants à élaborer leur dialogue, leur donner de nouveaux mots. Cela peut aussi les aider à développer de nouveaux gestes.

Chansons et comptines

Un incontournable des classes maternelles, les chansons et comptines pour enfants restent à vie dans nos esprits. Alors quoi de mieux pour assimiler le geste à la parole, que de réciter des comptines où les gestes sont de mises ? On peut penser notamment à « Ainsi font, font, font les petites marionnettes », ou encore « L’araignée Gypsy ».

Un exercice pour les enseignant·es

En ce qui concerne les les enseignants et les enseignantes, il faut s’entraîner à travailler à rendre la lecture vivante. Et pour ça, il ne suffit pas de mettre le ton en fonction des différents personnages ! Il faut accompagner la lecture, y mettre des gestes lorsque l’on parle d’un oiseau par exemple, ou bien se baisser lorsque l’on parle de quelqu’un qui ramasse des fleurs… Il faut que la compréhension d’un texte ne repose pas uniquement sur la lecture.

En conclusion …

Il est important de retenir que ce n’est pas parce que l’enfant apprend à parler, qu’il doit laisser derrière lui la gestuelle. L’un ne va pas sans l’autre, chaque personne a sa propre manière de communiquer sans forcément parler.  L’apprentissage a l’école maternelle par les gestes peut facilement être mis en place, par des activités de classe qui ne sortent pas du cadre dit « traditionnel ».

Et vous, avez-vous des activités pour encourager l’apprentissage par le geste ? Dites-nous tout !

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