Née de la rencontre des sciences cognitives et des sciences de l’éducation, la neuroéducation trace doucement son chemin parmi les pédagogies qui contribuent à favoriser les apprentissages. En complément des enseignements scolaires, il est possible d’agir sur la plasticité cérébrale, de travailler l’inhibition et d’améliorer son attention, afin que l’apprentissage soit efficace. Le jeu constitue un très bon outil pour apprendre à apprendre. L’essentiel est de choisir celui qui correspond le mieux aux objectifs de son enfant en fonction de ses capacités. Nous vous proposons ici quelques pistes pour appliquer la neuroéducation à la maison.
>> À lire : « Comprendre la neuroéducation »
Stimuler la plasticité cérébrale
Notre cerveau se modifie en fonction de notre environnement, des expériences affectives, psychiques et cognitives que nous vivons. Mais il existe aussi des méthodes pour « muscler » son cerveau.
Faire de la musique
En effet, faire de la musique constitue un moyen éprouvé pour augmenter la plasticité neuronale. Cela conduit aussi à une amélioration de l’humeur, de la capacité d’apprendre et de la concentration.
J’apprends les sons et les rythmes avec la mallette à percussion ! 10 instruments de musique en bois et métal : un tambourin, une paire de castagnettes, un triangle, un güiro, une paire de cymbales à doigts, une paire de maracas, un bâton à grelots, un bâton à cymbales, deux bâtons rythmiques et un mini arbre à pluie.
>> Découvrez notre article sur les bienfaits de la musique dans la prise en charge des troubles de l’apprentissage
>> À lire ou relire : « Neurosciences : les bienfaits de la musique »
Dessiner ou peindre
Pratiquer des activités artistiques. L’apprentissage de l’art, comme le dessin ou la peinture, modifie la structure et la fonction neuronale, ce qui profite directement à notre cerveau. Les activités artistiques créent également de nouvelles voies neuronales et renforcent les connexions existantes, entraînant in fine une meilleure fonction cognitive.
>> À lire : « La créativité chez l’enfant aux besoins spécifiques »
Faire du sport
Les bienfaits du sport sont multiples sur la santé physique et mentale. Et comme le cerveau fonctionne comme un muscle, le sport contribue également à stimuler notre cerveau. Faire de l’exercice permet de développer les connexions cérébrales et la coordination motrice, protégeant ainsi contre le déclin cognitif.
Il est tout à fait possible de pratiquer quelques exercices à la maison en créant des parcours moteurs que l’on pourra, dans un esprit Jugaad*, adapter ou compléter avec des objets du quotidien. Inspiré d’une discipline sportive acrobatique appelée Parkour, le parcours moteur allie l’utile et l’agréable. Pour développer son équilibre et sa coordination de façon ludique !
*Mot familier pouvant désigner une réparation ingénieuse ou un simple bricolage, une solution disruptive ou le détournement d’un usage.
>> À lire aussi : « L’enseignement en activités physiques adaptées (APA) »
Travailler l’inhibition
Pour apprendre à se débarrasser de ses automatismes, freiner ou empêcher un comportement impulsif et déjouer les pièges, nous vous proposons une sélection de jeux à adapter en fonction des besoins spécifiques de chaque enfant.
Robot Face : Ce jeu de rapidité et de discrimination visuelle plein de fantaisie plaira au plus grand nombre ! Il permet aux joueurs de développer leurs fonctions exécutives comme l’inhibition ou encore le versant socio-affectif.
Halli Galli : Dans ce jeu très ludique, il faut faire sonner la cloche lorsque 5 fruits identiques sont visibles sur les cartes. Les personnes ayant un défaut d’inhibition réagiront plus facilement lors de l’apparition de plus ou moins de 5 fruits identiques. C’est par cet outil, ludique et simple à comprendre, que nous pouvons renforcer l’inhibition. Ainsi, il permet de diminuer l’impulsivité motrice dans le cadre d’une rééducation des fonctions exécutives avec un/une psychomotricien/ne. Les fonctions exécutives étant étroitement liées, ce jeu permet également de solliciter l’attention sélective et concentrée. Intéressant, non ?
Bazar bizarre : 5 petits objets en bois sont déposés devant les joueurs. Une carte est retournée. Peut-on voir sur la carte un objet présent sur la table ? Attention, l’objet doit être identique (même couleur) ! Si aucun objet ne correspond, il faut alors trouver celui qui est en tous points différent de ceux représentés. Permet d’apprendre à gérer l’impulsivité dans un contexte ludique.
Flexinhib : Utilisé par les spécialistes de l’orthophonie, ce jeu permet d’entrainer la flexibilité mentale, l’inhibition, la mémoire de travail ainsi que les capacités attentionnelles en jouant. Chaque jeu comporte de multiples consignes afin de s’adapter au niveau du patient et aux objectifs de la rééducation.
Cartador : Ce jeu vise à travailler les capacités attentionnelles, la mémoire de travail, la mémoire à long terme et l’inhibition pour contrôler l’impulsivité. Piochez une des cartes consignes pour découvrir un défi : écoute attentive, lecture piégée et mémoire de travail.
Améliorer les capacités d’attention
Le plus important est sans doute de créer un environnement favorable à la concentration. Des assises ergonomiques existent et permettent de maintenir l’attention en offrant la possibilité de bouger. Idéal pour des enfants avec un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H)
>> Pour découvrir toutes nos assises ergonomiques
>> À lire : « Adoptez les assises dynamiques ! »
Il peut parfois être utile d’installer un écran de concentration amovible, pour créer de manière temporaire un espace de travail au calme et faciliter la concentration. Si besoin, se munir d’un casque antibruit pour se couper de tout élément perturbateur.
Utiliser des fidgets, ces petits outils très pratiques qui aident à focaliser l’attention en proposant un exutoire moteur aux tensions et désirs de mouvement. Certaines classes, dont le modèle des classes flexibles, le proposent désormais à leurs élèves. Vérifier toutefois avec son établissement s’ils sont autorisés en classe.
Retrouvez aussi les précieux conseils de Sonya Côté, ergothérapeute, dans son livre Favoriser l’attention par des stratégies sensorielles. Un recueil de solutions pratiques inspirées des thérapies cognitivo-comportementales, au service des enseignants et des parents.
>> Pour en savoir plus : « Pourquoi l’attention est-elle la base de l’apprentissage ? »
Il est évidemment toujours utile de développer toutes les autres compétences qui interviennent dans les fonctions exécutives, telles que la mémoire de travail, la flexibilité mentale ou encore la planification. Vous pourrez retrouver toutes ces informations en infographie sur notre blog :
>> L’infographie à télécharger : « Des compétences socles pour mieux apprendre »
>> Découvrez notre sélection de jeux pour aider votre enfant à développer ses fonctions exécutives
Neuroéducation et professionnels de l’apprentissage
La connaissance des mécanismes du cerveau sert également aux professionnels qui interviennent dans le développement des apprentissages. C’est le cas, par exemple, de l’orthopédagogue, véritable professionnel des apprentissages, qui va aider les enfants et adultes en situation de handicap à devenir acteurs de leurs apprentissages. Ils conçoivent et mettent en œuvre des moyens favorisant les apprentissages et permettant le transfert des acquisitions.
>> Retrouvez notre infographie sur le métier d’orthopédagogue
La neuroéducation semble très prometteuse, même si elle reste prescriptive. Si le cerveau de chaque apprenant est capable de changer par l’apprentissage, alors, chaque enseignant, éducateur, professionnel spécialisé a tout intérêt à saisir l’opportunité de la neuroéducation pour adapter sa pédagogie. Et vous, vous sentez-vous prêts ?