Un établissement et service d’aide par le travail (ESAT) est une structure médico-sociale. Son objectif est l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap. D’une part, il s’agit de leur permettre d’exercer une activité professionnelle. D’autre part, les ESAT visent à les former et les aider à acquérir compétences et autonomie.
Fiona Partouche est facilitatrice d’apprentissage. Après une formation d’éducatrice spécialisée, elle décide de se former à la pédagogie Montessori afin d’intervenir auprès de publics en situation de handicap. Aujourd’hui, elle propose, entre autres, des formations à cette pédagogie dans des ESAT. Découvrez dans cet article, son témoignage.
Les apports de la pédagogie Montessori en ESAT
Aujourd’hui, dans les structures qui accueillent un public porteur de handicap, on ouvre de plus en plus la porte aux apprentissages lorsqu’il s’agit d’enfants. Malheureusement, lorsqu’il s’agit d’adultes, le travail se concentre beaucoup plus sur le maintien des acquis.
En ESAT, il y a une forme d’attente professionnelle due à la nécessité de rendement pour les clients qui ne laisse malheureusement que peu de place aux apprentissages alors même que ceux-ci pourraient améliorer la qualité de ce même rendement. Au quotidien, nous souhaitons tous que les personnes accompagnées acquièrent un maximum d’autonomie et d’indépendance. Pourtant, nous n’avons pas toujours les outils nécessaires à leur proposer pour qu’ils puissent faire les choses par eux-mêmes.
Un des grands principes de la pédagogie Montessori est « Aide-moi à faire seul ». Pour ce faire, il est important de mettre en place différents paramètres.
Le rythme de l’apprentissage
Tout d’abord, un des points importants est le rythme de l’apprentissage.
Je me souviens qu’en formation d’éducatrice spécialisée, il nous était dit que nous devions expliquer et verbaliser tout ce que nous faisions au moment où nous le faisions. Et, à ce moment-là, cela me semblait logique. En formation d’éducatrice Montessori, c’était un peu tout l’inverse. Il faut dire à la personne ce que l’on va lui montrer, puis le faire en silence.
On oublie souvent ce que cela peut demander, d’écouter et de comprendre en même temps que l’on observe, pour pouvoir ensuite reproduire. Le rythme auquel on montre les choses est également essentiel, car la lenteur laisse la place à la compréhension du mécanisme.
Ensuite vient la question des attentes de l’adulte qui accompagne, car, dans la pédagogie Montessori, on ne va pas corriger le travail de la personne. L’essentiel sera de la laisser expérimenter et acquérir à son rythme les connaissances qui lui sont utiles. Il faut donc créer un espace-temps propice à ces apprentissages.
Le matériel
Pour acquérir ces connaissances, un deuxième élément est nécessaire, le matériel.
La force du matériel Montessori est d’appréhender un concept de manière visuelle et tactile ce qui le rend beaucoup plus accessible. Il comprend 4 aires (vie pratique, sensoriel, mathématiques, langage) qui ont toutes pour vocation d’amener la personne vers l’autonomie et l’indépendance, mais surtout, vers la confiance et l’estime de soi.
Enfin, et surtout, l’éducateur doit porter en lui la confiance en ce qu’il fait, et en la personne qu’il accompagne, car sans cela, le matériel et le rythme ne sont que peu de chose. Donnons aux adultes en situation de handicap la possibilité d’expérimenter voire d’apprendre. Cessons de les limiter dans ce que nous les croyons capables de faire et donnons-leur l’opportunité de nous surprendre.
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L’intervention en ESAT
En novembre 2019, j’ai eu l’honneur d’être contactée par l’Institut Supérieur Maria Montessori auprès duquel j’ai pu me former au métier d’Éducatrice Montessori pour la maison des enfants (3 à 6 ans). Ils souhaitaient répondre à une demande de formation du personnel éducatif d’un ESAT qui souhaitait utiliser cette pédagogie auprès des personnes qu’ils accompagnaient.
Étant éducatrice spécialisée et travaillant dans un IME à l’époque de ma formation, j’ai, tout au long de la formation, été en recherche d’adaptation de la pédagogie pour en faire profiter les enfants avec lesquels je travaillais. N’oublions pas que l’origine du travail de Maria Montessori était d’enseigner auprès d’enfants à besoins spécifiques.
Lorsque je suis arrivée à l’ESAT pour dispenser la formation, j’ai eu le plaisir de voir que parmi les stagiaires, il y avait aussi des éducateurs du foyer d’hébergement et du foyer de vie rattachés aux ESAT. Ce fut une vraie richesse, car, de cette formation, a émergé la possibilité d’un accompagnement global des personnes au quotidien, au travail et durant des temps d’apprentissages spécifiques, et tout cela, avec une transversalité au sein des équipes accompagnantes.
Dans ces établissements, le vendredi est un jour qui peut être réservé aux apprentissages sur une demi-journée. Nous avons donc déterminé ensemble, le lieu et sa disposition pour proposer des apprentissages à l’aide de la pédagogie Montessori aux personnes accueillies.
Pour ce qui est du matériel, nous n’avions que 3 jours de formation en tout. Il est donc difficile de résumer les 625 heures de cours reçus à l’ISMM en 21 h de formation. Néanmoins, je suis toujours en lien avec les stagiaires. Je leur ai communiqué des supports pédagogiques et je me rends disponible pour les accompagner dans ce beau projet d’établissement. Ils ont investi dans du matériel et mettent actuellement en place son utilisation.
J’ai bon espoir que d’autres initiatives de ce type se mettent en place pour enfin ouvrir la porte des apprentissages jusqu’alors fermée aux adultes en situation de handicap.
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Fiona Partouche est facilitatrice d’apprentissage et fondatrice de Nos Demains. Elle est éducatrice spécialisée et s’est également formée à la pédagogie Montessori. Fiona propose des formations et des ateliers pédagogiques aux parents et aux structures médico-sociales. L’objectif est d’aider les enfants, adolescents ou adultes porteurs de handicap à apprendre avec plaisir.
Vous pouvez la retrouver sur son site Internet, Facebook et Instagram.
