Méline Dutriévoz-Boyer est directrice de micro-crèche, coordinatrice dans la revue des Métiers de la Petite Enfance et Présidente du jury des Girafes Awards. Elle est aussi celle, qui, la première, a défini le concept de Slow pédagogie (voir son site slow-pedagogie.fr). Dans cet article, elle nous explique ce qu’est que la Slow pédagogie, comment lui est venue l’idée de cette approche et les jouets adaptés.
La Slow pédagogie, qu’est-ce que c’est ?
Méline nous explique : « La Slow pédagogie, ce n’est pas une méthode. C’est plutôt une approche, un état d’esprit qu’on se donne et dans lequel l’accompagnement du jeune enfant sera ajusté à sa capacité de recevoir, de découvrir, de contrôler son environnement. Ce n’est rien d’innovant, cela relève de l’évidence, du bon sens. « Slow » ne veut pas dire « lent », cela implique un recentrage sur le temps, sur la simplicité et sur le jeu en extérieur. Cette approche est cohérente avec les neurosciences qui nous enseignent que l’enfant apprend beaucoup mieux par l’expérimentation et le plaisir. »
C’est l’enfant qui choisit le jeu et ce qu’il en fait.
Concrètement, dans un état d’esprit Slow pédagogie, « le regard de l’adulte va changer vis-à-vis du matériel, de la communication, du moment du repas, de celui du coucher, etc. », précise Méline. À chaque instant du quotidien, « l’adulte autorise l’enfant à s’approprier son environnement », pour ne pas couper son imagination. Bien évidemment, l’adulte conserve son rôle de protecteur et de guide pour les objets dangereux, l’heure du coucher, etc. Des règles existent toujours.
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D’où vient l’idée ?
Méline a remarqué une récurrence dans les discours qu’elle entendait de la part des parents et des professionnels et noté que les meilleurs souvenirs que l’on garde sont « les émotions positives associées aux jeux simples », dans le jardin par exemple. Un adulte a du mal à citer une marque de jouet pour enfant, mais raconte facilement des souvenirs de jeux à l’extérieur. Qui n’a jamais fabriqué une cabane avec des draps et une table, en se cachant dessous ?
Les jeux simples sont source de moments fondamentaux dans le développement de l’enfant, des moments forts en relation.
Parallèlement, Méline entendait beaucoup de professionnels de la petite enfance se plaindre qu’ils étaient lassés du travail, que le plaisir avait disparu. Dans ces métiers, Méline a rencontré beaucoup de cas d’arrêts de travail, constaté un turn-over important… Il fallait une solution. Le concept de Slow consiste à recentrer l’offre sur le public, c’est-à-dire à retrouver des valeurs simples, loin de la surconsommation et du rythme rapide de notre société. C’est donc sur ces bases que Méline a étendu le concept de Slow à la pédagogie des jeunes enfants. « Grâce à cette approche, on combat la lassitude des professionnels de la petite enfance et des parents. »
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Qu’en est-il du rôle de l’adulte ?
Dans l’accompagnement, l’adulte est censé se faire plaisir aussi. Par l’expérimentation, l’adulte s’étonne et s’émerveille avec l’enfant. « Cet accompagnement pédagogique nourrit l’imagination de l’enfant et l’adulte se réjouit de voir l’enfant découvrir. Ce moment de partage est chargé d’émotion positive puisque l’enfant a choisi spontanément son activité », il n’y a pas de contrainte à l’apprentissage. Le rôle de l’adulte est énorme puisqu’il va mettre en situation, observer et chercher. Méline Dutriévoz-Boyer propose des formations à la Slow pédagogie sur son site Slow-pedagogie.fr.
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Quels jouets pour une Slow pédagogie ?
Évidemment, « les jouets sensoriels sont pertinents dans l’apprentissage des jeunes enfants, surtout en présence de handicap. Dans une crèche, une atmosphère lumineuse est tout à fait pertinente puisqu’elle va stimuler beaucoup d’émotions différentes. La table lumineuse est un produit génial : elle efface les stimuli extérieurs, elle donne un contraste aux objets, une profondeur magique et elle booste la concentration. »
Avec la Slow pédagogie, le tout petit développe des intelligences multiples, grâce à l’appropriation individuelle.
Les jouets d’inspiration Reggio et Montessori sont aussi de bons moyens de stimuler la créativité de l’enfant. « Habituellement, la tour rose de Montessori sert à apprendre les notions de grandeur dans l’espace par l’empilement. Mais avec la Slow pédagogie, le tout petit développe des intelligences multiples, grâce à l’appropriation individuelle ». D’un point de vue écologique, la Slow pédagogie est encore une fois positive puisque les jouets « servent à plein de choses, ils sont multi-usages », il y a donc « besoin de peu d’investissement ». Par exemple, le U-porteur est un jouet incroyable puisqu’il peut être une voiture, une planche de glisse ou n’importe quel autre véhicule tant que l’enfant a de l’imagination.
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La Slow pédagogie et les besoins spécifiques
« Il est important de laisser le temps à l’enfant. Puisque dans cet état d’esprit, l’adulte n’a pas d’attente vis-à-vis de l’enfant, l’apprentissage va se faire naturellement. L’enfant anime le matériel. L’adulte n’impose aucun rythme. »
Le plaisir est tout aussi important chez l’enfant porteur de handicap.
Dans l’approche Slow pédagogie, il n’y a pas de projets successifs du type : lundi dessin, mardi mathématiques, mercredi orthographe, etc. Méline travaille la lumière sous tous ces aspects dans sa crèche depuis 4 ans ! Les enfants y apprennent les jeux de lumière, ce que cela provoque sur l’environnement et les objets. Chacun à son rythme. Les enfants sont libres.
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Mieux pour les enfants, mieux pour les adultes
« La production rassure les parents sur l’acquisition des compétences, mais il vaut mieux mettre en avant le jeu pour un plus grand plaisir de l’enfant et un meilleur apprentissage. » Dans un bac à sable, un enfant va développer les mathématiques, la physique et des compétences sociales.
« Les employés de la crèche et les professionnels de la petite enfance viennent travailler avec plaisir, et ce bonheur se répercute sur les enfants. Les familles reproduisent aussi cette approche chez eux. »
La sélection de Méline
La Planche Wobbel : « C’est un jouet parfait pour la Slow pédagogie, même pour les adultes. C’est un objet qui dure et ne nécessite pas de surinvestissement. »
Arc-en-ciel Grimm’s : « En 6 ou 12 arcs, en couleurs ou en noir et blanc, il est indispensable. Je le recommande à tout mon entourage. Il est une grande source de créativité. »
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Article publié le 11 mai 2018, mis à jour le 12 octobre 2021.