La stimulation sensorielle (le point de vue du psychomotricien)
Quel est l’apport des sens dans le développement psychomoteur d’un enfant ?
Les sens sont fonctionnels dès la naissance. De plus, la plupart d’entre eux ont été stimulés in utéro. Le fœtus a été bercé, a entendu les sons produits par le corps de sa mère, a dégluti le liquide amniotique…
Le toucher :
Mature dès le 6e mois de grossesse, Le toucher est ressenti comme une sensation mais aussi comme une émotion. Les soins corporels et les moments de jeu partagés avec la mère pendant les premiers temps de la vie permettent à l’enfant la prise de conscience de son propre corps. C’est aussi par ces moments d’échange que naît le lien d’attachement.
La vision :
A la naissance, la vision du nouveau existe mais n’est pas encore mature. Son acuité est faible mais le nourrisson s’intéresse aux contrastes, aux contours et aux formes.
Pendant les premiers mois de la vie, la vision va permettre à l’enfant d’imiter son entourage ; l’imitation est nécessaire à son développement car elle permet la communication et l’apprentissage.
L’audition :
C’est l’un des sens les plus stimulés dans la vie fœtale. C’est de plus par elle que passe le plus d’informations provenant de l’extérieur. Dès le 6ème mois de grossesse, le fœtus est en contact avec l’extérieur à travers les différents bruits qui lui parviennent.
On peut l’appeler le « sens de la distance » car elle a un rôle déterminant dans notre capacité à nous situer dans le monde extérieur ainsi que dans l’établissement des relations et des communications avec autrui.
L’ouïe joue différentes fonctions :
- la fonction d’alerte : l’ouïe apporte des informations pour la survie (elle avertit l’individu d’un éventuel danger) et permet l’adaptation à l’environnement.
- la fonction spatiale : la perception des sons nous renseigne sur la distance, la localisation et l’orientation de la source sonore permettant ainsi la construction de la représentation de l’espace.
L’odorat :
L’odorat joue un rôle important dans l’attachement mère/enfant et dans l’établissement du schéma temporel par les odeurs qui rythment la journée, dans le contrôle émotionnel et dans l’adaptation interactionnelle avec l’entourage.
Le goût :
A la naissance, le nouveau-né différencie certains goût par de mimiques de rejet ou de plaisir.
Ainsi, c’est par ses sens que le nouveau-né va percevoir le monde, et va interagir avec lui. C’est également grâce à ces sens que l’enfant va pouvoir communiquer avec le monde.
Le cri est en première intention une décharge motrice de l’excitation interne, puis, entendu par son entourage comme une demande, il devient une forme de communication du bébé.
La sensorimotricité est ainsi à la base du développement psychomoteur de l’enfant et constitue le 1e stade de développement.
On connaît les 5 sens traditionnels – l’odorat, le toucher, l’ouïe, la vision et le gout – mais a-t-on d’autres sens ignorés ou sous-utilisés ?
D’autres sens sont moins connus mais tout aussi important pour le développement de l’enfant. Le sens vestibulaire informe par exemple sur le positionnement du corps dans l’espace et est ainsi lié au mouvement. Il va être stimulé in utero par les bercements provoqués par le déplacement de sa mère, et jouera par la suite un rôle dans le contrôle de l’équilibre.
Comment les sens nous renseignent-ils sur le monde qui nous entoure ? Un enfant peut-il toujours faire confiance à ses sens ? Peut-on éduquer ou rééduquer un sens ?
C’est grâce à nos sens que va se construire notre conscience du corps. De plus, les informations perçues par notre corps nous renseignent sur l’environnement qui nous entoure : c’est ce qui définit la notion de PERCEPTION.
Le jeune enfant porte à la bouche les objets pour les analyser, et prendre conscience de leur texture, de leur forme…
L’analyse des informations sensorielles va ensuite dépendre de la maturation cérébrale, mais également de la maturation affective et cognitive de l’enfant, de son environnement et de ses possibilités d’exploration.
Lorsque l’enfant est privé de l’un de ses sens, d’autre sens vont tenter de palier ce manque et se développer d’autant plus. La rééducation d’un sens est bien sur possible tant que l’appareil sensoriel reste fonctionnel.
Dans le cas d’un handicap sensoriel, un travail aura lieu autour de la perception du sens défaillant, mais également autour des autres sens afin de permettre à l’enfant de mettre en place de façon le plus performante possible des techniques palliatives, de développer d’autres moyens de communication et de prise d’informations.
Quelles sont les activités sensorielles que les parents peuvent mettre en place à la maison pour accompagner le développement psychomoteur d’un enfant, et plus particulièrement lorsque celui-ci est porteur d’un handicap ?
L’expérimentation est à la base du développement psychomoteur de l’enfant. Il est ainsi important pour l’enfant d’avoir à sa disposition différentes sollicitations pour exercer ses sens.
Au-delà des activités naturelles que peuvent proposer les parents à leur enfant (jeux corporels, caresses, massages…), différents jeux autour des sens peuvent être imaginés : élaborer un parcours moteurs avec des textures différentes au sol, lui donner différentes textures et sensations à ressentir, lui donner à entendre des sons différents, des goûts différents, …
Mais il reste primordial que tous ces jeux soient dans une dynamique de plaisir pour l’enfant et son parent.