Pour permettre l’inclusion en milieu scolaire, plusieurs projets sont en cours de réflexion aujourd’hui. Que ce soit des méthodes d’apprentissage alternatives, impliquer les enfants dans les cours ou autres, de plus en plus d’idées voient le jour. C’est un sujet complexe, mais important, car l’inclusion en milieu scolaire permet de ne mettre personne à l’écart et que tous les enfants puissent avoir une scolarité ordinaire. Aujourd’hui, nous souhaitons vous présenter l’un de ces apprentissages alternatifs : le co-teaching.
Qu’est ce que le co-teaching ?
Le co-teaching désigne la collaboration entre deux éducateurs (dont au moins un enseignant) avec un groupe d’élèves. Marylyn Friend et Lynn Cook, deux professeures en éducation spécialisée, décrivent le système de co-teaching comme un moyen d’atteindre les besoins d’éducation tout en permettant des options d’apprentissages diverses et adaptées aux enfants avec des besoins particuliers. Ce partage de responsabilités se fait généralement au sein d’une seule salle de classe.
Quels en sont les bénéfices ?
Comme beaucoup d’autres projets d’inclusion en milieu scolaire, tous les étudiants, qu’ils aient des besoins spécifiques ou non, profitent des avantages du co-teaching. Mais bien évidemment, ce sont les enfants avec des besoins particuliers qui en bénéficient le plus. En effet, puisqu’il y a deux éducateurs, les professeurs ont plus de temps, et ils peuvent par exemple accorder plus d’attention aux élèves qui rencontrent quelques difficultés dans certains apprentissages. De plus, avec le soutien de professionnels par exemple, les professeurs sont mieux aiguillés sur les besoins particuliers des élèves. Ces derniers auront ainsi de meilleures chances de bénéficier d’une continuité dans l’enseignement.
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Différentes méthodes de co-teaching
Il existe plusieurs méthodes et de façon d’appliquer le co-teaching. Ces méthodes sont adaptées selon les moyens et les compétences des deux intervenants, mais aussi selon le fonctionnement de la classe. On notera six méthodes majeures et importantes :
1. Un enseigne, un observe
Sûrement la méthode la plus basique, mais qui à énormément d’importance. Pendant qu’un intervenant enseigne, l’autre observe les élèves et l’enseignant. Il n’y a pas d’intervention de la part de l’observateur. Il faut du temps pour qu’un tel projet de collaboration puisse fonctionner correctement. Ainsi, cette méthode est un passage « obligatoire » si les deux ne se connaissent pas auparavant. Cela permet de tester la comptabilité entre les deux enseignants, savoir s’ils s’entendent sur leurs techniques.
2. Un enseigne, un assiste
Pendant qu’un intervenant enseigne, le second vient aider et assister individuellement les élèves qui en ont besoin. Cela peut permettre à l’intervenant-enseignant d’avancer plus facilement sur son cours, avec moins d’interruptions. Un des avantages de cette méthode, c’est aussi qu’il y a « plus d’yeux » sur les étudiants pour identifier ceux en difficultés. Il peut être intéressant d’alterner les deux rôles pour que les deux intervenants soient à l’aise.
3. L’enseignement parallèle
On divise la classe en deux groupes, chaque intervenant enseigne en même temps le même sujet à son groupe. L’avantage principal de cette méthode, c’est qu’elle permet d’avoir plus de temps pour chaque élève. Certains enfants ont des difficultés d’apprentissage dans des grands groupes. Cette méthode apporte une solution en divisant la classe en plus petits groupes. En revanche, il est évidemment nécessaire que les deux intervenants maîtrisent le sujet du cours pour pouvoir bien apprendre aux élèves. Une méthode assez efficace, mais qui demande une organisation et une logistique qui peut parfois être complexe.
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4. L’enseignement stationnaire
On reprend la même base que l’enseignement parallèle, à savoir la division de la salle de classe. Mais au lieu que les intervenants enseignent le même sujet, celui-ci est divisé en partie attribué à chaque intervenant. Une fois que les intervenants ont fini leurs cours, les groupes alternent et vont avec l’autre enseignant. Elle ne requiert pas autant de la part des enseignants sur les connaissances et peut parfois mettre en valeur les forces d’un enseignant. Mais, c’est une méthode qui demande un très bon timing de la part des enseignants, qui doivent finir leurs sessions un peu près en même temps.
5. L’enseignement alternatif
Ici, l’idée de la division de la salle de classe reste à nouveau, mais elle ne se fait pas par moitié de classe. On divise la classe pour proposer aux élèves qui ont des besoins spécifiques pour les mettre ensemble. Pendant qu’un enseignant fait son cours au grand groupe de la classe, l’autre peut suivre ce groupe d’élèves qui en ont besoin pour les aider à comprendre, combler les lacunes… Il est important que le petit groupe soit dans un endroit qui ne dérangera pas l’autre pendant la leçon principale et que le petit groupe n’ait pas trop de retard sur le reste de la classe. C’est une méthode certes efficace, mais qui demande de la planification et de l’organisation.
6. L’enseignement en équipe
C’est peut-être la forme la plus aboutie, mais aussi la plus complexe du concept de co-teaching. Ici, les deux intervenants enseignent ensemble à toute la classe, en équipe. Les deux enseignants ne parlent pas en même temps, évidemment, mais ils se relaient tout au long du cours. Avec une telle méthode, les intervenants sont autant actifs l’un que l’autre et ils peuvent se compléter. Si cette méthode est sûrement la meilleure représentation de l’idée de co-teaching, elle demande beaucoup de pratique, une parfaite entente entre les intervenants et une organisation millimétrée.
Que pensez-vous de cette méthode de co-teaching ? En tant qu’enseignant, l’avez vous déjà testé ou mis en place ? Racontez-nous vos retours et expériences dans les commentaires !
Sources :
https://ctserc.org/component/k2/item/50-six-approaches-to-co-teaching
https://www.edutopia.org/article/how-choose-co-teaching-model
Publié le 14 décembre 2021, mis à jour le 24 décembre 2022
Merci pour cet article très détaillé sur le co-teaching que je ne connaissais pas. Les 6 méthodes rejoignent les pédagogies alternatives (Montessori, Freinet ou Steiner) dans le but premier de respecter le rythme d’apprentissage de l’enfant. Plusieurs pairs d’yeux bienveillants pour enseigner me semble un moyen très efficace pour pratiquer l’inclusion en milieu scolaire. J’ai le sentiment cependant que le co-teaching est davantage concerné sur comment poursuivre le programme scolaire à un certain rythme en embarquant tous les élèves et moins sur comment faire en sorte que chaque enfant apprenne mieux (à sa manière cognitive) et à son propre rythme. Est-ce qu’il y des outils spécifiques à disposition de ces enseignants pour aider les enfants à comprendre leur propre processus d’apprentissage ? merci
Bonjour Line,
Tout d’abord, merci !
Dans le co-teaching (ou co-enseignement), la collaboration des deux professeurs va leur allouer plus de temps, temps qu’ils vont pouvoir consacrer aux groupes d’élèves, en s’adaptant finalement au rythme de chacun.
Si des personnes ont déjà mis en place un projet de co-teaching et lisent ce commentaire, n’hésitez pas à nous partager votre expérience et les outils ou dispositifs que vous utilisez !
Je vous souhaite de joyeuses fêtes à vous et à vos proches !