À l’occasion de la Journée Européenne de la Psychomotricité, le 19 septembre, Hop’Toys en partenariat avec l’Association Psychomot lib’Hérault reviennent sur l’utilisation du jeu en séance de psychomotricité. Beaucoup de psychomotriciens utilisent le jeu au sein de leurs séances. Cela questionne parfois les accompagnants qui ne comprennent pas toujours l’intérêt du jeu et la différence qu’il peut y avoir entre les murs de la salle de psychomotricité et leur propre maison. On vous partage ici les clés pour décoder les enjeux du jeu !
Pourquoi utilise-t-on le jeu pendant les séances de psychomotricité ?
6 raisons pour lesquelles le jeu a une place centrale dans le travail de la psychomotricité.
La motivation
Le jeu est par définition ludique, fun et bien sûr, source de motivation pour l’enfant. Celle-ci a pour origine les centres d’intérêts de l’enfant, sa curiosité, mais aussi du challenge que le jeu peut induire. A contrario, certains enfants vont se retrouver inquiets face au défi et préférer des jeux coopératifs notamment. Utiliser un jeu soutient la mise en action du jeune, sa concentration, sa persévérance. Son investissement dans la tâche sera empreint d’émotions (agréables ou désagréables) ce qui favorise notamment la mémorisation. C’est donc un très bon support d’apprentissage !
L’implication émotionnelle
Le jeu fait naître des émotions plus ou moins fortes que l’enfant traverse à sa manière. C’est donc un espace d’exposition, d’expression, de confrontation aussi parfois à des vagues émotionnelles agréables ou désagréables.
La « langue des enfants »
Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants.
Et oui, et c’est l’occasion de s’en souvenir ! C’est un moment où nous, adultes, prenons le temps de parler « enfant ». De faire ce qu’ils font. Nous acceptons d’entrer dans leur univers, de perdre ou de gagner, d’inventer, de créer, de se tromper. Dans cet univers, tout est modulable, interchangeable, possible, accessible. On peut changer les règles, changer de jeu. Mettre des LEGO dans une poêle au-dessus du feu de la kitchenette. On bouscule l’esprit de l’adulte qui ne se souvient plus que lui aussi, il y a peu, fabriquait des chaussons en papier. Faire son propre jeu, pour un enfant, est déjà un bon moment. Le partager est une autre façon de le vivre. Et voir un adulte accepter de venir le rencontrer sur ce terrain reste très motivant voire intrigant pour certains jeunes.
Pour apprendre à être avec l’autre
Suivre des règles, chacun son tour, créer ces mêmes règles, les modifier… Tout cela dépend de soi et de l’autre. On découvre les compromis, les ajustements. Les rythmes varient d’un jeu à l’autre, selon le temps que l’on a devant soi ou non. Dans l’échange, les émotions virevoltent, secouent, guident, ralentissent, perturbent. Le jeu s’adapte, il est « élastique », modulable. Il a un côté « vivant » dans ce qu’il peut évoluer. L’un et l’autre s’observent, se répondent, s’écoutent, partagent. Et l’empathie s’installe. Les stratégies, les pièges, les tactiques créent des joies, victoires et autres frustrations, que le rire efface, les caresses consolent et les autres moments partagés réparent.
>> Téléchargez : 25 cartes d’activité « Jeu du parachute »
Pour marquer des notions de temporalité, d’espace
« Où joue-t-on ? Quand ? Pendant combien de temps ? » Tout cela peut-être source de sécurité / d’anxiété, d’apprentissage, de planification. « Quelle place nous faut-il ? Peut-on finir ce jeu avant la fin de la séance ? D’après toi, combien de temps te faudra-t-il pour monter cette tour ? ». Le jeu demande une certaine planification/organisation pour que sa réalisation soit possible. La notion de cadre prend alors son sens. Il faudra placer des bases claires pour les participants afin que chacun trouve / ait sa place et que le jeu prenne vie.
Différents jeux, différentes fonctions psychomotrices
En effet, selon les jeux, les règles choisies, certaines compétences vont être stimulées ou soutenues d’un jeu à l’autre. Les psychomotriciens vont donc choisir un jeu en fonction de la compétence à soutenir par exemple. On parlera alors d’une approche « bottom up » : qui s’appuie sur une fonction psychomotrice (ex : l’équilibre ou la motricité fine). Cette approche peut être très pertinente selon les besoins et le profil de l’enfant.
Découvrez notre sélection : Parcours moteurs
Quelle différence entre le jeu chez le psychomotricien et le jeu à la maison ou à l’école ?
Le choix du jeu
Il n’est pas un hasard : il se fait en fonction des objectifs d’accompagnement de l’enfant. Ces derniers sont déterminés en début d’accompagnement, avec la famille de l’enfant et lui-même. Ils sont retravaillés, actualisés, abandonnés ou repris au fil de l’évolution, de la motivation et des besoins de l’enfant. Le matériel utilisé aura alors pour but la progression dans les différents domaines psychomoteurs qui posent des difficultés à l’enfant.
La gestion émotionnelle
C’est l’occasion de découvrir, d’accueillir l’émotion et d’apprendre à l’apprivoiser. Cela peut ainsi se faire en contexte écologique : durant un jeu. Le psychomotricien pourra observer comment l’enfant réagit à la victoire ou à l’échec, à la frustration. Il situera le niveau de connaissances des émotions par l’enfant ainsi que les liens qu’il fait avec ses ressentis corporels notamment. S’il met en place des stratégies pour les exprimer et les gérer, leur efficacité sera testée. Le psychomotricien envisagera alors de construire des ajustements avec l’enfant pour les mettre en pratique lors de nouveaux temps de jeu.
La manière d’y jouer
Si l’enfant qui joue s’amuse, il n’est pas toujours conscient de ce qu’il apprend ou peut apprendre en utilisant un matériel. Il va donc être actif dans le jeu, mais plus passif dans l’apprentissage. Alors que s’il sait exactement quel est son objectif, son exploration, ses actions seront empreintes d’une intention qui soutiendra son attention, sa mémorisation et donc, son apprentissage. On peut parler de la notion de « sens » : quel sens l’enfant met-il dans le fait d’utiliser tel ou tel support ?
Découvrez notre sélection : Jeux moteurs pour tous
La durée du jeu, l’ordre des jeux
Le psychomotricien s’adapte au rythme de la séance, aux possibilités de l’enfant (à ses compétences attentionnelles par exemple). Il faut imaginer la séance de psychomotricité comme un tout. Selon ce qui a été réalisé avant ou après le jeu, l’enfant sera plus ou moins disponible pour investir le support et il sera parfois préférable d’écourter le temps pour éventuellement reprendre sur une autre séance si nécessaire, ou bien changer de support pour renouveler l’attention de l’enfant. On passera par exemple d’une tâche cognitive à une tâche plus motrice et moins coûteuse au niveau attentionnel.
Les règles du jeu
Il arrive que le psychomotricien les modifie pour les simplifier ou les rendre plus complexes afin de s’ajuster à l’enfant : son niveau et ses besoins notamment. D’ailleurs, ce n’est pas toujours le psychomotricien qui choisit le jeu : parfois, c’est l’enfant. Dans ce cas, c’est au professionnel de faire des propositions pour que le support reste pertinent au vu des axes de travail personnel de l’enfant.
Échanger avec l’enfant sur ses apprentissages
Il est important de prévoir un temps d’échange en fin de séance avec l’enfant sur les objectifs travaillés, les stratégies mises en évidences, les essais, les erreurs et les réussites, les prises de risques, les fiertés. Ce temps vient soutenir à lui seul de nombreuses fonctions exécutives, mais aussi fixer certaines découvertes et apprentissages réalisés en séance.
Découvrez les plaques sensorimotrices.
>> Lire aussi : Idées de jeux en extérieur pour toute la famille
Vous vous interrogez encore sur le jeu en séance de psychomotricité ? N’hésitez pas à questionner votre psychomotricien pour avoir des conseils de jeux pertinents pour votre enfant, mais aussi pour savoir comment l’utiliser avec lui. Car parfois, des petits changements font toute la différence, à vous de jouer !
Merci à « l’Association psychomot lib’Hérault » pour cet éclairage.
L’association Psychomot lib’Hérault a été créée en 2010. Elle a pour objet de : fédérer les psychomotriciens de l’Hérault et des départements proches, développer un travail de réflexion sur les pratiques psychomotrices et promouvoir la psychomotricité.