Cloé Maillet est psychomotricienne depuis août 2018. Depuis septembre 2020, elle exerce son métier auprès de jeunes enfants ayant un trouble du spectre autistique au sein de deux Unités d’Enseignement Maternelle Autisme (UEMA). À travers cet article, elle vous propose de découvrir le fonctionnement de ce type d’unité d’enseignement, ainsi que le rôle d’un·e psychomotricien·ne en UEMA.

Qu’est-ce qu’une UEMA ?  

Une UEMA, c’est une unité d’enseignement maternelle autisme. C’est, comme son nom l’indique, une unité au sein d’une école maternelle qui va permettre d’accueillir des enfants âgés de 3 à 6 ans porteurs de trouble du spectre autistique (TSA). Les enfants sont rattachés à une classe de référence, où ils vont en inclusion. Le but de l’UEMA étant de pouvoir augmenter les temps d’inclusion pour que l’enfant puisse à terme intégrer un CP ordinaire, avec ou sans accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), avec ou sans dispositif ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire)Le ratio temps en UEMA/temps en classe ordinaire se calcule en fonction des capacités de l’enfant.

De manière générale, tous les enfants sont au sein du collectif-école sur les temps de récréation et de cantineEnsuite, selon les compétences de l’enfant, on va regarder s’il peut être inclus sur des temps de motricité, des temps d’apprentissage en classe… Lenseignant·e va ainsi pouvoir proposer des aménagements, élaborés en lien avec l’enseignant·e spécialisé·e et l’équipe médico-sociale, afin de permettre à l’enfant d’entrer dans des apprentissages scolaires.  

Enfants en UEMA qui jouent dehors pendant la récréation.

Au sein de l’UEMA, on retrouve différents adultes pour accompagner les enfants. Comme dit précédemmentl’UEMA est pilotée par un·e enseignant·e spécialisé·e, qui travaille en lien avec une équipe médico-sociale. Il y a donc, dans une classe UEMA :  

  • Un ou une enseignant·e spécialisé·e (pilote du projet) 
  • Du personnel éducatif (éducateutrice spécialisé·eaide médico-psychologique, accompagnant éducatif et socialmoniteur éducateur…) 
  • Un ou une psychologue  
  • Des rééducateurs (psychomotriciens·nes, orthophonistes …) 

La journée type en UEMA  

Concrètement, à quoi ressemble une journée type en UEMA ? Elle ressemble sensiblement à celle d’un enfant dans l’ordinaire ! Il y a des temps de classe, des temps de jeux, des temps d’apprentissage, des temps de récréation, des temps de cantine… Globalement, c’est le temps de classe qui va être aménagé pour les enfants avec TSA. Pour les aider à se repérer dans cette journée, on va utiliser des emplois du temps visuels, avec des pictogrammes ou des images, pour les aider à structurer le temps.  

 Le « pairing »

Au début de la journée, sur le temps d’accueil, on va avoir un moment qui s’appelle le « pairing ». C’est un temps où on va jouer avec l’enfant et lui proposer différents jeux pour créer de la relation. Ce temps va également nous permettre de trouver des objets que l’enfant affectionne et qu’on va appeler renforçateurs. Ces renforçateurs vont entre autres nous aider à amener l’enfant au travail. Chez les enfants autistes, cela peut être toute sorte d’objets : des jeux sensoriels, des boites, des objets du quotidien… Il ne faut pas hésiter à être créatif et à détourner l’utilisation première d’un objet !  

Les rituels

Ensuite, on va retrouver un temps d’accueil avec différents rituels mis en place par l’enseignant·e. Cela peut être des comptines, des jeux avec les photos des personnes présentes dans la classe, la lecture d’histoires…  

Les temps d’apprentissage

Les temps d’apprentissage sont des temps courts et structurés. On utilise différentes techniques comme l’économie de jetons, les pictogrammes, le Makaton, etc., pour faciliter la structuration du temps, la compréhension des consignes et utiliser au mieux les capacités attentionnelles de l’enfant.  

temps d'apprentissage en UEMA

Ma sélection Hop’Toys

Qu’est-ce que je fais : Un panneau pour structurer l’enchaînement d’activités ou de gestes en les présentant en 3 étapes : maintenant, après, plus tard. Il permet d’aider les utilisateurs à mieux gérer les transitions entre activités. Livré avec 32 pictogrammes Mayer Johnson. Dim. 29,5 x 21 cm. 

Time Timer moyen nouveau modèle : Le Time Timer permet de matérialiser le temps grâce à son système unique de représentation visuelle. Très simple d’utilisation : il suffit de tourner le disque rouge jusqu’à l’intervalle de temps désiré. La partie visible du disque rouge diminue au fur et à mesure que le temps s’écoule jusqu’à disparaître complètement. Il permet à l’enfant de « voir » le temps qui passe et de mieux le quantifier. Le Time Timer a sa place partout : à la maison, en classe, lors de séances de thérapie ou de rééducation. Dim. 19 x 19,2 x 3,1 cm.

Écran de concentration amovible study buddy : Cet écran pliable permet de créer de manière temporaire un espace de travail au calme, minimisant les distractions sonores et visuelles pour faciliter la concentration. Il se pose sur une table ou un bureau lorsque le besoin se fait sentir, pour aider un élève en particulier. Poignée de transport. En contreplaqué de bouleau FSC. Dim. 67,5 x 46 x 48,5 cm.

Les moments calmes et multisensoriels

Il va également y avoir des moments plus calmes, plus sensoriels, qu’on ne retrouve pas forcément dans l’ordinaire. On va alors pouvoir proposer aux enfants un espace type Snoezelen (stimulation multisensorielle), avec différentes stimulations sensorielles, qu’elles soient tactiles ou visuelles.

>> À lire aussi : « Assistante maternelle : créer un espace Snoezelen »

Ma sélection Hop’Toys

Projecteur espace-galaxie : Créez votre propre ciel étoilé à la maison ! Ce projecteur inonde votre pièce de milliers d’étoiles scintillantes au cœur d’une galaxie bleue. Le projecteur dispose d’une nouvelle technologie laser et holographique reproduisant les couleurs vertes et bleues. Un fabuleux spectacle lumineux d’étoiles et de formations nébuleuses. Assez puissant pour transformer une pièce entière en ciel étoilé ! 

Baguette fibre optique : Cette baguette présente à son extrémité une fine gerbe de fibres optiques qui s’allume en scintillant ou en changeant de couleurs selon un cycle prédéterminé. Dès 3 ans.

Colonne à bulles : Cette colonne change automatiquement de couleur selon un cycle prédéterminé. Elle est livrée avec des petits poissons multicolores nageant dans celle-ci. Captivant ! 

Les temps de rééducation

Les enfants vont également pouvoir bénéficier de séances de rééducation, avec des rééducateurs présents sur l’UEMA ou via des partenaires libéraux. Ces temps sont articulés en lien avec les temps d’apprentissage et donc avec l’enseignant·e. 

Psychomotricité et UEMA 

Le travail en séance  

Les enfants bénéficient pour la plupart de séances individuelles de 30 minutes environ. Ce temps varie en fonction de leur disponibilité et de leurs capacités d’attention.  

Pendant ces séances, on travaille les objectifs qui ont été mis en évidence lors du bilan psychomoteur et en lien avec les besoins de l’école. Le contenu de la séance va donc être construit par le psychomotricien en lien avec les objectifs de l’enseignant·e, du psychologue et de l’éducateur spécialisé.  

On dégage globalement des objectifs généraux qui sont souvent communs à tous les enfants de l’UEMA : on va travailler la motricité fine et la graphomotricité, les capacités d’attention, les fonctions exécutives, la motricité globale et la sensorialité

Développement de la motricité fine

Concernant la motricité fine, le travail va s’axer autour de l’objectif de la tenue du crayon. De manière générale, les objectifs sont directement liés aux besoins scolaires. On va donc travailler la pince fine, le tonus, le déliement digital et la précision motrice. Pour ce faire, on va essentiellement utiliser des jeux et des activités qui demandent de la précision et/ou un ajustement tonique. Au travers de ces jeux, on va également travailler de manière transversale les capacités d’attention et les fonctions exécutives.  

Les jeux utilisés par Cloé Maillet pour développer la motricité fine des enfants en UEMA.

Ma sélection Hop’Toys

Jeu de billes Fröbel : Un magnifique jeu en bois ancré dans la pédagogie Fröbel du nom de l’éducateur allemand fondateur du jardin d’enfants ! Posez les 36 grosses billes multicolores sur le plateau de manière à composer des mosaïques à plat ou en volume. Pour cela, vous pouvez utiliser la pince qui se transforme aussi en 2 cuillères. 30 fiches modèles avec progression dans la difficulté. Dès 1 an ½.

Dominos-pinces : Reprenant le principe de jeu des dominos, ce jeu invite à placer sur le plateau circulaire une mini-pince aux couleurs correspondant à la dernière pince posée. Tout en jouant, on développe la force des doigts et la finesse du geste. Dès 3 ans.

Salade colorée : Replacez les billes au bon emplacement en fonction de leur couleur. Pour cela, il faut utiliser soit ses doigts, soit une pince, soit 2 cuillères en bois ! On entraine ainsi sa motricité fine et sa coordination. Une autre variante de jeu introduit l’utilisation d’un gros dé pour sélectionner les couleurs. Un jeu en bois de grande qualité avec une mécanique de jeu très simple. Dès 2 ans.

Développement de la motricité globale

Le travail de la motricité globale peut avoir deux axes : le travail d’une possible agitation motrice, et le travail de difficultés de précision et d’ajustement motrices. Ces difficultés sont importantes à travailler au sein de l’école notamment pour les temps de récréation et les temps de motricité avec la classe d’inclusion. L’avantage de travailler dans l’école c’est qu’on va pouvoir utiliser le matériel de l’école. C’est donc également avec ce matériel que l’enfant va pratiquer la motricité avec sa classe. On va travailler en séance autour de parcours moteurs et de jeux d’équilibre essentiellement. J’ai pu détailler par exemple l’intérêt du parcours moteur dans une prise en charge en psychomotricité sur mon compte Instagram dans une vidéo IGTV.  

Ma sélection Hop’Toys

Air board : Un outil parfait pour travailler l’équilibre. Il est doté d’une surface dure reposant sur une base gonflable douce, idéale pour exercer un contrôle moteur et renforcer les muscles des chevilles, des jambes et du haut du corps. Diamètre : 39,5 cm. Dès 3 ans.

Parcours moteur build and balance : Cet ensemble permet d’innombrables combinaisons de parcours. Vous pouvez varier facilement le niveau de difficulté en fonction des étapes de développement de l’enfant. La hauteur des plateformes peut varier de 10 à 24 cm en fonction de l’appréhension de l’enfant. Le set complet comprend : 3 pylônes bas, 3 pylônes hauts, 1 pylône à inclinaison, 3 planches, 2 planches rondin, 1 planche bascule. Charge maxi 100 kg. Dès 3 ans.

Travail de la sensorialité

Le travail de la sensorialité représente une grande partie du travail du psychomotricien·neLes besoins vont être établis entre autres par le bilan sensoriel. Le travail de la sensorialité va se faire sur la recherche d’un équilibre : entre les adaptations de l’environnement et le travail des particularités sensorielles en elles-mêmes.  

Ma sélection Hop’toys

Panier de massage : Ces 8 outils permettent de réaliser des massages variés. Le lot contient 4 rouleaux texturés pour un massage profond, 2 brosses plus ou moins dures pour un toucher plus léger ou une désensibilisation tactile et 2 objets à picots pour des sensations spécifiques. Outils en bois. Dès 3 ans.

Collier de masticationCe collier est l’un des plus larges que propose la gamme Ark. Il convient aux besoins des personnes qui préfèrent mordiller avec leurs prémolaires et incisives. Idéal pour l’autostimulation et la régulation de tous ceux ayant un besoin sensoriel oral. Plusieurs résiliences disponibles : souple, moyen et dur. Dès 5 ans.

Toupie géante : Fou rire assuré dans la toupie géante ! Les enfants s’assoient dedans seuls ou à deux et font tourner la toupie en utilisant le poids de leur corps. Du coup, ils développent leur équilibre, leur coordination et leur force de manière ludique. Utilisable dans l’eau. Plastique rouge ultra résistant. Diam. 80 cm Prof. 44 cm. Charge max 60 kg. Dès 3ans. 

Le bilan psychomoteur 

Le bilan psychomoteur est essentiel en UEMA, car il permet de dégager les axes et objectifs de travail en séance, mais il permet également aux collègues de comprendre le fonctionnement psychomoteur de l’enfant. Il participe également à la construction du projet personnalisé de l’enfant.  

Une partie est réalisée en séance avec l’enfant, et l’autre partie est constituée d’un ou de plusieurs questionnaires remplis par les parents et suite aux observations du psychomotricien. Le temps de passation peut donc varier, en présentiel avec l’enfant entre 1h et 1h30 réparti sur plusieurs séances, plus un entretien avec les parents qui peut également durer entre 1h et 1h30. Par la suite, le psychomotricien va écrire un compte rendu faisant la synthèse de toutes ces observations : c’est le bilan psychomoteur. Cette rédaction peut prendre 4h comme elle peut prendre 6 h en fonction de l’enfant.  

Le psychomotricien va donc utiliser des tests étalonnés, qui permettent de comparer les capacités de l’enfant à un panel d’enfants du même âge afin de déterminer une « déviation standard » ou un degré de répercussion dans la vie quotidienne. J’utilise pour ma part le questionnaire de l’EPSA (échelle des particularités sensori-psychomotrices dans l’autisme), le profil sensoriel de Dunn ou de Bogdashina (en fonction des résultats de l’EPSA), le M-abc 2 (batterie d’évaluation du mouvement chez l’enfant), et le CharlopAtwell. Ce dernier test est un test rapide avec des épreuves simples de motricité globale, qui est assez ludique avec par exemple la marche de l’homme préhistorique qui permet d’évaluer la fluidité des mouvements et la coordination. 

On réalise également une évaluation clinique qui se base sur des observations et des exercices non talonnés, comme la somatognosie (connaissances des parties du corps) par exemple.  

Travail de supervision au sein de la classe 

En plus du travail en séance sur les axes dégagés par le bilan psychomoteur, le psychomotricien en UEMA va pouvoir avoir un rôle de supervision sur d’autres temps. Via des échanges avec les autres adultes de la classe, on va pouvoir accompagner les professionnels sur la façon d’aborder par exemple la prise du crayon, la marche sur la pointe des pieds, la posture à table…  

Ma sélection Hop’Toys

Manchon progressifs : Ce lot de 3 gros manchons permet une approche progressive accompagnant l’enfant dans l’apprentissage d’une bonne position de ses doigts lorsqu’il écrit. Tandis que le 1er manchon bloque les doigts dans une position, les 2 autres manchons permettent une transition vers de moins en moins de contrôle.

Fidgets pour pieds par 2 : Votre enfant bouge sans cesse les pieds et les jambes lorsqu’il est assis ? Alors testez notre fidget pour pieds qui s’accroche aux chaises. Que ce soit à l’école ou à la maison, les enfants pourront ainsi bouger sans déranger personne.

Accompagnement en dehors de la classe

De plus, le·a psychomotricien·ne étant présent sur les différents temps d’accueil de l’enfant à l’école, va pouvoir accompagner l’enfant pendant la récréationla cantine et la motricité en groupe classe entre autres. Via ces accompagnements, on va pouvoir travailler l’utilisation du tricycle ou d’engins roulants, le jeu avec les pairs, la tenue des couverts, le respect des consignes en groupe, etc.

Le travail du psychomotricien en UEMA est donc très riche et prends une forme particulière. Le psychomotricien travaille en pluridisciplinarité et en lien constant avec les autres membres de l’équipe pédagogique et médico-sociale. Ses interventions ne se résument pas à des séances individuelles et sensori-motrices, mais son champ d’action s’étend de la passation de bilan à la supervision d’équipe, en passant par la prise en charge de groupes et l’accompagnement sur des temps de vie.


Je m’appelle Cloé Maillet, j’ai 24 ans et je suis psychomotricienne depuis aout 2018. La psychomotricité est pour moi un métier de passion, que je souhaite exercer depuis de longues années. J’ai commencé dans un SESSAD (service d’éducation et de soins spécialisés à domicile) pendant 2 ans. Ce SESSAD ayant entre autres un agrément TSA (trouble du spectre autistique), j’ai appris le métier de psychomotricien auprès de ce public. Quand l’occasion s’est présentée à moi en septembre 2020, j’ai donc changé de poste pour venir dans deux UEMA (unité d’enseignement maternelle autisme), travailler auprès d’un public plus jeune et porteur de trouble du spectre autistique.

J’ai créé en 2018 mon compte Instagram : @cloe_psychomot, sur lequel je partage essentiellement des idées de jeux et d’adaptations à faire à la maison pour travailler différents domaines psychomoteurs.

Mathilde est coordonnatrice Tiers-Lieu chez Hop'Toys et rédactrice sur ce blog.

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