Découvrez notre article sur les Violences Éducatives Ordinaires (VEO). Certaines paroles et gestes, lorsqu’interprétés par un enfant, peuvent être perçus comme violents. Les VEO englobent des actes physiques (tapes, fessées, tirer les bras ou les oreilles…), psychologiques (menaces, chantage, moqueries, humiliations, amour conditionnel…) et des négligences (privation de repas, négligence des émotions et besoins de l’enfant…). En prenant du recul sur les situations à l’origine de ces violences éducatives, en analysant nos réactions face aux comportements jugés inappropriés de nos enfants, et en faisant preuve d’empathie, nous pouvons éliminer définitivement les VEO de notre vie. Découvrez nos conseils ici pour agir ensemble.
Devenir parent, c’est souvent le premier moment dans notre vie où nous devons réfléchir sérieusement à la manière dont nos paroles et nos actions peuvent avoir un impact puissant sur un autre être humain. C’est une grosse responsabilité : transformer un bébé qui ne comprend pas le monde en un adulte capable d’apporter une contribution positive à la société.
La transmission intergénérationnelle du modèle éducatif
Beaucoup de parents, n’ayant pas de « mode d’emploi » livré avec leur enfant, vont reproduire, plus ou moins consciemment, l’éducation qu’ils ont eux-mêmes reçue.
J’ai pris des fessées quand j’étais plus jeune, et je n’en suis pas morte… ! Au contraire, je suis droit dans mes bottes désormais !
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Vous souvenez-vous des fois où vous vous faisiez gronder par vos parents, de leurs paroles ? Ne vous êtes-vous jamais entendu redire à votre enfant, parfois mot pour mot, ce que vous entendiez alors ? Eh oui, notre éducation conditionne beaucoup nos réponses et notre comportement envers nos enfants.
Il n’y a rien d’anormal à réagir de manière émotionnelle, par réflexe, à une situation émotionnelle. Nous sommes des êtres humains, et nous avons mécanisé tout un répertoire de réponses face à des situations données. Inconsciemment, une partie de notre cerveau interprète notre environnement et crée des associations. Ce réseau d’associations pourrait fonctionner de la manière suivante : répondre = manquer de respect = crier. Un jour, après une journée de travail fatigante, notre enfant ne va pas dans notre sens et « répond ». Sans réfléchir, on estime qu’il nous manque de respect et qu’il est insolent, alors on crie après notre enfant, souvent avec les mêmes mots que nos parents…
Violences éducatives : le résultat d’un schéma éducatif
Cette tendance à reproduire l’approche de nos parents pour nous élever est ce que les chercheurs ont appelé « la transmission intergénérationnelle du modèle éducatif ». Il n’y a rien d’anormal à avoir recours à des pratiques que nous avons observées, expérimentées lorsque nous étions plus jeunes. Cependant, ce n’est pas parce que l’être humain a cette tendance à reproduire ce qu’il a vécu ou observé qu’il ne peut faire appel à son cerveau supérieur pour contrôler cette tendance.
Mais alors, comment réagir face aux comportements non adaptés de notre enfant ? Comment ne pas reproduire ces schémas ? Nous avons réalisé une infographie dans laquelle nous proposons, face à des situations courantes du quotidien avec un enfant, des réponses alternatives et positives. Un bon moyen pour nous aider à nous débarrasser de ces mécanismes souvent hérités de notre propre éducation.
Des actes, des réponses parentales, qui, si nous y réfléchissons deux minutes, nous faisaient souffrir ou nous blessaient lorsque nous étions enfants. En repensant à l’enfant que nous étions, en faisant preuve d’empathie envers lui, nous pouvons parvenir plus facilement à abandonner ces violences éducatives.
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Violences éducatives : quelles sont les alternatives ?
Lorsque l’enfant tape
Lorsque nous tapons, frappons, giflons ou donnons une fessée à un enfant, nous lui enseignons que la violence est un moyen acceptable de régler les différends. Le cerveau de l’enfant comprend également que les plus grands sont autorisés à frapper les plus petits, et que les plus petits ne sont pas autorisés à riposter, autrement dit à devenir des « victimes ». Les jeunes enfants sont dans un schéma d’imitation du comportement des adultes. Un parent qui tape son enfant pour le punir d’avoir tapé quelqu’un est totalement incohérent, en plus d’être contre-productif.
Les enfants qui subissent des VEO se sentent blessés, humiliés, en colère et impuissants. Pour tenter de reconstruire leur estime de soi, ils rechercheront une personne plus faible qu’eux et le harcèleront ou le taperont à leur tour. Les témoins de ces violences entre enfants diront : « Ce dont ce petit tyran a besoin, c’est d’une bonne fessée ». Le problème est que c’est probablement exactement ce qu’il reçoit déjà…
Comment réagir ?
Si l’enfant est petit, on stoppera le geste en lui indiquant que la main est faite pour faire des « tout doux », en associant la parole au geste. Son manque de coordination motrice et le fait qu’il ne sache pas encore mesurer sa force (ou au contraire qu’il essaie de la jauger en appréciant les réactions qui émanent de son geste) ne lui permettent pas de comprendre que son geste initial n’est pas adapté. Au fur et à mesure que vous lui répéterez, l’enfant intégrera que l’on ne doit pas taper. Cela prendra peut-être plus de temps que vous l’espériez, mais il faut que l’enfant puisse intégrer ce processus.
Si l’enfant est plus grand et mesure la portée de son acte, il faudra alors plutôt chercher à comprendre ce qui l’a mis dans une si grande colère qu’il en arrive à ce geste.
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Lorsque l’enfant fait un « caprice »
Et si on vous disait que les caprices n’existent pas ? Effectivement, c’est un mot de parent, d’adulte, qui sert à mettre un nom sur une situation que nous ne comprenons pas chez l’enfant.
Derrière chaque « caprice », se cache un besoin.
Le cerveau d’un petit-enfant est immature et avant l’âge de 5 ans, c’est le cerveau archaïque et émotionnel qui domine. Même lorsque vous demandez à l’enfant de se calmer, il continue à crier, et va parfois jusqu’à se rouler par terre ! Sachez que ce n’est pas parce qu’il ne veut pas se raisonner qu’il agit ainsi, c’est simplement qu’il ne le peut pas, car son cerveau ne le lui permet pas. Ses émotions le submergent ; il n’est pas en mesure de les maitriser !
Comment réagir ?
Une scène que beaucoup de parents redoutent est celle d’un jeune enfant contrarié qui commence à faire une crise en public. Les magasins par exemple regorgent de produits que les enfants peuvent désirer, mais ne peuvent avoir. Les bonbons et autres tentations sont souvent placés de manière stratégique lorsque les clients font la queue à la caisse, à un moment où les tout-petits peuvent être fatigués, agités et stressés. Ils peuvent commencer à chercher des barres de chocolat, des bonbons et à pleurer s’ils n’ont pas ce qu’ils souhaitent. Nous-mêmes, en tant qu’adultes, sommes surstimulés en permanence dans les grands magasins afin de générer des comportements d’achats compulsifs ! Imaginez ce que peut être la gestion de telles tentations pour un enfant en plein apprentissage de ses émotions… !
Donc, si votre tout-petit a un « effondrement » au supermarché et que vous vous sentez horriblement gêné·e, il est utile de vous rappeler que la santé émotionnelle de votre enfant est plus importante que les regards désapprobateurs que vous pourriez recevoir de la part de personnes non informées. Il est important de ne pas frapper, crier, négocier, ou punir votre enfant. Restez calme, et dès que vous le pouvez, emmenez-le dans un endroit plus adapté. L’environnement de l’hypermarché ou des grands magasins n’étant pas favorable aux enfants, essayez autant que possible de limiter les sorties avec eux dans ces lieux.
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Et vous, quels seraient vos conseils pour apprendre à relativiser cette colère qui monte en vous ? Retrouvez nos autres conseils dans notre prochaine série sur les alternatives aux violences éducatives ordinaires.
Infographie - Les 9 alternatives aux VEO
Infographie à télécharger et à imprimer sur 3 feuilles A4.
Article publié le 30 avril 2020, mis à jour le 02 octobre 2023