En cette étrange période, nos enfants auront connu bien des changements ! En mars, tout leur quotidien avait été bouleversé par le confinement. Au moment du déconfinement, c’était de nouveaux changements qui les attendaient : être à nouveau autorisés à faire certaines choses… mais pas tout à fait comme avant, retrouver ses copains, mais sans pouvoir les approcher de trop près, retourner éventuellement en collectivité, mais pas dans la même classe ou avec le même adulte référent, etc. Et maintenant, ils doivent à nouveau s’adapter à des protocoles sanitaires plus strictes, notamment avec l’obligation de porter le masque dès l’école primaire. En ce moment, comme en d’autres temps, comment aider les enfants à développer leur capacité d’adaptation, tout particulièrement dans le cas d’enfants ayant des besoins spécifiques, des TSA et donc un encore plus fort besoin de repères ? Éléments de réponse dans cet article.
En parler
Le changement fait partie de la vie
Le premier conseil à donner, même s’il semble tout bête, est de les préparer au changement. Comment ? D’abord en aidant ses enfants à comprendre que le changement fait partie de la vie ! L’enfance elle-même en est semée ! Arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur, séparation, décès, déménagement, changement d’école ou d’établissement, mais aussi plus simplement changement d’heure, de classe ou encore modifications de son corps à la puberté… Le changement fait partie de la vie ! C’est comme ça que l’on avance et qu’on peut faire tant de choses différentes, nouvelles, enrichissantes. Notre adaptabilité est une compétence essentielle pour devenir autonome, nous construire, savoir répondre aux nouveaux challenges d’un monde et d’une époque où le changement est constant et rapide.
Ce caractère intrinsèquement évolutif de la vie peut faire l’objet d’une petite discussion « philo » avec eux. Montrez à vos enfants des photos d’eux tout petits et remarquez avec eux à quel point ils ont changé, tout ce qu’ils ont appris, faisaient et ne font plus, etc ! Invitez-les à repenser à tous les changements positifs qui ont déjà eu lieu dans leur vie, même lorsque ceux-ci avaient pu les effrayer au départ.
Ne pas nier l’appréhension légitime
Le changement peut faire peur, c’est normal puisqu’il ouvre sur l’inconnu. Reconnaissez les émotions négatives éventuelles de votre enfant face à une nouvelle situation qui se profile, n’hésitez pas à lui confier que vous aussi, enfant, vous aviez eu peur de tel ou tel changement. L’annonce d’un déménagement par exemple va rarement faire sauter un enfant au plafond ! Les habitudes, les routines apportent aux enfants (comme aux adultes d’ailleurs) un sentiment de sécurité. Ces habitudes créent une zone de confort… dont nous devons accepter de sortir pour pouvoir avancer.
Que le changement soit envisagé positivement ou non, invitez votre enfant à exprimer ce qu’il ressent face à celui-ci : crainte, inconfort, stress, colère, détresse, joie, excitation… ? Il se peut que ce changement soit perçu comme une épreuve, un obstacle. Qu’est-ce qui nous aide dans la vie à surmonter les obstacles ? La confiance en soi, en sa famille, la détermination, la persévérance, la résilience, l’optimisme… Avec un enfant effrayé par le changement, ce sont donc ces sentiments liés qu’il va falloir « travailler ».
Pourquoi ne pas faire avec votre enfant un tableau de « ça fait peur / ça fait envie ? » « ce n’est pas bien parce que / ce sera bien parce que », autrement dit mettant côte à côté les aspects négatifs et positifs de ce changement. Ce sera là une bonne manière de reconnaître leur droit à être effrayé, contrarié tout en les aidant à y voir tout de même le positif, les amenant progressivement vers une attitude de plus en plus ouverte et positive. Et de comprendre que dans la vie, les choses sont rarement toutes blanches ou toutes noires ! Un premier pas vers la résilience.
>> Lire aussi : Construire la confiance et l’estime de soi à tout âge
Les 5 étapes du changement
Mais qu’en est-il lorsqu’un changement imprévu survient ? L’auteure Constance Lamarche définit ainsi les 5 étapes traversées dans ce cas
- Un choc se produit.
- La personne ne veut pas croire que cet événement a eu lieu.
- Elle éprouve des sentiments de détresse et de vulnérabilité.
- Elle se rend compte qu’elle peut s’adapter (adaptation) pour exercer un contrôle sur sa vie. Certaines personnes résistent à s’adapter (inadaptation) parce qu’elles ne peuvent pas vaincre la détresse. Celle-ci nuit au processus d’adaptation. L’adaptation mène à une nouvelle réalité tandis que l’inadaptation occasionne des difficultés à fonctionner dans la vie de tous les jours.
- La personne qui s’est adaptée subit une réorganisation de sa vie qui lui permet d’atteindre un nouvel un équilibre.
À quelle étape l’enfant en est-il face à ce changement ? L’a-t-il accepté ou en est-il encore à le nier ? Commence-t-il à comprendre qu’il va pouvoir s’y faire ?
Renforcer son « sentiment de compétence »
Que le changement soit annoncé ou brutal : rassurez votre enfant sur sa capacité à s’adapter. Cette croyance en ses capacités, ce sentiment de compétence est un des fondements de la confiance en soi, confiance en soi qui est absolument indispensable pour faire face à un changement. Dites-lui que vous, vous l’en croyez tout à fait capable, car il vous a déjà prouvé dans le passé qu’il était capable de relever des défis, d’atteindre des objectifs. Et que vous serez là pour l’accompagner ! Demandez-lui aussi ce qui pourrait le rassurer, l’aider. Vous-même, proposez-lui des appuis !
Certaines personnes sont plus ouvertes au changement que d’autres et vont passer plus rapidement certaines de ces étapes. Il peut y avoir une raison à cela. Les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme ou cognitifs vont être particulièrement sensibles aux changements. Là encore, il s’agira de ne pas nier cette difficulté, mais bien au contraire d’essayer d’y répondre, concrètement. Ce qu’on pourra mettre en place avec celles-ci sera d’ailleurs (comme toujours) bénéfique pour tous. (Voir plus loin : Les outils qui aident).
Recréer des repères
Tout changement doit amener une réorganisation.
On ne peut pas demander à un enfant d’abandonner tous ses repères sans lui permettre d’en retrouver aussitôt dans la situation nouvelle. Repensons à ce que nous avons fait au commencement du confinement, lorsque les enfants se sont retrouvés à la maison et que tous leurs repères ont volé en éclats. Que nous ont conseillé tous les psychologues ? De (re)créer des repères ! Un emploi du temps, une charte du confinement, des habitudes ! Quel que soit le changement auquel l’enfant va devoir s’adapter, ne le laissez pas dans le flou. Reposez très précisément un cadre, la manière dont les choses vont se passer désormais. N’oubliez pas que c’est l’inconnu qui effraie.
Susciter l’envie
Que vous déménagiez ou partiez en vacances, documentez vous sur ce nouvel endroit. Montrez-en des images, des vidéos à votre enfant. Dans le cas d’un déménagement, explorez si possible votre nouvelle ville ou nouveau quartier avant d’y emménager. Remarquez ce qui a l’air sympa et même mieux, repérez les endroits qui vont très vite vous devenir familiers et dites à votre enfant que bientôt cet endroit sera le nôtre, dès qu’on y aura vécu des choses, dès qu’on s’y sera fait des souvenirs et qu’il ne nous paraîtra plus du tout impressionnant ou étranger mais au contraire très rassurant. Essayez de créer l’envie, l’impatience en faisant participer l’enfant aux préparations de ce changement. Il se sentira dès lors moins « victime » de la situation.
Apporter des aides
Nous avons parlé des sentiments à travailler, à renforcer pour aider l’enfant à accepter un changement lorsque celui-ci est perçu comme une épreuve : la confiance en soi et en l’autre, la positivité, la résilience.
Plus prosaïquement, certains outils vont également aider l’enfant à surmonter ce changement. Avec les enfants porteurs de TSA ou troubles cognitifs, il sera indispensable de créer de nouvelles routines qui détailleront clairement, à l’aide de pictogrammes notamment, comment vont se dérouler les choses. Avant cela, il faudra aussi leur apporter des supports concrets pour leur permettre d’extérioriser leurs émotions.
Exprimer ses émotions
Idéo Roue de secours : une roue pivotante recto verso pour aider l’enfant à gérer ses émotions et trouver lui-même une solution. Le côté rouge contient 8 émotions et le côté bleu contient 8 solutions gagnantes. Idéal pour les enfants ayant des difficultés au niveau de la gestion des émotions.
La roue des émotions : cette roue permet d’aider enfants et adultes à prendre conscience de ce qu’ils ressentent (météo intérieure, sensations physiques…), à mettre des mots sur les émotions qui y correspondent et à exprimer ce dont ils ont besoin pour y répondre.
Se préparer…
Planificateur journée : Que vais-je faire aujourd’hui ? Ce support permet de répondre à cette question en proposant une visualisation du jour de la semaine et du lieu où la personne se trouve et de ce qu’elle doit emporter avec elle. Livré avec 5 pictogrammes Mayer Johnson de lieux, 7 jours de la semaine et 11 pictogrammes d’objets du quotidien.
Planning de la semaine : ce planning, coordonné avec les horloges Synopte, est pratique et facile à utiliser. Il se présente sous la forme d’un tableau magnétique, sans vitre, et s’utilise avec de petits pictogrammes permettant d’indiquer quelles activités vont avoir lieu tel ou tel jour de la semaine.
Des pictogrammes pour se faire au changement
Idéo – jeu essentiel : un incontournable pour bien structurer les journées bien remplies. Du matin à l’heure du coucher, l’enfant parviendra à accomplir tous les petits et grands défis du quotidien de façon plus autonome. Idéal pour tous les enfants, plus particulièrement pour ceux ayant un trouble au niveau de la communication et de la compréhension. Génial pour les parents qui désirent instaurer une routine sécurisante.
Animate – puberté et sexualité : s’il y a bien un changement difficile à aborder, en particulier avec des adolescents non verbaux, c’est celui de la puberté, de la sexualité. Alors pour aider les plus grands à comprendre ces changements qui s’opèrent dans leur corps, on s’appuie sur les pictogrammes spécialement conçus pour le bonhomme Animate, un très rare outil sur cette thématique. 11 pictogrammes, figurine non incluse.
>> Lire aussi : Idéo, des pictogrammes pour apprendre à grandir
Quel que soit le changement auquel doit faire face votre enfant et la manière plus ou moins bonne dont il l’aborde, n’oubliez jamais que si les enfants ont souvent peur du changement, ils ont paradoxalement une capacité phénoménale d’adaptation qui nous épate bien souvent. Vous avez des témoignages ou des conseils à apporter sur le sujet ? N’hésitez pas à les partager en commentaires !
Sources :
Facilité à s’adapter – Centre FORA
Article publié le 12 mai 2020, mis à jour le 2 novembre 2020